Pélage et le pélagianisme

« Dans les années 380-390, le moine britannique Pélage commence à Rome une prédication auprès d’un groupe aristocratique qui forme bientôt autour de lui une ‘élite de la vertu’. Il enseigne alors que, grâce à son libre arbitre, tout chrétien peut atteindre la sainteté par ses propres forces.

En prenant en compte les mérites de l’homme, il s’agissait pour lui de ne pas le déresponsabiliser dans sa réponse à Dieu. Mais, au fur et à mesure de sa pensée, il en est venu à minimiser le rôle de la grâce divine dans la réponse de l’homme à l’appel de Dieu.

La doctrine de Pélage se répand rapidement. En Afrique du Nord, elle est fermement combattue par saint Augustin d’Hippone (354-430). En 418, sous son impulsion, le concile de Carthage affirme que, à cause du péché originel, la grâce divine est absolument nécessaire pour faire le bien. Il condamne Pélage et ‘quiconque dit que (…) si la grâce n’était pas donnée, nous pourrions pourtant, quoique avec moins de facilité, observer sans elle les commandements de Dieu’. Cette condamnation sera réitérée au concile œcuménique d’Éphèse (431).

Les efforts d’Augustin n’empêchent pas la diffusion des idées pélagiennes, notamment dans les milieux monastiques de Gaule où certains craignent que le rôle trop important accordé à la grâce divine n’entraîne un relâchement des efforts humains pour parvenir à la sainteté.

Autour des abbayes de Lérins et Saint-Victor de Marseille, se développe alors le semi-pélagianisme qui enseigne que l’homme peut coopérer à son salut en faisant, sans l’aide de la grâce, le premier pas vers Dieu qui, ensuite, peut achever le travail de rédemption.
Augustin va fermement s’opposer à cette vision semi-pélagienne. Après sa mort en 430, ses disciples, menés par saint Prosper d’Aquitaine (v. 390-463), un laïc, vont longuement s’opposer aux évêques du Sud-Est de la Gaule.

La controverse va durer près d’un siècle, avec des exagérations de part et d’autre, certains disciples d’Augustin rejetant tout libre arbitre et allant jusqu’à l’idée d’une prédestination totale de l’homme. En 473, un concile local réuni à Arles rejette ces thèses, notamment ‘celui qui dit qu’il ne faut pas joindre le travail de l’obéissance humaine à la grâce de Dieu’ et ’celui qui enseigne qu’après la chute du premier homme le libre arbitre est entièrement éteint’.[1]Nicolas Senèze, « Comprendre le pélagianisme », dans La Croix, 17/11/2018. »

Notes

Notes
1 Nicolas Senèze, « Comprendre le pélagianisme », dans La Croix, 17/11/2018.