
Francesco di Giorgio Martini (Sienne, 1439 – 1501) ou Urbano da Cortona (Cortone, vers 1426 – Sienne, 1504)
Histoire de Judith, 1473.
Marqueterie de marbres polychromes.
Inscriptions : /
Sienne, Duomo.
L’œuvre raconte un épisode de l’histoire de Judith, héroïne juive dont l’histoire est racontée dans le livre de l’Ancien Testament qui porte son nom [1]Voir Livre de Judith (2, 5-9) : « […] le Seigneur souverain de l’univers les a confondus par la main d’une femme. Non, ce n’est pas devant des jeunes gens que leur homme fort a succombé, ce ne sont pas des fils de Titans qui l’ont frappé, ni d’immenses Géants qui l’ont attaqué, mais c’est Judith, fille de Merari : par la beauté de son visage, … Poursuivre. Pour sauver sa ville de Béthulie assiégée par l’armée assyrienne et sur le point de succomber [2]Ici, Béthulie ressemble étrangement à Sienne., Judith, résolue par l’inspiration de Dieu à sauver son peuple, quitte la ville avec une de ses servantes, et se rend au camp des Assyriens. Introduite auprès d’Holopherne [3]Holopherne est général de Nabuchodonosor, roi de Ninive., chef des assaillants, elle le captive par sa beauté, puis accepte de s’asseoir à sa table. Quand celui-ci est enfin vaincu par l’ivresse, elle l’assassine en lui tranchant la tête et rentre à Béthulie pendant la nuit. Le lendemain, les Juifs suspendent à leurs murs la tête sanglante d’Holopherne : les Assyriens, terrifiés, lèvent le siège après avoir éprouvé une sanglante défaite.
La scène représente le moment où, accompagnée de sa servante, Judith retourne vers la cité, portant la tête du tyran dans un panier. Au pied des murailles, la cavalerie des Hébreux s’élance vers le campement des ennemis dorénavant privés de leur chef, pour engager le combat dont ils sortiront finalement victorieux.
On ignore si cette image constituait ou non une référence à l’actualité politique ou a un événement particulier du moment, comme c’est le cas dans d’autres marqueteries de la Cathédrale. On sait, en revanche, qu’à cette époque, il était fréquent que les petites villes-forteresses du contado siennois soient assiégées et amenées à changer de mains continuellement. On peut cependant noter que l’œuvre fut conçue sous le Rectorat de Savino di Matteo di Guido Savirio qui, le 26 janvier 1480, fut démis de ses fonctions pour « avoir fait partie des Riformatori. » Depuis Sigismondo Tizio [4]« 1473. Historia Judith cum Betulia ab Oloferne obsideretur in pavimento Ecclesie majoris constrata est. »Tizio, Hist. Sen., vol. IV., ad an., il est établi que l’œuvre date de 1473, ainsi que la frise de bobines (naspatoio) qui l’entoure, et qu’elle a été exécutée par Urbano di Pietro da Cortona, Giovanni di Stefano di Giovanni, Bartolomeo di Domenico Calabrone et Francesco di Bartolomeo (ou peut-être son fils) [5]« Urbano di Pietro Giovanni di Stefano e Bartolomeo di Domenico Calabrone e Francesco di Bartolomeo scarpellini fecero il naspatoio di marmo intorno la storia di Giuditta ». Archivio detto. Libro delle due Rose, a. 283.
On suppose généralement que le dessin du carton est l’œuvre soit d’Urbano da Cortona, soit de Matteo di Giovanni Bartoli, et l’exécution est attribuée à Antonio Federighi. (111. XIV.) Quoi qu’il en soit, c’est une œuvre pleine de charme, qui rappelle des exemples de la période la plus poétique de l’art florentin. Comme d’habitude dans les travaux de cette période, plusieurs épisodes de l’histoire sont racontés dans les différentes parties de l’image. À l’extrême droite, maintenant très dégradée et en partie disdilulée par la chaire de Pisani, nous pouvons encore retracer la tente d’Holopherne et l’horrible tragédie qui s’y est déroulée. Au-dessus du milieu de l’image, au-dessus de la colline, sur laquelle s’épanouissent des myriades de fleurs au milieu de ruisseaux purling, vient Judith, une figure d’une extrême grâce, suivie de sa servante, qui porte sur sa tête un panier, contenant la tête de tyran.1 A gauche (111. XV.) est la ville fortifiée de Béthulie, d’où est issue des troupes de cavaliers, déterminés à la victoire dans le combat, qui est représenté au centre de la composition. A côté de la porte de la ville, on peut remarquer un groupe de chevaliers avec son écuyer arrangeant le harnachement de son cheval. (111. XVI.) On remarque également la présence d’oiseaux. Dans l’angle extrême gauche se trouvent deux oiseaux cachés dans un buisson, gardant leurs petits dans un nid, tandis qu’au-dessus de la tente d’Holopherne sont perchés deux
corbeaux en attente.
Ce travail a également été restauré, ou, comme l’Abbé Faluschi le dit avec beaucoup de vérité, « modernisé » (modernata) par Carlo Amidei et Matteo Pini en 1790, de sorte qu’il est impossible de savoir maintenant combien de l’œuvre originale a péri. Il n’est pas improbable que, dans tous les cas, il ait pu s’agir d’un dessin composite de la main de plus d’un artiste. Il convient toutefois de noter que, alors que la dernière conception décrite dépend en grande partie pour son effet sur la couleur variée, celui-ci, l’expulsion d’Hérode et l’autre tableau contemporain de l’histoire de Jephté, que nous allons décrire, montrent tout ce que l’on peut faire en utilisant uniquement la ligne.
En montant une large marche, nous arrivons à un travail de caractère beaucoup plus ancien et plus archaïque, que je propose d’inclure dans ma septième division. https://resources.warburg.sas.ac.uk/pdf/cna95b2317410.pdf
Whether this picture had any political or semi- political reference we do not know. The small fortress-towns in the Sienese contado were at this time continually being relieved and changing hands, but we cannot now identify this scene with any particular event. It is interesting, though, to note that it was planned during the Rectorship of Savino di Matteo di Guido Savirio, who was, on
January 26th, 1480, deposed from his post for “being one of the Riformatori.”
The notices as to this work are few and vague : but we know from Tizio 2 that it was laid down in 1473, and further that the frieze of reels (naspatoio) surrounding it, was executed by Urbano di Pietro da Cortona, Giovanni di Stefano di Giovanni, Bartolomeo di Domenico Calabrone and Francesco di Bartolomeo (perhaps his son)
It is generally supposed that the design itself was the work either of Urbano da Cortona or of Matteo di Giovanni Bartoli, and the execution is attributed to Antonio Federighi. (111. XIV.) However this may be, it is a work full of charm, recalling examples of the most poetic period of Florentine art. As usual in work of this period, several episodes of the story are told in various parts of the picture. On the extreme right, now much injured, and partly obliterated by the Pisani’s pulpit, we can still trace Holofernes’ tent, and the gruesome tragedy therein enacted. Above the middle of the picture, over the hillside, upon which bloom myriad flowers amid purling brooks, comes Judith, a figure of extreme grace, followed by her maid, who bears on her head a basket, containing the
tyrant’s head.1 To the left (111. XV.) is the towered city of Bethulia, from which issue
troops of horsemen, intent upon victory in the fight, which is depicted in the centre of the composition. Beside the gate of the city, one may notice a group of a knight with his squire arranging the harness of his horse. (111. XVI.) Wemay also remark the introduction here of birds. Inthe extreme left corner are two parent birds, sitting in a bush, guarding their young ones in a nest, whilst above Holofernes’ tent are perched two
waiting ravens.
This work was also restored, or, as Abate
Faluschi puts it with much truth, “modernized” (modernata) by Carlo Amidei and Matteo Pini in 1790, so that we cannot now know how much of the original work has perished. It is not unlikely that, in any case, it may have been a composite design from the hand of more than one artist. It is, however, worth noting that, whereas the design last described depends largely for its effect on varied colour, this one, the Expulsion of
Herod, and the other contemporary picture of the Story ofJephthah, presently to be described, show how much can be done by the use of line alone.
Ascending a wide step, we come to a work of much older and more archaic character, which I propose to include in my seventh division.
Notes
1↑ | Voir Livre de Judith (2, 5-9) : « […] le Seigneur souverain de l’univers les a confondus par la main d’une femme. Non, ce n’est pas devant des jeunes gens que leur homme fort a succombé, ce ne sont pas des fils de Titans qui l’ont frappé, ni d’immenses Géants qui l’ont attaqué, mais c’est Judith, fille de Merari : par la beauté de son visage, elle l’a paralysé. Elle quitta ses habits de veuve pour le relèvement des affligés d’Israël ; elle parfuma son visage, retint ses cheveux d’un bandeau et mit une robe de lin, pour le séduire. Sa sandale ravit son regard, sa beauté captiva son âme et le sabre lui trancha la gorge. |
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2↑ | Ici, Béthulie ressemble étrangement à Sienne. |
3↑ | Holopherne est général de Nabuchodonosor, roi de Ninive. |
4↑ | « 1473. Historia Judith cum Betulia ab Oloferne obsideretur in pavimento Ecclesie majoris constrata est. »Tizio, Hist. Sen., vol. IV., ad an. |
5↑ | « Urbano di Pietro Giovanni di Stefano e Bartolomeo di Domenico Calabrone e Francesco di Bartolomeo scarpellini fecero il naspatoio di marmo intorno la storia di Giuditta ». Archivio detto. Libro delle due Rose, a. 283. |
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