Michelozzo, « Madonna con il Bambino e i Santi Giovanni Battista e Agostino »

Bartolomeo Michelozzi, detto (dit) Michelozzo (Florence, 1396 – 1472)

Madonna con il Bambino e i Santi Giovanni Battista e Agostino (Vierge à l’Enfant et les saints Jean Baptiste et Augustin), 1427.

Terre cuite

Inscriptions :

• (sur le rouleau de Jean Baptiste) : « E. A. D. » [1]Initiales de la formule : « Ecce Agnus Dei », Évangile selon Jean (Jn 1, 29) prononcée par Jean Baptiste à l’endroit de Jésus.

Provenance : In situ.

Montepulciano, Église de Sant’Agostino.

Le groupe en terre cuite peinte, composé de figures en demi-buste plus grandes que nature, est inséré dans la lunette au-dessus du portail encadré de motifs floraux et de moulures. Les premières recherches systématiques sur l’œuvre remontent aux travaux d’August Schmarsow, à la fin du XIXe siècle (1893), et en attribuent la paternité à Michelozzo, désavouant une tradition locale qui l’attribuait à tort à l’orfèvre et sculpteur Pasquino da Montepulciano [2]Pasquino da Montepulciano ou Pasquino di Matteo di Montepulciano (Montepulciano, v. 1425 – 1485) : sculpteur et fondeur de bronze.. Le groupe représente la Vierge avec l’Enfant au centre, à gauche Jean-Baptiste, à droite Augustin en habit d’évêque.

Ce sont des versements datant de 1439 qui ont permis de rendre à l’artiste florentin la paternité de l’œuvre. Cette attribution est d’ailleurs confirmée par une comparaison stylistique : la Madone est recouverte d’un voile d’où émergent des mèches de cheveux en tenailles qui reviennent souvent dans la sculpture de Michelozzo. De plus, si l’on fait la comparaison avec la Madone de Michelozzo (fig. 1) aujourd’hui à Berlin [3]Michelozzo di Bartolommeo, Madonna. Berlin, Staatliche Museen, Preußischer Kuturbesitz., on constate l’étonnante similitude existant entre deux œuvres qui ne peuvent manquer d’avoir été exécutées par la même main. La manière de Michelozzo puise à la fois dans la douce élégance du gothique tardif et dans la nouvelle esthétique orientée vers la gravité classique et permet une synthèse mêlant une gestuelle maternelle avec une dignité proprement monumentale. Le Saint Jean Baptiste, thème souvent traité par Michelozzo, ne diffère pas beaucoup de celui, également en terre cuite, que l’on trouve à la Santissima Annunziata de Florence.

La restauration du groupe effectuée par la Surintendance de Sienne dans les années 1992-1993, a donné une nouvelle lisibilité à l’œuvre, et fait réapparaître des traces de dorure relevées sur les bords des vêtements, sur la mitre et le livre de Saint Augustin, ainsi que quelques traces de couleur sur la terre cuite. L’une d’elles, de couleur blanchâtre, à base de plomb et d’huile, consiste peut-être en une couche préparatoire. Plus vraisemblablement, les sculptures ont été peintes avec cette couleur blanche afin d’imiter la couleur du marbre, hypothèse rendue plus plausible encore par la découverte sur le fond de traces de rouge intense, de type hématite, sur une base de noir de charbon. Il s’agirait alors d’une citation de la sculpture romaine de l’époque impériale qui plaçait souvent des bustes de marbre devant un fond de porphyre rouge.

Stylistiquement, l’œuvre est d’une grande qualité. La disposition spatiale des deux saints latéraux, ni hiératique ni frontale mais légèrement tournée vers la Vierge, leurs têtes dépassant du cadre de travertin, est remarquable. En comparant ces sculptures avec ce qui reste [4]Les fragments du monument funéraire Aragazzi sont aujourd’hui répartis entre la Cathédrale de Montepulciano (voir Michelozzo, Frammenti del Monumento marmoreo a Bartolomeo Aragazzi) et le Victoria and Albert Museum de Londres. du monument funéraire Aragazzi, créé par Michelozzo entre 1427 et 1438, on note la même solennité chez les Anges de Londres et dans le Saint Augustin, des visages pleins de pathétique. Enfin, l’abondance de la ligne enveloppante est un trait commun qui rapproche davantage ces œuvres des Della Robbia et de Ghiberti que de Donatello.