Fra Giovanni da Verona, “Coro dei monaci”

Fra Giovanni da Verona (Vérone, v. 1457 – 1525)

Coro dei monaci (Chœur des moines), 1503 – 1505.

Bois sculpté et marqueté.

Provenance : In situ.

Chiusure (Asciano), Abbazia di Monte Oliveto Maggiore, Cattedrale della Natività di Maria.

Le chœur d’origine a été commandé par l’abbé Tommaso Pallavicini de Milan immédiatement après son élection au généralat (1er mai 1503) à Fra Giovanni de Vérone qui l’a terminé en deux ans. Suite aux suppressions napoléoniennes, trente-huit incrustations ont été retirées pour être insérées dans le chœur de la cathédrale de Sienne. En 1820, cependant, les moines y firent porter ici-même les incrustations que Fra Giovanni da Verona avait exécutées en 1511-12 et 1515-16 pour le chœur de l’église du couvent olivétain supprimé de San Benedetto fuori [1]Fuori : À l’extérieur de. Porta Tufi à Sienne. Ces marqueteries ont été adaptées au chœur olivétain par l’ébéniste Venanzio Baroni de Buonconvento.

Dans un entretien autour d’une exposition itinérante consacrée à l’œuvre de Fra Giovanni da Verona [2]« Tessere la Tua lode. Le opere lignee di fra’ Giovanni da Verona in Santa Maria in Organo » (2017)., à la question : « Comment Fra Giovanni interprète-t-il et traduit-il le Ora et labora [3]Ora et labora (fr. : « prie et travaille » ; le dictionnaire de Latin-Francais de Félix Gaffiot, précise que laborare signifie à la fois “travailler, prendre de la peine, se donner du mal”.) : devise avec laquelle la tradition bénédictine résume l’esprit des prescriptions relatives au travail et à la prière faites par Benoît de Nursie aux moines … Poursuivre propre à la Règle de Saint Benoit ? [4]« Intervista a don Giovanni Brizzi monaco benedettino olivetano studioso di fra’ Giovanni da Verona », dans https://www.rivela.org/media/8681495567830.pdf). », Giovanni Brizzi, lui-même moine bénédictin et spécialiste de l’œuvre de Fra Giovanni da Verona, formule la réponse éclairante qui suit :

« Dans ses travaux sur bois, le moine artiste a représenté les moments les plus saillants de son existence quotidienne. Le svegliatore monastico [5]Au Moyen Âge, en Italie, Svegliarino ou Svegliatore Monastico était le nom donné à l’horloge qui sonnait les heures de la prière et de la vie conventionnelle. Il s’agit, avec celles destinées aux clochers et aux tours civiques, des premières horloges de l’histoire. La mécanique permettait de sonner les différentes « heures canoniales » de la journée et de la nuit, … Poursuivre annonce et appelle à la psalmodie et au chant des Laudes. La clepsydre rappelle la méditation sur le caractère éphémère de la vie, en même temps qu’il scande les rythmes de la journée dédiée à la prière ou au travail. Les ustensiles, les vases liturgiques et, surtout, l’ostensoir ainsi que l’hostie exposée évoque les moments dédiés à la liturgie. Les instruments scientifiques, ainsi que les instruments de musiques et ceux de l’artisanat l’appellent à approfondir sa créativité pour exprimer l’amour du travail, et transmettre son enseignement à ses confrères et collaborateurs, et à léguer à tous ceux qui voudront en profiter la beauté de ses interprétations figuratives. Les livres liturgiques, religieux et profanes visent à leur rappeler l’amour de la prière communautaire et de la Lectio Divina, ainsi que l’approfondissent de ses propres connaissances. Les fleurs et les animaux rappellent l’amour envers la beauté du monde créé. Les vues de sa Vérone natale, de Sienne et de la Piazza del Campo ou celles du Colisée de Rome deviennent la mémoire évocatrice des lieux où sa présence a laissé des chefs-d’œuvre créés pour la délectation. La représentation […] des antiennes [6]Antienne : refrain liturgique repris par le chœur entre chaque verset d’un psaume. Sous le même terme, l’Eglise peut aussi désigner une prière chantée, sans qu’un psaume lui soit associé. mariales ‘Alma redemptoris Mater’ et ‘Regina Coeli’, chantées par Giovanni et par les moines au terme du chant des Complies, concluent une journée rythmée par la prière et le travail ».

Le côté gauche du chœur

Le côté droit du chœur

Notes

Notes
1 Fuori : À l’extérieur de.
2 « Tessere la Tua lode. Le opere lignee di fra’ Giovanni da Verona in Santa Maria in Organo » (2017).
3 Ora et labora (fr. : « prie et travaille » ; le dictionnaire de Latin-Francais de Félix Gaffiot, précise que laborare signifie à la fois “travailler, prendre de la peine, se donner du mal”.) : devise avec laquelle la tradition bénédictine résume l’esprit des prescriptions relatives au travail et à la prière faites par Benoît de Nursie aux moines de l’Ordre dont il est le fondateur.
4 « Intervista a don Giovanni Brizzi monaco benedettino olivetano studioso di fra’ Giovanni da Verona », dans https://www.rivela.org/media/8681495567830.pdf).
5 Au Moyen Âge, en Italie, Svegliarino ou Svegliatore Monastico était le nom donné à l’horloge qui sonnait les heures de la prière et de la vie conventionnelle. Il s’agit, avec celles destinées aux clochers et aux tours civiques, des premières horloges de l’histoire. La mécanique permettait de sonner les différentes « heures canoniales » de la journée et de la nuit, indiquant ainsi aux moines le moment de la récitation des prières déterminées par la Règle. Ce type d’instrument ne comportait généralement pas l’indication des heures et sonnait uniquement aux heures préétablies. Ce n’est qu’au XVIe s. que fut ajouté un cadran et une unique aiguille. Initialement, celle-ci était fixe : c’est le cadran qui tournait. Ce n’est que plus tard que le cadran devint fixe et que furent introduits les indices des minutes.
6 Antienne : refrain liturgique repris par le chœur entre chaque verset d’un psaume. Sous le même terme, l’Eglise peut aussi désigner une prière chantée, sans qu’un psaume lui soit associé.