Duccio di Buoninsegna (Sienne, vers 1255/57 – vers 1318/19)
Madonna dei Francescani, vers 1300.
Tempéra sur panneau, 24 x 17 cm.
Provenance : ?
Sienne, Pinacoteca Nazionale.
De petit format, la Madonna dei Francescani (Vierge des Franciscains) représente Marie assise sur un trône tenant Jésus sur ses genoux. Dans le coin inferieur gauche de l’œuvre, trois moines franciscains sont représentés à genoux devant elle en adoration. L’échelle des trois moines n’est pas la même que celle des deux personnages sacrés afin de signifier respectueusement la distance qui les sépare. L’un d’eux prend le pied gauche de la Vierge entre ses mains et semble sur le point d’y déposer un baiser.
Duccio, alors proche de la période de sa plus grande maturité artistique, réalise ici un minuscule chef-d’oeuvre qui allie une richesse chromatique d’un grand raffinement à un agencement des formes d’une subtilité non moins grande ; s’éloignant lentement des formules et des caractéristiques plastiques héritées de l’art de Byzance, il les interprète avec une sensibilité toute personnelle et nouvelle, contribuant ainsi à la naissance d’un art qui sera qualifié de gothique.
Si la couleur raffinée et précieuse constitue sans doute l’une des qualités les plus singulières, et reconnaissables entre toutes, de la peinture de Duccio, l’agencement de l’espace de la représentation qu’il réalise au sein de ce petit panneau est d’une nouveauté étonnante : traitant le sujet à la manière d’un miniaturiste, il installe le groupe principal sur un arrière plan parfaitement parallèle à la surface de l’œuvre, un immense drap d’honneur porté par quatre anges, soigneusement orné par la répétition d’un motif géométrique régulier, d’une densité telle qu’elle va jusqu’à la saturation et fait disparaître un instant le fond doré si attendu en pareille situation. Le trône sur lequel siège la Vierge présente lui aussi la particularité de comporter un marchepied et des faces avant et arrière parfaitement parallèles au plan du support pictural. En dépit de ce parallélisme des plans, dont la principale conséquence est d’imposer un espace en deux dimensions, la figure de la Vierge paraît fermement assise sur son trône, aidée en cela par le subterfuge des obliques qui, tout en modelant les formes et le volume du siège, contribue également à simuler la profondeur de l’espace.
Les lacunes de peinture, essentiellement situées autour des visages des personnages principaux et des anges qui les accompagnent, proviennent du fait que Duccio a peint à même la feuille d’or préalablement appliquée sur la surface du panneau, ne permettant pas au pigment coloré d’adhérer correctement, fragilisant ainsi l’œuvre.

L’œuvre étant exposée dans une vitrine au milieu de la salle, il est possible, chose rare, de voir le revers de cette petite Maestà dei Francescani, avec, en quelque sorte, le sentiment de pouvoir presque tenir cette tablette si précieuse entre nos mains.
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