Source écrite de l’épisode de la Fuite en Égypte

En même temps que le Massacre des Innocents, la Fuite en Égypte constitue l’un des passages de l’Évangile selon Matthieu (Mt 2, 13-23) avec lequel il forme un récit complet.

« Après leur départ [1]Le départ des rois mages (voir : Adoration des mages)., voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : ‘Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr’. Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils. Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus. Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : ‘Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant’. Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël. Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen ».

Les apocryphes modifient l’ordre des scènes : « alors que Matthieu situe la Fuite en Egypte avant le Massacre des Innocents », écrit Louis Réau, « les textes apocryphes eurent tous en commun de renverser la chronologie, faisant succéder au Massacre, la Fuite en Egypte [2]Louis Réau, Iconographie de l’art chrétien, vol. II, 2, Paris, Presses universitaires de France, 1957, p. 273. ». Ces textes [3]Histoire de Joseph le Charpentier (VIII) ; Évangile du Pseudo-Matthieu (XVIII, 1) ; Protévangile de Jacques (XVII, 2) ; Evangile de l’Enfance., ainsi que la Légende dorée de Jacques de Voragine, ajoutent plusieurs informations au récit de Matthieu sans doute estimé trop peu explicite pour satisfaire pleinement une curiosité légitime, sinon un goût très partagé pour une narration emplie de détails plus ou moins réalistes, pourquoi pas miraculeux. C’est ainsi qu’est apparue la scène du repos pendant la fuite, au cours de laquelle se produit le miracle du palmier s’inclinant pour offrir ses dattes à la Sainte Famille éprouvant le besoin de se nourrir, mais aussi l’attaque des brigands [4]L’apocryphe de l’Evangile de l’Enfance fait mention d’une légende selon laquelle deux brigands, Damachus et Titus, auraient croisé la Sainte Famille durant son voyage. Le premier, « […] aurait voulu les dépouiller ; l’autre […] aurait au contraire donné quarante drachmens à son compagnon pour qu’il les laissât passer sans leur faire aucun mal ; par la suite, Titus aurait … Poursuivre, l’épisode des larrons [5]Cet épisode légendaire est absent des apocryphes comme de la Légende dorée. On en trouve la narration dans un incunable anonyme d’une trentaine de pages imprimé à Lyon vers la fin du XVe s., et réédité au XIXe s. par l’abbé Migne dans son Dictionnaire des Apocryphes : « Dans le trajet de Marie et Joseph avec le Sauveur pour l’Egypte, on rapporte ce qui suit : Marie et Joseph … Poursuivre, le miracle du champ de blé [6]La source de cet épisode miraculeux se trouve également dans le Dictionnaire des Apocryphes, à la suite du précédent (voir note 5) : « Ainsi après que Notre-Dame cheminait, ils vont trouver un laboureur qui seminait du blé. L’enfant Jésus mit la main au sac et jeta son plein poing de blé au chemin ; incontinent le blé fut si grand et si meûr que s’il eût demeuré un an à … Poursuivre, la chute des idoles d’Égypte [7]Les chapitres XXII à XXIV de l’Évangile du Pseudo-Matthieu, daté de la fin du VIe siècle (au plus tôt), décrivent la chute des idoles du temple, appelé le « Capitole d’Égypte », qui n’en comprenait pas moins de « 365 », au moment où Marie et Jésus y pénétrèrent) : « Or il advint que lorsque la bienheureuse Vierge Marie entra dans le temple entra dans le temple avec … Poursuivre.

Notes

Notes
1 Le départ des rois mages (voir : Adoration des mages).
2 Louis Réau, Iconographie de l’art chrétien, vol. II, 2, Paris, Presses universitaires de France, 1957, p. 273.
3 Histoire de Joseph le Charpentier (VIII) ; Évangile du Pseudo-Matthieu (XVIII, 1) ; Protévangile de Jacques (XVII, 2) ; Evangile de l’Enfance.
4 L’apocryphe de l’Evangile de l’Enfance fait mention d’une légende selon laquelle deux brigands, Damachus et Titus, auraient croisé la Sainte Famille durant son voyage. Le premier, « […] aurait voulu les dépouiller ; l’autre […] aurait au contraire donné quarante drachmens à son compagnon pour qu’il les laissât passer sans leur faire aucun mal ; par la suite, Titus aurait été le bon larron, Dramachus le mauvais ».
5 Cet épisode légendaire est absent des apocryphes comme de la Légende dorée. On en trouve la narration dans un incunable anonyme d’une trentaine de pages imprimé à Lyon vers la fin du XVe s., et réédité au XIXe s. par l’abbé Migne dans son Dictionnaire des Apocryphes : « Dans le trajet de Marie et Joseph avec le Sauveur pour l’Egypte, on rapporte ce qui suit : Marie et Joseph n’avaient point d’argent et il leur fallait pourter leur enfant et fuir en étrange pays et déserts sauvaige et chemins terribles où ils trouvèrent des larrons dont il en eut un qui leur fit bonne chière en les renvoyant moult doucement, et leur montrait le chemin, et dit-on que ce fut le bon larron qui fut sauvé à la Passion de Notre-Seigneur. »
6 La source de cet épisode miraculeux se trouve également dans le Dictionnaire des Apocryphes, à la suite du précédent (voir note 5) : « Ainsi après que Notre-Dame cheminait, ils vont trouver un laboureur qui seminait du blé. L’enfant Jésus mit la main au sac et jeta son plein poing de blé au chemin ; incontinent le blé fut si grand et si meûr que s’il eût demeuré un an à croître, et quand les gens d’armes de Hérodes, qui queraient l’enfant pour l’occire, vinrent à celui laboureur qui cueillait son blé, si lui vont demander s’il avait point vu passer une femme qui portait un enfant. ‘Oui, dit-il, quand je semais ce blé’. Lors les meurtriers se pensèrent qu’il ne savait ce qu’il faisait, car il avait près d’un an que celui blé avait été semé, si s’en retournèrent arrière. »
7 Les chapitres XXII à XXIV de l’Évangile du Pseudo-Matthieu, daté de la fin du VIe siècle (au plus tôt), décrivent la chute des idoles du temple, appelé le « Capitole d’Égypte », qui n’en comprenait pas moins de « 365 », au moment où Marie et Jésus y pénétrèrent) : « Or il advint que lorsque la bienheureuse Vierge Marie entra dans le temple entra dans le temple avec l’Enfant, toutes les idoles furent jetées à terre, si bien que toutes gisaient en morceaux, la face brisée, et ainsi leur néant fut prouvé. Ainsi fut accompli ce qui avait été dit par le prophète Isaïe : « Voici que le Seigneur viendra sur une nuée de lumière et entrera en Égypte, et tous les ouvrages faits de la main des Égyptiens trembleront à son aspect (XXIV). »

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