Embrayeur visuel

Dans une scène donnée, on appelle “embrayeur visuel” un personnage généralement placé au premier plan, de biais ou de dos, qui assiste lui-même à la scène. L’embrayeur visuel sert de relais entre le spectateur (spectateur du tableau, spectateur au théâtre, lecteur), qui entretient avec lui une relation particulière (tous deux observent le même spectacle) et la scène représentée.

La nécessité de placer un embrayeur visuel entre le spectateur externe et la scène proprement dite était soulignée déjà par Alberti dans le De pictura : « Ensuite, il est bon que dans une histoire il y ait quelqu’un qui avertisse les spectateurs de ce qui s’y passe ; que de la main il invite à regarder ou bien, comme s’il voulait que cette affaire fût secrète, que par un visage menaçant ou des yeux farouches, il leur interdise d’approcher, ou qu’il leur indique qu’il y a là un danger ou une chose digne d’admiration, ou encore que, par ses gestes, il t’invite à rire ou à pleurer avec les personnages. » (II, 42, éd. Macula, p. 179.)