
Lippo Vanni (Sienne, actif entre 1340 et 1375)
La Presentazione della Vergine al Tempio (Présentation de la Vierge au Temple), v. 1360-1370.
Fresque.
Inscriptions : /
Provenance : In situ.
Santa Colomba (Monteriggioni), Eremo di San Leonardo al Lago.
L’architecture de l’étrange édifice est constituée d’un pavillon de plan hexagonal porté par des colonnes dont l’aspect gracile contraste avec la masse d’une imposante toiture au chromatisme élaboré, comme l’est aussi, du reste, l’ornementation sculptée. Au-dessus de cette toiture s’élève encore une lanterne, elle-même coiffée d’une coupole. Nous sommes sans doute assez loin de l’aspect du Temple de Jérusalem mais qu’importe si cette construction, comme c’est le cas, nous plonge dans un décor irréel, tout droit sorti d’un songe, et qui se prolonge à l’arrière plan par une nef dont la voûte en plein-cintre, qui s’étend sur deux travées, abrite le précieux ciboire posé sur l’autel. Pour accéder à l’intérieur de l’édifice, il faut faire l’ascension d’une sorte d’énorme pyramide pourvue de douze marches, nombre suffisant pour évoquer de manière réaliste les quinze marches décrites par les Apocryphes (le Pseudo-Matthieu précise que la fillette de trois ans les auraient gravies en courant), avant de parvenir au lieu où se tient le prêtre, près de l’autel de l’holocauste [1]En usage dans les rituels de la Grèce antique comme dans la tradition juive, l’holocauste est un sacrifice au cours duquel l’offrande (un animal) est sacrifiée avant d’être entièrement consumée. On lit dans le Livre du Lévitique (Lv 1, 14-17) que l’holocauste est « en agréable odeur pour le Seigneur » …. C’est ce que vient de faire la fillette qui, déjà, les bras croisés en dépit de l’effort réalisé, se retourne vers ses parents, comme pour puiser dans leur regard admiratif la récompense de l’exploit qu’elle vient d’accomplir devant eux. Du fait de la configuration de la scène, le geste de présentation adressé à distance au prêtre par Anne crée l’illusion que celle-ci porte la fillette dans sa main, comme pour la soulever, illustrant ainsi le caractère miraculeux de l’événement tel qu’il est décrit dans les textes qui rapportent que « la Vierge du Seigneur monta tous les degrés un à un sans qu’on lui donnât la main pour la conduire ou la soutenir, de manière qu’en cela seul on eût pensé qu’elle était déjà d’un âge parfait [2]Protévangile de Jacques (§ 7). ».
À droite de l’autel, comme posée au sommet de l’énorme escalier pyramidal, la cantoria dans laquelle ont pris place les chanteurs est faite du même marbre que le reste de la construction. Le petit groupe réuni derrière la balustrade est prétexte à une scène de genre d’un charme parfaitement siennois : profitant d’un moment de repos, les chanteuses (il n’y a que des jeunes filles) que l’on voit alanguies, dans une attitude étonnamment naturelle (la tête appuyée sur un bras posé sur le parapet), viennent d’observer la scène avec un intérêt teinté d’émerveillement. En bas, les adultes eux-mêmes ne peuvent dissimuler l’agitation qui s’empare d’eux devant un si grand miracle.
Notes
1↑ | En usage dans les rituels de la Grèce antique comme dans la tradition juive, l’holocauste est un sacrifice au cours duquel l’offrande (un animal) est sacrifiée avant d’être entièrement consumée. On lit dans le Livre du Lévitique (Lv 1, 14-17) que l’holocauste est « en agréable odeur pour le Seigneur » … |
---|---|
2↑ | Protévangile de Jacques (§ 7). |
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.