Conrad von Hohenstaufen

Conrad de Souabe ou de Hohenstaufen, dit Conradin [1]Il est nommé Corradino en Italie. (Château de Wolfstein [Bavière], 1252 – Naples, 1268) : fils du roi Conrad IV et d’Élisabeth de Bavière, et donc petit-fils de Frédéric II, il fut duc de Souabe (1254-1268) sous le nom de Corrado IV, roi de Sicile (1254-1258) sous le nom de Corrado II [2]Conradin fut également roi de Jérusalem (1254-1268) sous le nom de Corrado III.. Après avoir échoué dans sa tentative de récupérer le patrimoine des Hohenstaufen dans le sud de l’Italie, Conradin, dernier représentant en ligne directe de la maison de Hohenstaufen, meurt à Naples le 29 octobre 1268, décapité alors qu’il vient d’avoir 16 ans sur l’ordre de Charles Ier d’Anjou, frère cadet du roi de France Louis IX. L’épisode sanglant est rapport dans la Chronique de Villani :

Curradino col dogio d’Ostaric e con più altri, i quali del campo erano fuggiti co·llui, sì arrivarono alla piaggia di Roma in su la marina a una terra ch’ha nome Asturi, ch’era degl’Infragnipani di Roma, gentili uomini ; e in quella arrivati, feciono armare una saettia per passare in Cicilia, credendo scampare dal re Carlo, e in Cicilia, che era quasi tutta rubellata a lo re, ricoverare suo stato e signoria. Essendo loro già entrati in mare sconosciuti nella detta barca, uno de’ detti Infragnipani ch’era in Asturi, veggendo ch’erano gran parte Tedeschi, e begli uomini, e di gentile aspetto, e sappiendo della sconfitta, sì s’avisò di guadagnare e d’esser ricco, e però i detti signori prese ; e saputo di loro esser, e com’era tra quegli Curradino, sì gli menò al re Carlo pregioni, per gli quali lo re gli donò terra e signoraggio a la Pilosa, tra Napoli e Benevento. E come lo re ebbe Curradino e que’ signori in sua balia, prese suo consiglio quello ch’avesse a·ffare. Alla fine prese partito di fargli morire, e fece per via di giudicio formare inquisizione contro a·lloro, come a traditori della corona e nemici di santa Chiesa ; e così fu fatto ; che a dì…. fu dicollato Curradino, e ’l duca d’Osteric, e ’l conte Calvagno, e ’l conte Gualferano, e ’l conte Bartolomeo e due suoi figliuoli, e ’l conte Gherardo de’ conti da Doneratico di Pisa in sul mercato di Napoli lungo il ruscello dell’acqua che corre di contra alla chiesa de’ frati del Carmino; e non sofferse il re che fossono soppelliti in luogo sacro, ma in su il sabbione del mercato, perch’erano scomunicati. E così in Curradino finì il legnaggio della casa di Soave, che fu in così grande potenzia d’imperadori e di re, come adietro è fatta menzione. Ma di certo si vede per ragione e per isperienza che chiunque si leva contra santa Chiesa e è scomunicato conviene che·lla fine sia rea per l’anima e per lo corpo; e però è sempre da temere la sentenza della scomunicazione di santa Chiesa giusta o ingiusta, che assai aperti miracoli ne sono stati, chi legge l’antiche croniche, e per questa il può vedere per gl’imperadori e signori passati, che furono ribelli e persecutori di santa Chiesa. Della detta sentenzia lo re Carlo ne fu molto ripreso, e dal papa, e da’ suoi cardinali, e da chiunque fu savio, però ch’egli avea preso Curradino e’ suoi per caso di battaglia, e non per tradimento, e meglio era a tenerlo pregione che farlo morire. E chi disse che ’l papa l’asentì; ma non ci diamo fede, perch’era tenuto santo uomo. E parve che·lla innocenzia di Curradino, ch’era di così giovane etade a giudicarlo a morte, Iddio ne mostrasse miracolo contra lo re Carlo, che non molti anni appresso Iddio gli mandò di grandi aversitadi quando si credea essere in maggiore stato, sì come innanzi nelle sue storie faremo menzione

« Conradin, le duc d’Autriche et plusieurs autres qui s’étaient enfuis du camp avec lui, arrivèrent sur la plage de Rome, au bord de la mer, dans une ville appelée Asturi, qui appartenait aux Infragnipani de Rome, hommes gentils ; et étant arrivés là, ils firent armer un navire pour passer en Sicile, croyant échapper au roi Charles, et en Sicile, qui avait été presque entièrement volée à leur roi, pouvoir recouvrer leur état et leur seigneurie. Alors qu’ils avenir déjà pris dans la mer incognito dans ledit bateau, l’un desdits Infragnipani qui se trouvaient à Asturi, voyant qu’ils étaient pour la plupart des Allemands, tous de beaux hommes et d’apparence douce, et connaissant leur défaite, s’avisa de gagner de l’argent et de devenir riche, et c’est pourquoi il fit prisonniers lesdits seigneurs ; et ayant appris leur existence et comment Conradin était parmi eux, il les mena prisonniers au roi Charles, pour lesquels le roi lui donna des terres et une seigneurie à La Pilosa, entre Naples et Bénévent. Et dès que le roi eut Conradin et ces seigneurs à sa merci, il prit conseil sur les questions qu’il avait à traiter. Finalement, il décida de les faire mourir et fit former une inquisition contre eux, comme traîtres à la couronne et ennemis de la Sainte Église ; et ainsi cela fut-il fait ; et ce jour … furent décapités Conradin, le duc d’Autriche, le comte Calvagno, le comte Gualferano, le comte Bartolommeo et deux de ses fils, et le comte Gherardo des comtes de Doneratico de Pise, sur la place du marché à Naples, à côté du ruisseau qui coule le long de l’église des frères Carmélites ; et le roi ne permit pas qu’ils soient enterrés dans un lieu sacré, mais sous le sable de la place du marché, puisqu’ils étaient excommuniés. Et c’est ainsi qu’avec Conradin se termina la lignée de la maison de Souabe, qui était si puissante à la fois en empereurs et en rois, comme nous l’avons déjà mentionné. Mais certainement nous pouvons voir, à la fois par la raison et par l’expérience, que quiconque s’élève contre la sainte Église et est excommunié, sa fin doit nécessairement être un mal pour l’âme et pour le corps ; et par conséquent la sentence d’excommunication de la Sainte Église, juste ou injuste, est toujours à craindre, car des miracles se sont produits confirmant cela, comme quiconque le voudra peut le lire dans les anciennes chroniques ; comme aussi par cette chronique actuelle on peut le voir à l’égard des empereurs et des seigneurs des temps passés, qui étaient des rebelles et des persécuteurs de la Sainte Église. Pourtant, à cause dudit jugement, le roi Charles a été beaucoup blâmé par le pape et par ses cardinaux, et par tous les sages, car puisqu’il avait capturé Conradin et ses partisans au cours d’une bataille, et non par trahison, il aurait mieux valu de le garder prisonnier que de le mettre à mort. Et les uns disaient que le pape y consentait ; mais nous ne donnons pas foi à cela, car il était considéré comme un saint homme. Et il semble qu’en raison de l’innocence de Conradin, qui était d’un âge si tendre quand il fut condamné à mort, Dieu a manifesté un miracle contre le roi Charles : peu d’années après Dieu lui a envoyé de grandes adversités alors qu’il se croyait dans une condition élevée, comme nous le mentionnerons ci-après. » [3]Giovanni VillaniNuova Cronica [1348], 8, XXIX, dans Ludovico Antonio MURATORI, Rerum Italicarum Scriptores. Raccolta degli storici italiani dal cinquecento al millecinquecento, voll. XIII e XIV, nuova edizione riveduta, ampliata e corretta con la direzione di Giosué CARDUCCI, Città di Castello, Coi tipi dell’editore Scipione Lapi ; [poi] Bologna, Nicola Zanichelli, 1900-1975..

Dante évoque Conradin au chant XX du Purgatoire : « Carlo venne in Italia e, per amenda / vittima fé di Corradino » («  Charles vint en Italie, et pour amende, fit de Conradin une victime. ») [4]Dante, La Divine Comédie, Purgatoire, XX, 68..

Notes

Notes
1 Il est nommé Corradino en Italie.
2 Conradin fut également roi de Jérusalem (1254-1268) sous le nom de Corrado III.
3 Giovanni VillaniNuova Cronica [1348], 8, XXIX, dans Ludovico Antonio MURATORI, Rerum Italicarum Scriptores. Raccolta degli storici italiani dal cinquecento al millecinquecento, voll. XIII e XIV, nuova edizione riveduta, ampliata e corretta con la direzione di Giosué CARDUCCI, Città di Castello, Coi tipi dell’editore Scipione Lapi ; [poi] Bologna, Nicola Zanichelli, 1900-1975.
4 Dante, La Divine Comédie, Purgatoire, XX, 68.