Virgile

Publius Vergilius Maro, dit Virgile (it. Virgilio) ou « le Cygne de Mantoue » (…, -70 av. J.-C. – …, -19 av. J.-C.) : Il est le plus grand poète de la Rome antique (70-19 av. J.-C.), né dans une famille de petits propriétaires terriens à Andes (aujourd’hui Pietole [1]Pietole : frazione de la commune de Borgo Virgilio.), près de Mantoue. Il reçu une éducation soignée et s’est approché de la philosophie épicurienne, fréquentant une école à Naples. En 42 av. J.-C., les triumvirs Octave (le futur empereur Auguste) et Antoine publient un décret expropriant certaines terres avec lesquelles récompenser les vétérans ayant combattu à Philippes contre les césaricides Brutus et Cassius, une disposition qui affecta également Virgile, lequel réussit apparemment à conserver ses biens grâce à l’intervention d’un personnage puissant, peut-être Asinius Pollio [2]Caius Asinius Pollio (Teate, 76 av. J.-C. – Tusculum, 5 ap. J.-C.) : homme politique, orateur et historien romain, créateur de la première bibliothèque publique (« primus bibliothecam dicando ingenia hominum rem publicam fecit », Pline l’Ancien, Naturalis historia, XXXV, 2). ou Octave lui-même. Après le succès des Bucoliques, dix poèmes à thème pastoral publiés en 39 av. J.-C., il est introduit dans le cercle de Mécène et rejoint le projet propre à Auguste de restauration de la paix et de la morale, composant entre 39 et 30 av. J.-C. les Géorgiques [3]Géorgiques : poème didactique sur des sujets agricoles. puis se consacrant à l’Enéide [4]Enéide : poème épique qui raconte la fuite d’Enée de Troie et la fondation par le héros de la ville de Lavinio, dans le Latium.. L’œuvre a été réalisée entre – 29 et -19 av. J.-C. mais n’a pas pu être entièrement terminée, l’auteur étant mort en 19 av. J.-C. au retour d’un voyage en Grèce. Bien que Virgile ait recommandé de brûler le texte, ses amis le publièrent par la volonté d’Auguste. L’Énéide devint ainsi le principal poème épique de la latinité, considéré de nos jours encore comme l’une des principales œuvres de la littérature occidentale. La renommée de Virgile au Moyen Âge fut extrême, faisant de lui un maître du style et de la poésie, également considéré comme un modèle de sagesse philosophique, voire un prophète inconscient des vérités chrétiennes, cela surtout en raison de la quatrième Eglogue, interprétée comme une prédiction de la naissance du Christ) [5]La quatrième églogue de Virgile est dédiée au sénateur Pollion, négociateur de la paix entre Octave et Marc-Antoine et patron littéraire de Virgile. Son vocabulaire correspond pleinement à l’univers mythologique gréco-romain, avec notamment des allusions à la Sibylle, au règne de Saturne (le premier Âge d’or romain) et à Apollon. Pourtant, on constate une ressemblance … Poursuivre

Dans la Divine Comédie, après avoir été repoussé vers la forêt par la louve [6]Enfer, I, 55-60 : E qual è quei che volontieri acquista,e giugne ‘I tempo che perder lo face,che ‘n tutti suoi pensier piange e ‘attrista ;tal mi fece la bestia sanza pace,che, venendomi ‘ncontro, a poco a pocomi ripigneva là dove ‘l sol tace.  Et pareil à celui qui se plaît à gagner,mais vient le temps qui le fait perdre,alors il pleure et se désole … Poursuivre, Dante entrevoit une ombre [7]Enfer, I, 61-63 :





Quando vidi costui nel gran diserto,
« Miserere di me », gridai a lui,
« qual che tu si, od ombra od omo certo !
 »



Quand je la vis dans le grand désert,
« Miserere de moi », je lui criai,
« qui que tu sois, ombre ou homme certain ! »), vv. 62-63.
à qui il demande de l’aide et qui lui révèle son identité : c’est Virgile, le guide qui éclairera le chemin du poète à travers l’abîme infernal et la montagne du Purgatoire, jusqu’au Paradis terrestre où Béatrice, finalement, le remplacera.


Notes

Notes
1 Pietole : frazione de la commune de Borgo Virgilio.
2 Caius Asinius Pollio (Teate, 76 av. J.-C. – Tusculum, 5 ap. J.-C.) : homme politique, orateur et historien romain, créateur de la première bibliothèque publique (« primus bibliothecam dicando ingenia hominum rem publicam fecit », Pline l’Ancien, Naturalis historia, XXXV, 2).
3 Géorgiques : poème didactique sur des sujets agricoles.
4 Enéide : poème épique qui raconte la fuite d’Enée de Troie et la fondation par le héros de la ville de Lavinio, dans le Latium.
5 La quatrième églogue de Virgile est dédiée au sénateur Pollion, négociateur de la paix entre Octave et Marc-Antoine et patron littéraire de Virgile. Son vocabulaire correspond pleinement à l’univers mythologique gréco-romain, avec notamment des allusions à la Sibylle, au règne de Saturne (le premier Âge d’or romain) et à Apollon. Pourtant, on constate une ressemblance surprenante entre certains passages et des prophéties messianiques de l’Ancien Testament, du livre d’Isaïe en particulier : « Souris, chaste Lucine, à cet enfant naissant. […] Cet enfant jouira de la vie des dieux ; il verra les héros mêlés aux dieux ; lui-même il sera vu dans leur troupe immortelle, et il régira l’univers, pacifié par les vertus de son père. » (« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, Et la domination reposera sur son épaule ; On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. Donner à l’empire de l’accroissement, Et une paix sans fin au trône de David et à son royaume, L’affermir et le soutenir par le droit et par la justice, Dès maintenant et à toujours: Voilà ce que fera le zèle de l’Eternel des armées. » [Es 9, 6-7]).
« Les chèvres retourneront d’elles-mêmes au bercail, les mamelles gonflées de lait ; et les troupeaux ne craindront plus les redoutables lions : les fleurs vont éclore d’elles-mêmes autour de ton berceau, le serpent va mourir ; plus d’herbe envenimée qui trompe la main ; partout naîtra l’amome d’Assyrie. » (« Le loup habitera avec l’agneau, Et la panthère se couchera avec le chevreau ; Le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse, seront ensemble, Et un petit enfant les conduira. La vache et l’ourse auront un même pâturage, Leurs petits un même gîte ; Et le lion, comme le bœuf, mangera de la paille. Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, Et l’enfant sevré mettra sa main dans la caverne du [Es 11, 6-8]). Un certain nombre de références dans son œuvre montrent que Virgile avait probablement lu la Septante, la traduction grecque de la Bible hébraïque. Puisqu’il comprenait son œuvre comme une prophétie, il est possible qu’il ait repris les images de cette autre tradition prophétique à ses propres fins.
6 Enfer, I, 55-60 :

E qual è quei che volontieri acquista,
e giugne ‘I tempo che perder lo face,
che ‘n tutti suoi pensier piange e ‘attrista ;
tal mi fece la bestia sanza pace,
che, venendomi ‘ncontro, a poco a poco
mi ripigneva là dove ‘l sol tace

Et pareil à celui qui se plaît à gagner,
mais vient le temps qui le fait perdre,
alors il pleure et se désole en chaque pensée ;
pareil me fit la bête qui n’a pas de paix,
quand venant contre moi peu à peu
elle me repoussait où le soleil se tait », vv. 55-60).

7 Enfer, I, 61-63 :

Quando vidi costui nel gran diserto,
« Miserere di me », gridai a lui,
« qual che tu si, od ombra od omo certo !
 »

Quand je la vis dans le grand désert,
« Miserere de moi », je lui criai,
« qui que tu sois, ombre ou homme certain ! »), vv. 62-63.