
La Porte Romaine
Se rendre sur place :
« Grande e bella, di gran difitio più che porta che sia in Italia. » [1]« Grande et belle, de fière allure plus que toute autre porte en Italie. » Agnolo di Tura del Grasso, Cronaca senese, dans A. LISINI, F. IACOMETTI (ed.), Rerum Italicarum Scriptores, XV, vi, Cronache senesi, Bologne, (s.d.), p. 488 ; pour la datation et la fiabilité du manuscrit voir : W. M. BOWSKI, « The Impact of the Black Death upon Sienese Government and Society », … Poursuivre.

Il s’agit de la plus monumentale des portes siennoises, avec son imposante façade extérieure enrichie d’un rempart lui-même grandiose. La Porta Romana, également appelée, à l’époque de sa construction, « Porta Nuova » (elle remplaça alors l’ancienne Porta di San Martino), a été construite par les maîtres Agnolo di Ventura et Agostino di Giovanni entre 1327 [2]Les travaux commencèrent en 1327 avec le creusement des fondations, et la première pierre fut posée l’année suivante. et 1329, comme l’indique une plaque fixée au mur, à droite de l’arche principale. L’enjeu était d’importance. Il s’agissait de marquer solennellement l’entrée principale de la ville aux voyageurs en provenance Rome, capitale de l’état sur lequel régnait le pape. La Porte Romaine devait être visible de toutes parts depuis la via Francigena (antique via Cassia), de manière à agir comme un point de repère pour quiconque s’apprêtait à traverser la ville où à s’y arrêter pour y prendre du repos. Le résultat fut unanimement jugé d’une grande majesté, comme en témoigne le chroniqueur Agnolo di Tura (voir plus haut, en exergue), ainsi que d’une parfaite fonctionnalité.
« Selon le chroniqueur siennois Agnolo di Tura [3]Agnolo di Tura, detto « il Grasso » (XIVe s.) : fabriquant de chaussures, collecteur des taxes, mais surtout, chroniqueur siennois du XIVe s., poursuiveur de la Cronaca Sanese d’Andrea Dei pour les années 1329 à 1351, dans laquelle il rapporte principalement des souvenirs domestiques., la construction de la Porta Romana a commencé le 13 août 1327 et la porte était « presso che fornita » [4]« […] presque terminée […]. » Un autre chroniqueur précise qu’il s’agit d’une « très noble, grande et belle porte, et qu’elle le sera davantage encore lorsque la figure de Notre-Dame sera achevée au sommet de cette porte » (« è molto nobile e bella porta e magnia, e masime quando sarà fornita la fighura di nostra Donna a chapo a essa porta » [Chronique d’un anonyme … Poursuivre vers le milieu du XIVe siècle, au moment où il écrivait. C’était alors la décoration qui demeurait inachevée : entre 1362 et 1400, un chroniqueur anonyme nota que la beauté et la noblesse de la porte seraient encore plus grandes lorsque sa « fighura di nostra Donna » serait achevée. Ce qui contribue à confirmer les remarques souvent mal interprétées de Ghiberti concernant une sinopie du Couronnement de la Vierge dessinée par Simone Martini et vue par lui sur la « porta che va a Roma » [5]« era cominciata sopra alla porta che sa a Roma una grandissima istoria d’una incoronatione. Vidi-la disegnata colla cinabrese.’ (C. KNAPP FENGLER, Lorenzo Ghiberti’s ‘Second Commentary’. The Translation and Interpretation of a Fundemental Renaissance Treatise on Art, unpublished doctoral dissertation, University of Wisconsin, 1974, pp.42-43). Note de l’auteur.. Jusqu’à récemment, on pensait à tort que l’actuelle Porta Romana s’était toujours appelée « Porta Nuova » ou « Porta di San Martino » dans la période considérée, et jamais décrite de la même manière que Ghiberti. Cela a donné lieu à des spéculations confuses selon lesquelles Ghiberti aurait confondu la Porta Romana avec l’Antiporto di Camollia, situé à l’autre bout de la ville » [6]« Au XVIe s., la localisation de la Sinopia était confuse » ; voir G. VASARI, Le Vite de’ più eccellenti pittori, scultori ed architettori, ed. G. MILANESI, Florence, 1878-85, I, pp.556-57. For a summary of the intricate literature on this subject, see E. CARLI : « Luoghi ed opere d’arte senesi nelle prediche di Bernardino del 1427 », Bernardino predicatore nella società … Poursuivre, lequel possédait également une sinopie au XIVe siècle. En fait, la « porta che va a Roma » de Ghiberti était une désignation courante pour la Porta Romana dans les premiers documents » [7]« Le chroniqueur anonyme de 1362-1400, mentionné à la note ci-dessus, l’appelait « porta che va a Roma » (MORAN, op. cit. […], p. 87, note 7). Voir également AGNOLO DI TURA, op, cit., pp. 458-488 : « la porta di Sa’ Martino e porte Romana, la quale viene fuore … nella strada Francesco che sa a Roma » et « La porta Nuova de la città di Siena che va a Roma (si) … Poursuivre, et il semble raisonnable de supposer que certains bien avant le milieu du XIVe siècle, une sinopie du Couronnement de la Vierge y fut en effet réalisée, probablement par Simone Martini. » [8]Machtelt BRÜGGEN ISRAËLS, « New Documents for Sassetta and Sano di Pietro at the Porta Romana, Siena », The Burlington Magazine, Vol. 140, Nº 1144, 1998, pp. 436-444.
Dans les temps anciens sur la façade il y avait une grande fresque (dont les épaves, actuellement détachées sont conservés dans la Basilique de San Francesco avec le Couronnement de la Vierge), commandée à Taddeo di Bartolo, reprise par Sassetta et achevée par Sano di Pietro entre 1459 et 1466. Immédiatement après, Giovanni di Stefano sculpta les louves avec les jumeaux, symbole de Sienne, au-dessus des deux consoles sur les côtés de l’arc, récemment enlevées et placées au Musée de Santa Maria della Scala.
Après des modifications répétées au cours des siècles, l’édifice a subi une importante restauration dans les années 1930, qui a permis de restaurer en partie son tracé d’origine.
Pour en accroître la valeur esthétique, la partie haute du donjon, au-dessus de la seconde porte (fig. 2), fut ornée d’une fresque représentant le Couronnement de la Vierge (voir ici), à laquelle travaillèrent trois grands artistes (dont Sassetta).
En 1734, sur la droite de la façade, le chevalier Pecci fit insérer un fragment d’inscription romaine remémorant le culte d’Auguste (« Silvano sac[rum] / C. Victricius / memor vi vir [a]ugustalis posuit »). Un grand emblème sculpté des Médicis a également été placé sur la paroi de droite de l’avant-porte, en l’honneur de Côme 1er.
Ce qui restait de la Porte au milieu du XXe siècle fut miné par les Américains lors de leur entrée dans la ville en 1944 (les quelques épaves subsistantes sont conservées dans l’église de San Francesco). Plusieurs opérations de restauration menées au cours de la seconde moitié du XXe siècle ont fini par rendre à l’édifice sa splendeur originelle. L’élargissement de la route en direction de Rome et les alignement d’arbres qui y ont été plantés de chaque côté créent un cadre scénographique qui vise à mettre en valeur l’imposant bastion.
Au début du XXe s., la fresque représentant le Couronnement de la Vierge, peinte par Sassetta et Sano di Pietro n’avait pas encore été détachée de son emplacement d’origine : on la distingue parfaitement sur l’une des photographies anciennes ci-dessous (fig. 5).
Notes
1↑ | « Grande et belle, de fière allure plus que toute autre porte en Italie. » Agnolo di Tura del Grasso, Cronaca senese, dans A. LISINI, F. IACOMETTI (ed.), Rerum Italicarum Scriptores, XV, vi, Cronache senesi, Bologne, (s.d.), p. 488 ; pour la datation et la fiabilité du manuscrit voir : W. M. BOWSKI, « The Impact of the Black Death upon Sienese Government and Society », Speculum, XXXIX (1964), pp. 3-4. |
---|---|
2↑ | Les travaux commencèrent en 1327 avec le creusement des fondations, et la première pierre fut posée l’année suivante. |
3↑ | Agnolo di Tura, detto « il Grasso » (XIVe s.) : fabriquant de chaussures, collecteur des taxes, mais surtout, chroniqueur siennois du XIVe s., poursuiveur de la Cronaca Sanese d’Andrea Dei pour les années 1329 à 1351, dans laquelle il rapporte principalement des souvenirs domestiques. |
4↑ | « […] presque terminée […]. » Un autre chroniqueur précise qu’il s’agit d’une « très noble, grande et belle porte, et qu’elle le sera davantage encore lorsque la figure de Notre-Dame sera achevée au sommet de cette porte » (« è molto nobile e bella porta e magnia, e masime quando sarà fornita la fighura di nostra Donna a chapo a essa porta » [Chronique d’un anonyme siennois, dans LISINI et IACOMETTI, op. cit., p. 140]). » La figure en question ne peut-être, en 1327, que la sinopie alors tracée par Simone Martini. |
5↑ | « era cominciata sopra alla porta che sa a Roma una grandissima istoria d’una incoronatione. Vidi-la disegnata colla cinabrese.’ (C. KNAPP FENGLER, Lorenzo Ghiberti’s ‘Second Commentary’. The Translation and Interpretation of a Fundemental Renaissance Treatise on Art, unpublished doctoral dissertation, University of Wisconsin, 1974, pp.42-43). Note de l’auteur. |
6↑ | « Au XVIe s., la localisation de la Sinopia était confuse » ; voir G. VASARI, Le Vite de’ più eccellenti pittori, scultori ed architettori, ed. G. MILANESI, Florence, 1878-85, I, pp.556-57. For a summary of the intricate literature on this subject, see E. CARLI : « Luoghi ed opere d’arte senesi nelle prediche di Bernardino del 1427 », Bernardino predicatore nella società del suo tempo, Atti del XVI Convegno storico internazionale (Todi, 9-12 octobre 1975), Todi, 1976, pp. 156-69 (selon Carli, Ghiberti a vu une sinopie de Taddeo di Bartolo sur la Porta Romana). Parmi les contributions plus récentes, optant pour une sinopia de Simone sur la Porta Romana, citons : A. MARTINDALE, Simone Martini, Oxford, 1988, pp.43, 211 ; G. MORAN, « An Investigation Regarding the Equestrian Portrait of Guidoriccio da Fogliano in the Siena Palazzo Pubblico », Paragone, XXVIII (1977), p. 87, note 7 ; et, optant pour l’Antiporto di Camollia, A. DE MARCHI, « Una fonte senese per Ghiberti e per il giovane Angelico », Artista (1992), pp.143, 149-50, note 59, 150-51, note 66. |
7↑ | « Le chroniqueur anonyme de 1362-1400, mentionné à la note ci-dessus, l’appelait « porta che va a Roma » (MORAN, op. cit. […], p. 87, note 7). Voir également AGNOLO DI TURA, op, cit., pp. 458-488 : « la porta di Sa’ Martino e porte Romana, la quale viene fuore … nella strada Francesco che sa a Roma » et « La porta Nuova de la città di Siena che va a Roma (si) chiama porta di San Martino. » Les documents d’archives semblent toujours y faire référence sous le nom de Porta Nuova. |
8↑ | Machtelt BRÜGGEN ISRAËLS, « New Documents for Sassetta and Sano di Pietro at the Porta Romana, Siena », The Burlington Magazine, Vol. 140, Nº 1144, 1998, pp. 436-444. |
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.