Luca Signorelli, “Benedetto scopre la finzione di Totila”

img_5968
img_5969

Luca Signorelli (Cortone, vers 1450 – 1523)

Benedetto discopre la finzione di Totila (Benoît dévoile la ruse de Totila), 1505-1508.

Fresque

Inscription (sous la fresque) :

  • “COME BENEDETTO DISCOPRE LA FINZIONE DI TOTILA” [1]“Comment Benoît découvre la ruse de Totila”. L’épisode est relaté au chapitre 16 du Livre II des Dialogues : “Voici donc : A l’époque des Goths, comme leur roi Totila entendait dire que le saint homme avait l’esprit de prophétie, il se rendit au monastère, mais s’arrêtant assez loin de là, il fit annoncer son arrivée. Sans plus tarder, du … Poursuivre

    Provenance : In situ

    Chiusdino (Asciano), Abbazia di Monte Oliveto Maggiore, Cloître principal.

    Totila, roi ostrogoth d’Italie, se rendant à la conquête de Naples (il prendra la ville en 543), s’est arrêté à proximité de Montecassino [2]Le mont Cassin est une colline culminant à 516 mètres d’altitude, située dans la région du Latium. Vers 530, Benoît de Nursie y fonda l’abbaye où il rédigea une règle appelée à devenir la règle de saint Benoît. où il a installé son campement guerrier. De là, il a fait savoir à Benoît qu’il souhaitait lui rendre visite. Totila a cependant préparé une feinte visant à éprouver la clairvoyance et la divination devenues légendaires, du saint homme qui communique avec Dieu.

    A cet effet, il a mandé auprès de Benoît un certain Riggo, son écuyer, qu’il a fait revêtir de sa propre armure pour tente de tromper le Saint. Peine perdue : voici Riggo, agenouillé au premier plan devant Benoît qui n’a pas même pris la peine de se lever pour l’accueillir, et qui pointe un doigt accusateur en direction du complice de cette supercherie. Celui-ci lève les deux bras au ciel au moment où Benoît a découvert le pot-aux-roses. Tandis que le petit groupe de moines accoutumés aux prodiges accomplis par leur Abbé expriment peu d’émotion devant le miracle, l’agitation semble s’être emparée des barbares. Dans le contraste qui s’ensuit, l’homogénéité de ce groupe aux silhouettes marmoréennes vient mettre en relief la turbulence des membres de l’escorte que les couleurs vives et brillantes de leurs tenues militaires renforcent à leur tour.

    A l’arrière-plan d’une scène qui, divisée en deux parties horizontales, occupe toute la largeur de la fresque, Riggo est venu rendre compte à Tottila de sa visite à Benoît, et de l’accueil qu’il a reçu de sa part. Dans un camp de tentes surmontées de leurs pavillons, l’écuyer a mis un genou en terre devant son roi. On retrouve à ses côtés le vieux sage déjà présent près de lui au premier-plan, auquel font pendant deux conseillers barbus représentés en conciliabule derrière le roi. La scène située dans un camp de retranchement caractéristique du Cinquecento donne à voir quantité de personnages dont les mouvements, les attitudes et les expressions sont mises en scène non sans une certaine affectation qui est aussi la marque de Signorelli.

    Notes

    Notes
    1 “Comment Benoît découvre la ruse de Totila”. L’épisode est relaté au chapitre 16 du Livre II des Dialogues :

    “Voici donc : A l’époque des Goths, comme leur roi Totila entendait dire que le saint homme avait l’esprit de prophétie, il se rendit au monastère, mais s’arrêtant assez loin de là, il fit annoncer son arrivée. Sans plus tarder, du monastère, on lui fit dire de venir, mais comme il avait un esprit retors, il voulut sonder l’homme de Dieu pour voir s’il avait l’esprit de prophétie ou non. Or l’un de ses gardes du corps s’appelait Riggo : il lui donna ses chausses, lui fit endosser des habits royaux, et comme si c’était lui en personne, il lui donna l’ordre de se rendre auprès de l’homme de Dieu comme s’il était le roi. Comme escorte d’honneur, il envoya des hommes qui faisaient habituellement partie de son entourage le plus proche, à savoir trois comtes, Vult, Ruderic et Blidin, afin de marcher à ses côtés devant les yeux du serviteur de Dieu et lui faire croire que c’était lui, le roi Totila. Il lui donna encore d’autres insignes honorifiques ainsi que des hommes d’armes ; de la sorte, tant par les hommages que par les vêtements de pourpre, on serait amené à penser qu’il était le roi.

    “Alors donc que ce même Riggo, paré de ces vêtements et accompagné de ces marques d’honneur à profusion, entrait dans le monastère, l’homme de Dieu siégeait sur une éminence à distance. Le voyant venir, dès qu’il put se faire entendre, il s’écria : ‘Dépose donc mon fils ! Dépose ce que tu portes ! Ce n’est pas à toi.’ Lequel Riggo tomba incontinent à terre, effrayé d’avoir osé se moquer d’un si grand homme et tous ceux qui l’avaient accompagné chez l’homme de Dieu se retrouvèrent à terre, épouvantés. Lors donc qu’ils se relevèrent, ils n’osèrent plus du tout s’approcher de lui mais ils revinrent auprès de leur roi et lui racontèrent en tremblant avec quelle rapidité ils avaient été découverts.” D’après http://www.abbayes.fr/lectio/Vie_Benoit/Introduction.htmn, consulté le 7 février 2020, et CAVALCA, Domenico, Volgarizzamento del Dialogo di San Gregorioreproduit dans CARLO, Enzo, Le storie di San Benedetto a Monte Oliveto Maggiore. Cinisello Balsamo (Milano), 1980, pp. 161-180.

    2 Le mont Cassin est une colline culminant à 516 mètres d’altitude, située dans la région du Latium. Vers 530, Benoît de Nursie y fonda l’abbaye où il rédigea une règle appelée à devenir la règle de saint Benoît.