Ambrogio Lorenzetti (Sienne, actif de 1319 à 1348)
Madonna con il Bambino (La Vierge et l’Enfant), v. 1320-1323.
Tempera et or sur panneau, 85 x 57 cm.
Provenance :
Milan, Pinacoteca di Brera.
Ce chef-d’œuvre de la peinture italienne de la première moitié du XIVe siècle est parvenu jusqu’à nous dans un état si dégradé que la couleur de la couche de préparation réapparaît sous la fine pellicule de pigment coloré, d’une manière tout particulièrement visible sous la délicate carnation du visage de la Madone. Pourtant, en dépit de son mauvais état, non seulement ce panneau est d’une beauté atemporelle mais il est déjà moderne. En témoigne, en particulier, la figure de l’Enfant. Bien qu’emmailloté dans un lange serré, il n’a pas l’apparence des habituelles momies figées au creux des bras maternels. Au contraire, il se débat avec un certain naturel, bien loin du modèle byzantin en vogue dans les ateliers siennois d’un XIIIe siècle soudainement relégué dans un passé lointain. Un même naturel anime doucement la figure de la Vierge. Détournant imperceptiblement l’attitude compassée des Vierges à l’Enfant peintes sur le modèle de l’Hodigitria byzantine, Ambrogio vient de créer une scène maternelle confondante d’humanité. Dans un siècle, Masaccio, autre immense génie, se souviendra de la leçon lorsqu’il peindra, près d’un siècle plus tard, la Madonna col Bambino, detta ’del Solletico’ que lui commandera le cardinal siennois Antonio Casini.