Les Limbes

Dans l’ancienne doctrine catholique, c’est dans les Limbes, lieu de l’au-delà situé au bord de l’enfer, que les âmes des justes de l’Ancien Testament, morts dans la grâce de Dieu avant la venue rédemptrice du Christ, séjournaient dans l’attente du Messie. Celui-ci les en aurait libérés il y a plus de vingt siècles en descendant aux Enfers après sa mort pour les en libérer.

Après que le Christ est descendu aux Limbes, les lieux ne sont pas demeurés longtemps vides avant de devenir le séjour des âmes des enfants morts sans baptême. Dès les premiers siècles du christianisme, les Pères de l’Église, s’appuyant sur un passage de l’Évangile selon Jean [1]« Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3, 5)., affirmèrent l’absolue nécessité du baptême pour effacer la tache du péché originel et ouvrir les portes du ciel. La question du salut des enfants morts avant d’avoir reçu ce sacrement ne prit cependant toute son acuité qu’au début du Ve siècle, lorsque Pélage [2]Pélage (v. 350 – v. 420) : moine ascète breton dont les idées sur le caractère contingent de la grâce divine furent jugées hérétiques par l’Église en 418. nia l’existence du péché originel chez les enfants. Les Pélagiens faisaient une distinction entre le royaume des cieux et la vie éternelle : selon eux, les enfants morts sans baptême n’entraient pas dans le premier, mais ils jouissaient de la seconde [3]Jacques Le Goff, « Les Limbes », dans Un autre Moyen Âge, Paris, Gallimard, 1999.. Devant ce qu’il considérait comme une hérésie, saint Augustin durcit sa position et précisa que « les enfants qui n’ont pas reçu le baptême subiront les effets de la sentence prononcée “contre ceux qui n’auront pas cru et qui seront condamnés” ». Ces enfants étaient donc rejetés dans un enfer éternel. [4]L’évêque d’Hippone affirma cependant que la peine dont ils souffraient était mitissima, c’est-à-dire la plus légère possible. Cette perspective pouvait demeurer inquiétante et difficilement compatible avec l’idée d’un Dieu d’amour. Quinze siècles plus tard, en avril 2007, prenant le contre-pied de plusieurs siècles de croyance, les théologiens du Vatican sont définitivement convenus que les limbes n’existent pas, et que les enfants morts sans baptême vont directement au paradis.

Notes

Notes
1 « Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3, 5).
2 Pélage (v. 350 – v. 420) : moine ascète breton dont les idées sur le caractère contingent de la grâce divine furent jugées hérétiques par l’Église en 418.
3 Jacques Le Goff, « Les Limbes », dans Un autre Moyen Âge, Paris, Gallimard, 1999.
4 L’évêque d’Hippone affirma cependant que la peine dont ils souffraient était mitissima, c’est-à-dire la plus légère possible.

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