Bernardino Fungai (Sienne, 1460 – 1516)
Madonna col Bambino, Santa Maria Maddalena e Sant’Antonio Abate (Vierge à l’Enfant, sainte Marie Madeleine et saint Antoine Abbé)
Tempera sur panneau, 64 x 44 cm.
Provenance : ?
Sienne, Pinacoteca Nazionale.
Cesare Brandi [1]BRANDI 1933, p. 79., dans le catalogue de la Regia Pinacoteca di Siena, ancêtre de l’actuelle Pinacoteca Nazionale, a signalé les influences du Florentin Lorenzo di Credi [2]Lorenzo di Credi (Florence, v. 1459 – 1537) : peintre. Formé dans l’atelier de Verrocchio (1435 – 1488), il put connaître et fréquenter quelques unes des figures les plus remarquables de la scène artistique de son époque parmi lesquelles Pérugin, Botticelli, Vinci. Mais contrairement à ces derniers, il resta toujours fidèle à l’esprit de cet atelier, à l’instar de … Poursuivre sur Bernardino Fungai, laquelle se fait particulièrement ressentir dans cette délicate Madonna col Bambino.
Tout, dans cette œuvre, indique une commande, ou du moins, un usage privé. Son petit format, bien entendu, mais aussi la composition qui enserre les personnages dans ce format et, du même coup, les rapproche du regard de celui qui contemple l’image de près. Parmi ces différents personnages, au centre, apparaissent la Vierge en prière (fig. 1) devant l’Enfant divin (fig. 2) qu’elle porte sur ses genoux. Celui-ci est représenté dans une position instable (il risquerait de tomber des genoux de sa mère s’il n’était retenu par un pli profond de son manteau). Il n’est impossible de voir dans cette position dangereuses une allusion à la Passion. Un voile parfaitement transparent souligne plus qu’il ne cache sa nudité, et s’il la souligne, c’est qu’il importe que la nature humaine et, à proprement parler, masculine de cet Enfant puisse être constatée. Il joue avec une rose blanche du type, dit-on, de celles qui fleurissent dans le Paradis où sa Mère est destinée à régner, et dont la signification la plus courante renvoie à la pureté, à la virginité et à la beauté de la Vierge. [3]Dans la Perse antique, la beauté d’une rose aurait envoûté un rossignol au point qu’il vînt se blesser sur ses épines, poussé par un élan d’amour passionné pour la fleur réputée la plus belle de toutes. Tant il est vai que la valeur symbolique conférée à la rose est fréquente dans les légendes. L’une de ces légendes, originaire de Gascogne, rapporte que la Vierge … Poursuivre
Deux autres figures sont présentes au second plan de l’image et ont vocation à satisfaire à la dévotion particulière du commanditaire. Marie Madeleine (fig. 1), la pécheresse repentie et pardonnée, porte le pot d’onguent qui l’identifie à tous coups. Antoine le Grand, père du monachisme, à l’expression grave, brandit (fig. 2) le “tau”, sorte de béquille en forme de “T” dont il ne se départit pour ainsi dire jamais. La somme de tout cela est une charmante image, propre à servir de support visuel pour soutenir la méditation du croyant, et pour satisfaire au plaisir de l’expérience esthétique de tous les autres.
Notes
1↑ | BRANDI 1933, p. 79. |
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2↑ | Lorenzo di Credi (Florence, v. 1459 – 1537) : peintre. Formé dans l’atelier de Verrocchio (1435 – 1488), il put connaître et fréquenter quelques unes des figures les plus remarquables de la scène artistique de son époque parmi lesquelles Pérugin, Botticelli, Vinci. Mais contrairement à ces derniers, il resta toujours fidèle à l’esprit de cet atelier, à l’instar de Michelozzo et Donatello avant lui. |
3↑ | Dans la Perse antique, la beauté d’une rose aurait envoûté un rossignol au point qu’il vînt se blesser sur ses épines, poussé par un élan d’amour passionné pour la fleur réputée la plus belle de toutes. Tant il est vai que la valeur symbolique conférée à la rose est fréquente dans les légendes. L’une de ces légendes, originaire de Gascogne, rapporte que la Vierge Marie, qui cultivait des roses rouges, vînt un beau jour à manquer d’eau pour les entretenir. Ses voisins lui en apportèrent afin de remédier au problème. Mais Joseph, qui était malade ce jour-là fut amené à boire l’eau destinée aux rosiers. Les roses commencèrent à flétrir et, dit-on, « la menace d’une mort proche rendait l’enfant Jésus très malheureux. Marie eu alors l’idée de verser une goutte de lait sur les pétales délicats de ses roses, qui au contact du lait, reprirent vie instantanément et se transformèrent en roses blanches. » Quoi qu’il en soit, nous retiendrons que le choix de la fleur avec laquelle joue ici Jésus ne relève aucunement du hasard. Pas plus que celui du collier de coraux qu’il porte autour du cou, et que l’iconographie la plus courante associe à la Passion. |
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