
Giovanni di Paolo (Sienne, 1398 – 1482)
Cristo e santi portacroce (Christ et saints porteurs de croix), v. 1470-1477.
Tempéra et or sur panneau, 28,6-29 x 200 cm (avec les ajouts modernes : 30,5 x 202,4 cm)
Inscriptions :
- (dans le phylactère du Christ) : « QVI NO[N] BAIVLAT C[R]UCE[M] SUA [M] ET SEQU[I]/TUR ME, NO[N] E[ST] ME DIGNVS » [1]« Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. » Luc (14,27). « Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. » Matthieu (10, 38).
Provenance :
Parme, Galleria Nazionale.
Cette œuvre étrange, qui fut peut-être la prédelle de la Grande Maestà de la Pinacothèque siennoise [2]L’hypothèse, proposée par John Pope-Hennessy (1937) ne fait pas l’unanimité., vaut surtout pour son iconographie peu courante, et particulièrement insolite. « Le Christ, écrit Dóra Sallay [3]Dóra Sallay, « Giovanni di Paolo: Cristo e santi portacroce », dans La fortuna dei primitivi. Tesori d’arte dalle collezioni italiane fra sette e ottocento, éd. Angelo Tartuferi and Gianluca Tormen (cat. d’exp., Florence, Galleria dell’Accademia), Milan, Giunti, 2014, pp. 222–224, cat. 23., apparaît au centre de la composition, sur un fond d’or, debout sur un rocher. Son corps nu n’est couvert que d’un ample voile grisâtre laissant les stigmates apparents. Il tient une grande croix dans son bras gauche ; dans la droite, il déploie un long parchemin portant une inscription qui combine deux versets de Luc (14, 27) et Matthieu (10, 38). De chaque côté, une multitude de saints s’avance vers le Christ en une longue procession, portant sur l’épaule une pesante croix ; sur les visages, les expressions sont sereines et transfigurées. La scène produit un certain impact émotif : ‘tous cheminent à pas lents et mesurés, et le rythme grave et de leur démarche est pointé et accentué par l’axe incliné des croix qui forment, outre la hauteur des silhouettes, un ensemble singulièrement décoratif de lignes et d’angles entrecroisés (PERKINS 1931)’.

À la droite du Christ, on peut voir, dans l’ordre, la Vierge Marie, et les saints Marie Madeleine (les longs cheveux dénoués), Jean Baptiste (vêtu de la peau de chameau), Pierre (portant un vêtement jaune et bleu, selon la tradition), Barthélémy (sa propre peau portée comme manteau), Étienne (les pierres de la lapidation sur la tête), Laurent (la grille de son martyre à ses pieds), Bernardin de Sienne (reconnaissable à ses joues creuses et son habit franciscain), un saint moine vêtu d’un habit blanc à capuche (Benoît ou Bernard ?), et, peut-être, les quatre Pères latins de l’Église [4]Les quatre Pères, ou Docteurs, de l’Église sont : Augustin d’Hippone, Ambroise de Milan, Jérôme de Stridon, le pape Grégoire I dit le Grand. […]. À la gauche du Christ, sont reconnaissables les saints Paul (barbu et chauve, l’épée à la ceinture), François d’Assise (porteur des stigmates), Pierre martyr (une blessure sanglante sur la tête), Catherine d’Alexandrie (portant la couronne, un fragment de la roue de son supplice à ses pieds), et Catherine de Sienne (en habit dominicain à col blanc). Parmi les saintes regroupées à l’extrême droite du panneau, figurent deux jeunes martyres élégamment vêtues, l’une portant une couronne, l’autre un couvre-chef élaboré (Ursule et Lucie ?). Certains auteurs ont cru reconnaître Honophrius, Léonard [de Noblac], Dominique, Clément, Marguerite, Claire, Cécile et Fina mais il s’agit d’identifications incertaines. Et en effet, beaucoup de saints ne présentent pas leurs propres attributs : il semble qu’il s’agisse moins de mettre l’accent sur l’identité individuelle que sur la communion spirituelle de tous les saints réunis dans l’Imitatio Christi ».
Notes
1↑ | « Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. » Luc (14,27). « Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. » Matthieu (10, 38). |
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2↑ | L’hypothèse, proposée par John Pope-Hennessy (1937) ne fait pas l’unanimité. |
3↑ | Dóra Sallay, « Giovanni di Paolo: Cristo e santi portacroce », dans La fortuna dei primitivi. Tesori d’arte dalle collezioni italiane fra sette e ottocento, éd. Angelo Tartuferi and Gianluca Tormen (cat. d’exp., Florence, Galleria dell’Accademia), Milan, Giunti, 2014, pp. 222–224, cat. 23. |
4↑ | Les quatre Pères, ou Docteurs, de l’Église sont : Augustin d’Hippone, Ambroise de Milan, Jérôme de Stridon, le pape Grégoire I dit le Grand. |