Dans l’Italie médiévale, jusque bien au-delà de l’époque de la Renaissance, le terme bottega désignait aussi bien un petit commerce artisanal, littéralement une boutique, que l’atelier dans lequel exerçait un artiste confirmé. Celui-ci y était entouré d’une équipe plus ou moins importante d’aides, de collaborateurs et d’élèves qui l’assistaient quotidiennement, et intervenaient directement au cours de l’exécution de l’œuvre conçue par le maître, au point de former une sorte d’école artistique. C’est pourquoi le terme bottega permet également de qualifier une œuvre issue de l’atelier sans être nécessairement de la main du maître lui-même.
Dans la bottega, généralement située au rez-de-chaussée, et donc accessible de la rue, pouvaient être exposées, le cas échéant, des productions artistiques proposées à la vente.
Les jeunes gens qui se destinaient au métier d’artiste, principalement les fils ou les proches de ceux qui exerçaient déjà cette activité, ou encore les enfants issus de familles peu aisées, pouvaient recevoir un apprentissage dont le coût était inférieur à celui rencontré pour la formation à d’autres métiers.
Pour accéder à cet apprentissage et pouvoir espérer devenir peintre, il était indispensable d’être accepté dès le plus jeune âge dans l’atelier, véritable laboratoire dans lequel le maître avait également établi sa propre demeure.
L’entrée en formation d’un élève faisait l’objet d’un contrat en bonne et due forme, stipulé devant notaire en présence de témoins. Le maître s’engageait à enseigner le métier au jeune apprenti qui se voyait garantir le gîte et le couvert, parfois un salaire. Dans le cas où le maître estimait insuffisante la contribution de l’élève au travail de l’atelier, il pouvait être amené à demander un dédommagement financier au parents. La période d’apprentissage pouvait durer entre quatre et treize ans. Au tout début, le travail de l’apprenti se limitait à des tâches simples telles que la préparation des couleurs et des supports, qui exigeaient un savoir faire de base pour exercer le métier, avant de passer à l’étape de l’exécution de la peinture proprement dite.
Pendant la durée de sa formation dans l’atelier du maître, l’apprenti n’apprenait pas seulement le métier mais recevait également une véritable formation culturelle à laquelle s’ajoutait la maîtrise indispensable de la lecture, de l’écriture et du calcul.
C’est ainsi que, pendant des siècles, les élèves ont appris leur métier en travaillant aux côtés d’un maître dont il s’efforçaient de comprendre et de reproduire le geste et le style jusqu’à ce qu’il puissent s’y fondre et, pour les plus géniaux, parvenus au terme de l’apprentissage, tenter de devenir eux-mêmes en inventant leur propre identité. C’est ce qu’on fait à Sienne Simone Martini et les frères Lorenzetti auprès de Duccio, ou plus tard, à Florence, Léonard de Vinci auprès de Verrocchio et Michel-Ange dans l’atelier de Ghirlandaio.
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