Loderingo degli Andalò o Loderengo (Bologne, v. 1210 – Ronzano [Bologne], 1293 : religieux, l’un des fondateurs de l’Ordo Militiæ Mariæ Gloriosæ (Chevaliers de la Mère de Dieu [1]Ordo Militiæ Mariæ Gloriosæ : ordre militaire et hospitalier fondé au XIIIe siècle pour garantir la paix entre les factions de la ville ; l’ordre s’est éteint vers la fin du XVIe siècle.), également connu sous la dénomination populaire : frati Gaudenti (frères joyeux).
On fait sa rencontre en compagnie de Catalano dei Malavolti dans le chant XXII de l’Enfer, où Dante les croise tous les deux parmi les hypocrites vêtus de chapes dorées « mais dedans tout en plomb, si lourdes qu’auprès d’elles, celle de Frédéric aurait semblé de paille » (vv. 66-67). Au poète qui les interroge : « qui êtes-vous, dont les joues ruissellent comme je vois d’une telle douleur ? », Catalano répond en ces termes :
« “Frati godenti fummo, e bolognesi ;
io Catalano e questi Loderingo
nomati, e da tua terra insieme presi
come suole esser tolto un uom solingo,
per conservar sua pace; e fummo tali,
ch’ancor si pare intorno dal Gardingo“. »
« “Nous fûmes joyeux frères, et bolonais ;
je m’appelais Catalano, et lui Loderingo,
élus ensemble par ta ville,
bien qu’un seul d’habitude soit pris,
pour maintenir la paix ; et nous fîmes si bien
qu’on voit encore la trace autour du Gardingo.” » [2]Dante ALIGHIERI, La divine comédie [v. 1304-1321] (éd. sous la direction de Carlo Ossola, traduction de Jacqueline Risset), Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 2021, Enfer, XIII, 103-108, pp. 180-181..
En juillet-décembre 1266, à la suite de la défaite des force Gibelines à Bénévent [3]Le 26 février 1266, la bataille de Bénévent opposa les Siciliens du roi Manfred de Hohenstaufen aux Français et Provençaux de Charles d’Anjou, qui fut victorieux. Cette campagne est considérée par l’Église comme une croisade, Manfred étant excommunié., Catalano et Loderingo furent envoyés comme podestats à Florence par le pape Clément IV. Exceptionnellement, deux podestats furent choisis au lieu d’un (v. 106) : l’appartenance des frères à des factions diverses mais au même ordre religieux devait garantir l’équilibre du processus de pacification (v. 107). Cependant, les actes des deux hommes ne furent pas jugés impartiaux : en décembre 1266, impopulaires auprès des deux partis, ils obtinrent d’abandonner leur charge ; en janvier, les guelfes exilés rentrèrent en ville et, trois mois plus tard, les gibelins furent définitivement expulsés.
Notes
1↑ | Ordo Militiæ Mariæ Gloriosæ : ordre militaire et hospitalier fondé au XIIIe siècle pour garantir la paix entre les factions de la ville ; l’ordre s’est éteint vers la fin du XVIe siècle. |
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2↑ | Dante ALIGHIERI, La divine comédie [v. 1304-1321] (éd. sous la direction de Carlo Ossola, traduction de Jacqueline Risset), Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 2021, Enfer, XIII, 103-108, pp. 180-181. |
3↑ | Le 26 février 1266, la bataille de Bénévent opposa les Siciliens du roi Manfred de Hohenstaufen aux Français et Provençaux de Charles d’Anjou, qui fut victorieux. Cette campagne est considérée par l’Église comme une croisade, Manfred étant excommunié. |