Pasiphaé, épouse de Minos, roi de Crète, est l’actrice de l’un des mythes les plus scabreux de la mythologie. A l’occasion de l’accession au trône de Minos, le dieu Poséidon lui a fait présent d’un taureau qu’il trouve si beau qu’il renonce à le sacrifier. [1]« C’est pour prouver sa légitimité à prendre le pouvoir, à la mort d’Astérios, son père adoptif, que Minos demande à Poséidon de faire surgir de la mer un taureau exceptionnel, emblème de son vrai père Zeus uni sous cette forme à Europe, emblème de son pouvoir. » Laurent GOURMELEN, « Les amours de Pasiphaé : problèmes d’analyse et … Poursuivre Il lui substitue un autre animal. Mais le subterfuge n’échappe pas au dieu et déclenche sa fureur : se jugeant offensé, il punit le roi en faisant naître une passion contre-nature entre son épouse, Pasiphaé, et l’animal. Dédale, inventeur au talent exceptionnel, imagine à la demande de la reine une vache de bois dans laquelle se dissimuler afin d’assouvir cet amour. Le taureau dupé s’unit à la reine comme avec une véritable vache. C’est de cette union que naît le Minotaure, que Minos enferme dans le labyrinthe, également conçu par Dédale. [2]Le mythe est brièvement évoqué par Ovide dans les Métamorphoses : « Ce crime envers mon père et ma patrie fut un bienfait pour toi. Que tu méritas bien d’avoir pour épouse cette infâme adultère qui, trompant un taureau farouche, porta dans son sein le fruit monstrueux de ses exécrables amours ! Mais, hélas ! mes cris arrivent-ils jusqu’à toi, et les vents … Poursuivre

Notes
1↑ | « C’est pour prouver sa légitimité à prendre le pouvoir, à la mort d’Astérios, son père adoptif, que Minos demande à Poséidon de faire surgir de la mer un taureau exceptionnel, emblème de son vrai père Zeus uni sous cette forme à Europe, emblème de son pouvoir. » Laurent GOURMELEN, « Les amours de Pasiphaé : problèmes d’analyse et d’interprétation mythologiques », dans Danièle AUGER, Charles DELATTRE (dir.), Mythe et fiction, Paris, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2010, pp. 383-397. |
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2↑ | Le mythe est brièvement évoqué par Ovide dans les Métamorphoses : « Ce crime envers mon père et ma patrie fut un bienfait pour toi. Que tu méritas bien d’avoir pour épouse cette infâme adultère qui, trompant un taureau farouche, porta dans son sein le fruit monstrueux de ses exécrables amours ! Mais, hélas ! mes cris arrivent-ils jusqu’à toi, et les vents n’emportent-ils pas avec tes vaisseaux mes plaintes inutiles ? Je ne m’étonne plus que Pasiphaé t’ait quitté pour un taureau : il n’avait pas ta barbarie. » OVIDE, Métamorphoses, VIII, 130.
Le texte du pseudo-Apollodore est particulièrement détaillé : « Astérion* étant mort sans enfants, on voulut refuser à Minos le royaume de Crète. Il dit que les dieux le lui avaient donné, et pour le prouver, il ajouta qu’il obtiendrait d’eux ce qu’il leur demanderait. Faisant un sacrifice à Neptune [Poséidon], il le pria de faire sortir de la mer un taureau, promettant de le lui sacrifier. Neptune [Poséidon] ayant envoyé un taureau d’une grande beauté, Minos obtint la couronne, mais il mit le taureau dans ses pâturages, et en sacrifia un autre. […] Neptune [Poséidon], irrité de ce qu’il ne le lui avait pas sacrifié, rendit le taureau sauvage, et fit que Pasiphaé en devint amoureuse. Elle implora, pour satisfaire sa passion, le secours de Dédale, architecte qui avait été exilé d’Athènes pour un meurtre qu’il y avait commis. Dédale construisit une vache de bois, creuse en dedans, qu’il mit sur des roulettes ; il y ajusta la peau d’une vache fraîchement écorchée, et l’ayant placée dans un endroit où le taureau avait coutume de paître, il y fit entrer Pasiphaé. Le taureau étant venu, la couvrit comme si c’eût été une vache véritable ; elle en eut Astérius, surnommé le Minotaure, qui avait la tête d’un taureau, et le reste du corps d’un homme. D’après quelques oracles, Minos le garda enfermé dans le Labyrinthe. Ce Labyrinthe, que Dédale avait construit, était un édifice qui avait un très grand nombre de détours, de façon qu’il était impossible d’en trouver l’issue. » Apollodore, Bibliothèque, III, 1, 3-4). * Roi de Crète, Astérion fut l’époux d’Europe après son abandon par Zeus alors qu’elle était enceinte de lui. Asterion éleva fidèlement les trois enfants nés de cette brève aventure, parmi lesquels Minos, son successeur sur le trône de Crète. Ovide, dans l’Art d’aimer, « fait du désir de Pasiphaé l’exemple même de la furiosa libido, du désir incontrôlé de la femme. Oubliée l’origine divine de la passion, seul compte désormais un amour insensé qui est démence (dementia) ; un ‘amour cruel (crudelis amor)’, ‘passion néfaste (Venus nefanda)’, qui pousse Pasiphaé à ‘un accouplement honteux (turpis concubitus)‘ » (Laurent GOURMELEN, « Les amours de Pasiphaé : problèmes d’analyse et d’interprétation mythologiques », dans Danièle AUGER, Charles DELATTRE [dir.], Mythe et fiction, Paris, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2010, pp. 383-397). |
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