‘Il Sodoma’, “Invio delle male femmine al monastero”

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Giovanni Antonio Bazzi, dit ‘Il Sodoma’ (Vercelli, 1477 – Sienne, 1549)

Invio delle male femmine al monastero (Envoi de femmes de mauvaise vie au monastère), 1505-1508.

Fresque

Inscription (sous la fresque) :

  • “COME FIORENZO MANDA MALE FEMMINE AL MONASTERO” [1] 

Provenance : In situ

Chiusure (Asciano), Abbazia di Monte Oliveto Maggiore, Cloître principal.

Après son précédent échec dans la tentative de faire mourir Benoît, Fiorenzo ne renonce pas à lui nuire en tentant de le corrompre, lui et ses disciples, en envoyant sept jeunes et jolies demoiselles [2] se promener dans le jardin du couvent …

Benedetto décide quitter le monastère avec les siens.

C’est la scène la plus célèbre de l’histoire bien que seul un autre monastère bénédictin, celui de Passignano, aient fait le choix de la représenter, tant il est vrai que le sujet n’est pas particulièrement aisé à faire figurer dans un couvent. Vasari, à ce propos, a noté que dans un premier temps, Sodoma avait représenté les jeunes femmes entièrement nues [3], fidèle en cela à la lettre du texte de Grégoire le Grand qui précise la nature et la tenue des visiteuses du couvent : “nudas septem puellas”. Cinq des “sept demoiselles” ont effectivement entrepris de danser, tandis que les deux autres, un peu en arrière, habillées plus strictement que les précédentes, affichent également un air plus réservé (comme par une antithèse de l’amour pur et de l’amour charnel ?).

Penché sur la balustrade qui enserre une terrasse au premier étage, Benoît manifeste avec effarement son indignation devant la situation scandaleuse créée Fiorenzo.

Le voici à nouveau, en bas à gauche, accompagné cette fois-ci du petit groupe compact formé autour d’une mule, qui s’apprête à quitter les lieux devenus mal famés.

[1] “Comment Fiorenzo envoie des femmes de mauvaise vie au monastère”. L’épisode est relaté dans le Livre II des Dialogues, chapitre 9 :

“Or le vénérable Père voyant que ce prêtre brûlait dans son cœur du désir d’attenter à sa vie en éprouva une grande peine, plus pour celui-ci d’ailleurs que pour lui-même. Mais ledit Florent, voyant qu’il ne pouvait supprimer physiquement le Maître, s’enflamma du désir d’éteindre la vie dans l’âme de ses disciples : c’est ainsi que dans le jardin de la cellule où résidait Benoît, il leur mit sous les yeux sept filles nues chargées de faire une grande farandole en se tenant la main, allumant ainsi dans leur cœur un désir pervers.

Ce que voyant depuis la cellule, et redoutant la chute de ses disciples dont l’âge était encore tendre, comprenant bien d’autre part que tout cela n’était fait que dans le seul but de le persécuter, lui, il céda à une telle jalousie, mit en ordre tous les oratoires qu’il avait bâtis en les plaçant sous l’autorité d’un Prieur et en y adjoignant des frères, puis en prenant avec lui un petit nombre de moines, il changea son lieu de résidence.”

D’après http://www.abbayes.fr/lectio/Vie_Benoit/Introduction.htmn, consulté le 5 février 2020 et CAVALCA, Domenico, Volgarizzamento del Dialogo di San Gregorio, reproduit dans Enzo Carli, Le storie di San Benedetto a Monte Oliveto Maggiore. Cinisello Balsamo (Milano), 1980, pp. 161-180.

[2] Le texte précise leur nombre mais aussi le fait qu’elles sont nues et qu’elles entreprennent de danser lascivement … Pour dire les choses crûment, il s’agit de jeunes prostituées.

[3] Enzo Carli (CARLI 1980, p. 90) indique cependant qu’aucun examen technique n’a permis de confirmer l’anecdote rapportée par Vasari.