Benedetto di Bindo, “Madonna in trono con i Santi Andrea e Onofrio”

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Benedetto di Bindo (Sienne, 1389 – 1417) ou Gualterio di Giovanni (documenté entre 1389 et 1445)

Madonna in trono con i Santi Andrea e Onofrio (Vierge en majesté avec les saints André et Honophrius), date ?

Tempéra sur panneaux, 176 x 142 cm.

Inscription (dans les clipeus respectifs d’Isaïe et Jérémie) : “ISAIAH” ; [J]EREMI[A]”

Provenance : Ancien couvent de Santa Maria à Sienne.

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

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L’Enfant Jésus se tient debout sur les genoux de sa Mère elle-même représentée en Reine des Cieux, assise sur un trône. Il tient serré dans une main un petit rouleau (le Fils de Dieu, qui possède la connaissance, sait aussi lire, bien évidemment) et, de l’autre, soulève une partie du voile qui sert de coiffe à sa Mère. C’est ce même voile que Marie utilisera comme perizonium pour cacher la nudité de son fils au Calvaire. Nous sommes donc face à une nouvelle occurrence de l’utilisation d’une symbolique qui vise à évoquer la destinée à laquelle le Christ est voué sur terre.

Des deux saints qui entourent le panneau central, l’un, est André, l’apôtre, accompagné de la fine croix qui en est le symbole iconographique majeur. Le second, Honophrius dont les apparitions en peinture sont beaucoup plus rares, fait l’objet d’une dévotion particulière à Sienne. Facilement reconnaissable, il peut cependant parfois être confondu avec Macaire, autre moine solitaire dont on peut voir une représentation sur le polyptyque du Couronnement de la Vierge de Bartolo di Fredi, au musée de Montalcino. Honophrius (Onofrio en italien) est un ermite qui aurait vécu à la fin du IVe siècle et passé 60 ans dans le désert où l’on dit que les privations finirent par lui donner l’apparence d’une bête. Il est représenté sous les traits d’un vieillard dont la barbe descend presque jusqu’aux pieds, appuyé sur un bâton, parfois avec une couronne au sol pour signifier son renoncement aux choses de ce monde.

Au-dessus de l’arc du panneau central, se trouvent deux petits médaillons au format appelé clypéiforme [1], dans lesquels on distingue à peine les prophètes Isaïe et Jérémie. Leur présence constitue, comme d’habitude en pareille situation, une sorte de commentaire de la scène principale, laquelle est aussi une célébration de la venue du Messie : dans l’Ancien Testament, Isaïe est l’auteur de la prophétie annonçant la venue du Messie (« Ecce Virgo concipiet et pariet …[2]») ; Jérémie, quant à lui, prédit la destruction de Jérusalem, ainsi que l’exil des populations juives à Babylone du fait de leur manque de foi. [3]

[1] Terme emprunté au vocabulaire de l’histoire naturelle, qui signifie « en forme de bouclier » (latin : clypeus, bouclier).

[2] Isaïe 07, 14.

[3] Jérémie 39 et 52.