Selon Mario Ascheri, il est probable que la main-mise impériale ait évité à Sienne les luttes sanglantes qui eurent lieu entre nobles et « peuple » dans d’autres cités. « [À Sienne], comme ailleurs au cours des premières décennies du Duecento, Popolo commença à désigner une partie seulement de la population : celle qui avait participé, y compris militairement, au succès siennois mais sans cependant avoir gouverné au cours du siècle précédent. Il s’agissait de la population des marchands, des artisans et des travailleurs qui habituellement ne guerroyaient pas à cheval, qui n’avaient pas un style de vie nobiliaire, n’avaient ni ascendance lointaine, ni château dans les campagnes, ni masnade [1]Au Moyen Âge, groupe de personnes entièrement dévoué au service de la personne d’un seigneur. de fidèles, ni maison-tour en ville. Ce peuple était organisé par quartier et par catégories de travailleurs mais au début du XIIIe siècle, était privé de toute organisation politique. » [2]Mario Ascheri, Storia di Siena, dalle origini ai giorni nostri, Pordenone, Edizioni Biblioteca dell’Immagine, 2013, p. 36.
L’affirmation définitive du Popolo en tant qu’organisation politique unitaire des compagnies rionali (de quartier) et des Arts de la ville date des années 1245-1250. Le Popolo (Peuple), à l’instar de l’office du Podestat, « se donna lui aussi pour chef formel un officier étranger à la ville et imposa à la Municipalité sa reconnaissance en tant qu’institution publique, avec ses propres statuts et un Conseil dont les délibérations s’imposaient à cette même Municipalité. […] il s’agissait d’une sorte de parti qui avait une emprise sur la Municipalité ou, du moins, qui imposait sa propre participation aux niveaux décisionnels importants. La junte de 24 citoyens qui, au milieu du [XIIIe] siècle, gouvernait la cité était constituée pour moitié des populares, citoyens du Peuple. » [3]Mario Ascheri, op. cit., p. 40.