Taddeo di Bartolo, « Giudizio Universale »

Taddeo di Bartolo (Sienne, 1362 ou 1363 – 1422)

Giudizio Universale (Jugement dernier), 1393

Fresque.

Inscriptions :

  • (dans le phylactère d’Hénoch [1]Hénoch : patriarche.) : « ENOC PROPHETA »
  • (dans le phylactère désigné par Hénoch) : « 
  • (dans le phylactère d’Élie) : « ELIAS PROPHETA »
  • (dans le phylactère désigné par Élie) : « 
  • (sous chaque apôtre, son nom) : « S. MACTIAS » ; « S. MATTE[US] » ; « S. SIMON » ; « S. TADDEUS » ; « S. IACHOPVS MINOR » ; « S. PETRVS » ; « S. IOHANNES » ; « S. ANDREAS » ; « S. BARTHOLOMEVS » ; « S. IACHOPVS MAIOR » ; « S. THOMAS » ; « S. PHILIPPVS »

Provenance : In situ.

San Gimignano, Collegiata di Santa Maria Assunta.

La scène du Jugement dernier est peinte sur la partie haute de la contre-façade de la collégiale, au niveau de la rosace centrale [2]Dans l’intrados de l’ouverture ronde, les figures peintes assistent comme nous à la scène.. L’ensemble des acteurs se répartissent comme suit autour de cette ouverture : au sommet, le Christ juge est assis sur un trône à l’intérieur d’une mandorle formant un arc-en-ciel que soutiennent des séraphins. Jésus, dont les blessures de la Crucifixion sont mises en évidence par son attitude, prononce sa sentence en levant le bras droit dans un geste d’autorité. De chaque côté, deux intercesseurs, véritables « avocats de La Défense », Marie, à gauche, et Jean Baptiste, le précurseur, à droite, prient à genoux afin d’implorer la clémence du souverain juge. Deux anges descendus des cieux sonnent leurs longues trompettes pour réveiller les morts. Deux autres anges montrent aux ressuscités les instruments de la passion de Jésus, notamment la croix, la lance, le roseau à l’éponge, la colonne et les fouets. Aux côtés des anges porteurs des arma christi, se trouvent le patriarche Enoch et le prophète Elie qui, selon la tradition biblique, ne sont pas morts mais ont été transportés vivants au ciel. Bien que « quelques livres de l’Ancien Testament les séparent [3]Pour l’un, que l’on croise dans la Genèse, on remonte presque au mythe des origines de l’humanité puisqu’Hénoch, fils de Yared et père de Mathusalem n’est jamais que le septième après Adam ; pour l’autre, dont les faits et gestes sont plus longuement racontés dans le Deuxième livre des Rois, le IXe siècle avant Jésus-Christ … Poursuivre », ce qui rassemble et unit ces deux figures éloignées dans le temps biblique, c’est avant tout « la ‘merveille’ qui marque la fin de leur existence sur terre : l’Ecriture sainte fait entendre d’un côté qu’Hénoch ne mourut point [4]“Ambulavit cum Deo, et non apparuit : quia tulit eum Deus” : “ayant suivi les voies de Dieu, il disparut car Dieu l’avait enleve”(Genèse, V, 24 ). et narre d’un autre qu’Elie est monté au ciel dans la tempête emporté par un char de feu [5]“Cumque pergerent, et incedenles sermocinarentur, ecce currus igneus, et equi ignei diviserunt utrumque : et ascendit Elias per turbinem in caelum” : “Tandis qu’ils poursuivaient leur route tout en parlant, voici qu’un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un de l’autre ; Elie monta au ciel dans la tempête” (Deuxième livre des … Poursuivre. Certes la Bible ne disait pas vraiment en quel lieu Hénoch était emporté mais, dans un ajout qui paraît aujourd’hui manifeste, la Vulgate, poussée par son envie de préciser, rapporta dans sa traduction du Livre du Siracide qu’Hénoch avait été ‘transporté dans le paradis [6]“On lit bien dans Eccli. XLIV, 16 (Vulgate)“qu’il fut transporté dans le paradis” ce que les uns ont entendu d’un endroit délicieux quelconque et les autres, en bien plus grand nombre, du paradis terrestre (voir S. Thomas…) ; mais les mots “dans le paradis” sur lesquels reposent principalement ces deux opinions, dont la seconde, du reste, offre de … Poursuivre’. Détail qui fut retenu. [7]Caroline Cazanave, « Hénoch et Elie : ‘et c’est la fin des temps pour quoi ils sont ensemble…’ », dans Anne Berthelot, Gérard Gros, Jean Arrouye, Caroline Cazanave, Fin des temps et temps de la fin dans l’univers médiéval. Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, coll. Senefiance n° 33, 1993, p. 125-143.. » Les voici donc réunis sous no yeux dans le firmament dont ils assurent dorénavant la garde, présidant également au jugement dernier.

En haut, le banc des douze apôtres.

Sur le long banc placé au-dessous de la rosace, les douze apôtres siègent à la manière des jurés d’un tribunal. S’ils sont tous identifiés par les inscriptions lisibles sur la sorte de contre-marche qui coure sous leur banc, certains d’entre eux sont accompagnés de leurs attributs habituels tels que les clés (Pierre), le bâton de pèlerin (Jacques), le coutelas (Barthélémy) et la croix (André) venu confirmer l’identité révélée par l’écriture.

Notes

Notes
1 Hénoch : patriarche.
2 Dans l’intrados de l’ouverture ronde, les figures peintes assistent comme nous à la scène.
3 Pour l’un, que l’on croise dans la Genèse, on remonte presque au mythe des origines de l’humanité puisqu’Hénoch, fils de Yared et père de Mathusalem n’est jamais que le septième après Adam ; pour l’autre, dont les faits et gestes sont plus longuement racontés dans le Deuxième livre des Rois, le IXe siècle avant Jésus-Christ arrive déjà à imposer un repère de datation moins intrinsèquement poétique : Elie le Tishbite taille sa réputation de prophète en luttant contre les cultes idolâtriques cananéens.
4 “Ambulavit cum Deo, et non apparuit : quia tulit eum Deus” : “ayant suivi les voies de Dieu, il disparut car Dieu l’avait enleve”(Genèse, V, 24 ).
5 “Cumque pergerent, et incedenles sermocinarentur, ecce currus igneus, et equi ignei diviserunt utrumque : et ascendit Elias per turbinem in caelum” : “Tandis qu’ils poursuivaient leur route tout en parlant, voici qu’un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un de l’autre ; Elie monta au ciel dans la tempête” (Deuxième livre des Rois, II, 11).
6 “On lit bien dans Eccli. XLIV, 16 (Vulgate)“qu’il fut transporté dans le paradis” ce que les uns ont entendu d’un endroit délicieux quelconque et les autres, en bien plus grand nombre, du paradis terrestre (voir S. Thomas…) ; mais les mots “dans le paradis” sur lesquels reposent principalement ces deux opinions, dont la seconde, du reste, offre de très graves difficultés, ne se lisent pas dans le texte grec, ce qui faisait déjà soupçonner que c’était une glose du traducteur latin ou de quelque copiste. Ce soupçon est devenu à peu près une certitude depuis la découverte du manuscrit hébreu, où ces mots manquent également Nous ne pouvons donc rien affirmer touchant le lieu que ce patriarche habite” (E. Palis, auteur de la notice sur Hénoch, Dictionnaire de la Bible de F. Vigouroux, Paris, 1926-1972, t III, I, pp. 593-94).
7 Caroline Cazanave, « Hénoch et Elie : ‘et c’est la fin des temps pour quoi ils sont ensemble…’ », dans Anne Berthelot, Gérard Gros, Jean Arrouye, Caroline Cazanave, Fin des temps et temps de la fin dans l’univers médiéval. Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, coll. Senefiance n° 33, 1993, p. 125-143.