Lippo e Federico Memmi, « Santa Lucia »

Lippo (Sienne, 1291 – 1356) e Federico Memmi (Sienne, documenté entre 1344 et 1347)

Santa Lucia (Sainte Lucie), troisième décennie du XIVe s.

Fresque détachée, 102 x 36,5 cm (mesures du support)

Provenance : ancien oratoire de San Giovanni Battista annexée à la Collégiale de San Gimignano. [1]Alessandro Bagnoli précise la localisation exacte de la fresque « sur le demi-pilastre à côté de la porte d’accès à la Collégiale ». Alessandro Bagnoli, « Santa Lucia », Alessandro Bagnoli, Luciano Bellosi, Simone Martini e ‘chompagni’, Florence, Centro Di, 1985, p. 116.

San Gimignano, Museo d’Arte Sacra.

Le fragment de fresque, détaché en 1983 après avoir été balafré à l’aide d’une pointe acérée, voit sa partie inférieure totalement perdue. Il représente une sainte Lucie aisément reconnaissable au vase d’où émerge la lumière [2]Lux, en référence à son prénom d’une flamme, son attribut iconographique habituel à Sienne au XIVe s., qu’elle porte respectueusement, la main couverte par le pan de son voile, et qu’elle tendait vraisemblablement en direction d’une autre figure sacrée aujourd’hui disparue.

Bagnoli, sans omettre de signaler la difficulté à traduire le raccourci du bras gauche de la sainte, exalte « l’agencement élégant du voile blanc sur lequel on peut encore apprécier – malgré l’appauvrissement de la surface peinte – la douceur des ombres colorées qui modulent les plis. Cette solution particulière ainsi que d’autres éléments stylistiques permettent d’insérer la fresque dans cet ensemble d’œuvres réunies sous le signe de la famille Memmi (voir L. Bellosi, 1977). C’est-à-dire qu’elle fait partie de la production intimement liée à la culture simonienne que Lippo, Federico Memmi et leurs assistants ont laissée à San Gimignano et ailleurs, entre la deuxième et la quatrième décennie du siècle. Parmi les œuvres citées, caractérisées par diverses inflexions mais toujours d’un haut niveau expressif et qualitatif, offrant les meilleurs contacts avec la Santa Lucia est la grande Madonna della Misericordia de la cathédrale d’Orvieto – signée « Lippus de Sena » – et le tout aussi impressionnant Trionfo di San Tommaso d’Aquino de Santa Caterina à Pise. Le large visage de la Sainte, le rythme ondulé de ses cheveux, la description graphique de ses traits physionomiques et le profilage virtuose de la lumière qui « soulève » ses lèvres permettent une comparaison indicative avec les anges du panneau d’Orvieto, mais aussi avec de nombreux personnages dans la peinture pisane, caractérisée sans doute par des intentions similaires. Ces détails de style, l’archaïsme de l’auréole rayée et le décolleté assez large de la robe moderne portée par Sainte-Lucie suggèrent, compte tenu des considérations de Bellosi (1977, 1980) sur la possibilité d’utiliser les données de la mode comme une évidence chronologique, une datation à la troisième décennie du XIVe siècle [3]Alessandro Bagnoli, op. cit., p. 116..

Notes

Notes
1 Alessandro Bagnoli précise la localisation exacte de la fresque « sur le demi-pilastre à côté de la porte d’accès à la Collégiale ». Alessandro Bagnoli, « Santa Lucia », Alessandro Bagnoli, Luciano Bellosi, Simone Martini e ‘chompagni’, Florence, Centro Di, 1985, p. 116.
2 Lux, en référence à son prénom
3 Alessandro Bagnoli, op. cit., p. 116.