Giovanni di Paolo, « Crocifissione »

Giovanni di Paolo (actif à Sienne vers 1400 – 1482)

Crocifissione (Crucifixion), 1427 (?).

Compartiment de la prédelle du polyptyque Branchini, tempéra sur bois, 49,3 x 52,2 cm.

Inscriptions : /

Provenance : Don de l’abbé Ciaccheri.

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

L’iconographie de la scène de la Crucifixion s’inscrit dans une typologie alors stabilisée de longue date, selon laquelle les justes sont répartis sur la droite du Christ, les autres sur sa gauche (sénestre), à l’exception de Jean. La figure éplorée de l’Évangéliste, tournant le dos aux groupe constitué des ‘injustes’, les bras levés marquant sont désespoir, présente, outre la vérité de son attitude, un second caractère, archaïsant cette fois-ci, qu’il partage avec les saintes femmes réunies à l’opposé de la croix : son auréole, symbole immatériel par principe, dissimule néanmoins celui de ses bras situé au second plan, selon un principe qui peut sembler contradictoire au regard d’une recherche de réalisme qui, si elle est présente dans le détail des figures, des expressions, du rendu des textures et du volume des drapés sur lesquels joue la lumière, n’est pas la principale préoccupation des peintres siennois en ce début du Quattrocento, ce qui les distinguera essentiellement de leurs contemporains florentins au cours du siècle à venir.

Le fond d’or tant aimé des siennois envahit ici l’espace à profusion et situe la scène dans une sorte d’au-delà du réel qui est aussi l’une des marques distinctives de l’art de Giovanni di Paolo. Cette impression est encore renforcée, involontairement cette fois, par l’érosion des figures due à la mauvaise adhérence de la couche picturale sur la feuille d’or. Aucune d’elles n’échappe à ce lent processus de disparition. Les anges qui volètent autour de la croix ne sont plus qu’une présence diaphane [1]Ont-ils jamais été peints ? dont seuls les contours se souviennent, contribuant ainsi à conforter le caractère irréel de l’ensemble.

Notes

Notes
1 Ont-ils jamais été peints ?