Béatrice

« Tanto gentile e tanto onesta pare
la donna mia quand’ella altrui saluta
[1]Tanto gentile e tanto onesta parela donna mia quand’ella altrui saluta,ch’ogne lingua deven tremando muta,e li occhi no l’ardiscon di guardare. Ella si va, sentendosi laudare,benignamente d’umiltà vestuta;e par che sia una cosa venutada cielo in terra a miracol mostrare. Mostrasi sì piacente a chi la mira,che dà per li occhi una dolcezza al core,che ’ntender no la può chi no … Poursuivre »

Beatrice Portinari (Florence, v. 1266 – 1290) est peut-être la dame « […] couronnée d’olivier sur un voile blanc [2]« […] sovra candido vel cinta d’uliva donna m’apparve, sotto verde mantovestita di color di fiamma viva. ((« […] couronnée d’olivier sur un voile blanc / m’apparut une dame, sous un vert manteau, / vêtue des couleurs de la flamme vive. » Le Purgatoire, XXX, 31-33 (Dante, La divine comédie (éd. sous la direction de Carlo Ossola, traduction … Poursuivre » que Dante transfigure dans La divine comédie et dont il fait le personnage de Beatrice, sa muse et son inspiratrice. On sait peu de chose de cet amour dont l’histoire est sublimée dans la Vita Nova [3]« Écrite vers 1294-1295, la Vita Nova de Dante constitue l’une des plus anciennes œuvres autobiographiques, intimes même, de la littérature européenne. Alternant prose et poésie dans le dolce stil nuovo (‘doux style nouveau’) qui lui est propre, le poète y décrit comment sa rencontre avec la jeune Béatrice renverse le cours de sa vie ; comment son amour pour … Poursuivre. Bien que cette œuvre soit probablement inspirée par la vie personnelle de Dante, nombreux sont ceux qui mettent en doute l’existence réelle de Béatrice, préférant voir en elle une figure symbolique.

Notes

Notes
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Tanto gentile e tanto onesta pare
la donna mia quand’ella altrui saluta,
ch’ogne lingua deven tremando muta,
e li occhi no l’ardiscon di guardare.

Ella si va, sentendosi laudare,
benignamente d’umiltà vestuta;
e par che sia una cosa venuta
da cielo in terra a miracol mostrare.

Mostrasi sì piacente a chi la mira,
che dà per li occhi una dolcezza al core,
che ’ntender no la può chi no la prova :

e par che de la sua labbia si mova
un spirito soave pien d’amore,
che va dicendo a l’anima : sospira

Ma Dame se montre si aimable
Et si modeste quand elle vous salue
Que la langue vous devient muette et tremblante,
Et les yeux n’osent la regarder.

Elle s’en va revêtue de bonté et de modestie
En entendant les louanges qu’on lui adresse.
Elle semble être une chose descendue du ciel
Sur la terre pour y faire voir un miracle.

Elle est si plaisante à qui la regarde
Que les yeux en transmettent au cœur une douceur
Que ne peut comprendre qui ne l’a pas éprouvée.

Il semble que de son visage émane
Un esprit suave et plein d’amour
Qui va disant à l’âme : soupire ! 

Dante, Vita nova (1292-1293 ?), XXVI (traduction [1898] par Maxime Durand-Fardel).

2 « […] sovra candido vel cinta d’uliva donna m’apparve, sotto verde manto
vestita di color di fiamma viva
. ((« […] couronnée d’olivier sur un voile blanc / m’apparut une dame, sous un vert manteau, / vêtue des couleurs de la flamme vive. » Le Purgatoire, XXX, 31-33 (Dante, La divine comédie (éd. sous la direction de Carlo Ossola, traduction de Jacqueline Risset). Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 2021).
3 « Écrite vers 1294-1295, la Vita Nova de Dante constitue l’une des plus anciennes œuvres autobiographiques, intimes même, de la littérature européenne. Alternant prose et poésie dans le dolce stil nuovo (‘doux style nouveau’) qui lui est propre, le poète y décrit comment sa rencontre avec la jeune Béatrice renverse le cours de sa vie ; comment son amour pour elle va illuminer son écriture ; et comment la mort prématurée de l’aimée va être à la fois source de la plus intense détresse et de la plus belle consolation – annonçant la future Divine Comédie. » Dante, Vita Nova (trad. de l’italien par Mehdi Belhaj Kacem). Paris, Gallimard, 2007.