Cristoforo di Bindoccio (Sienne, documenté de 1361 à 1407) et Meo di Pero (Sienne, documenté de 1370 à 1407), attr.
Assalone (Absalon), vers 1350-1375.
Fresque
Inscriptions :
- (au sommet du cadre) : “[A]SAL[ONE]. FIGLI[UOLO]. DE RE. DAVIT.” [1]
- (au-dessus du chevalier lancé sur son cheval) : “GIOAB.” [2]
Provenance : In situ.
Asciano, Museo Civico Archeologico e d’Arte Sacra, Palazzo Corboli, Sala di Aristotele.
Absalom, ou Absalon, personnage biblique, troisième fils de David, roi d’Israël. Ce qui le distinguait entre tous les fils de David, c’était sa grande beauté et, surtout, sa splendide et abondante chevelure qu’il coupait chaque année (celle-ci, dit la légende, pesait jusqu’à 200 sicles, c’est-à-dire près de 3 kilos).
Après une longue disgrâce causée par l’assassinat de son propre frère, Absalon, ayant reçu de David l’assurance d’un entier pardon, profite de sa liberté et de l’influence qui lui est rendue, pour conspirer à nouveau contre son père. Mais il commet une erreur fatale : tandis qu’il rassemble le peuple en une formidable armée, avant de marcher ensuite lui-même à la tête de ses troupes contre son père, il donne à celui-ci le temps de réunir ses vieux soldats.
Lors de l’ultime bataille livrée dans la forêt d’Éphraïm, l’armée d’Absalon est mise en déroute. Vingt mille hommes demeurent parmi les morts. En fuyant le champ de bataille sur le dos d’une mule, Absalon se prend les cheveux (qu’il porte longs) dans les branches d’un chêne. David, son père, qui lui a conservé son affection, a ordonné à ses hommes de faire preuve d’égards envers celui qui est son plus vieux fils vivant. Le récit de la mort ignoble de ce fils de David figure, comme toute son histoire, dans le Deuxième livre de Samuel (Sam. 18, 5-18). Nous sommes dans la ville de Mahanaïm où David a établi son campement :
“À Joab, Abishaï et Ittaï, le roi donna alors cet ordre : « Par égard pour moi, ménagez le jeune Absalom ! » Et toute la troupe entendit quand le roi donna cet ordre aux chefs à propos d’Absalom. Les troupes sortirent dans la campagne à la rencontre d’Israël, et le combat eut lieu dans la forêt d’Éphraïm. C’est là que les troupes d’Israël furent battues par les serviteurs de David et qu’il y eut de grandes pertes : vingt mille hommes, ce jour-là ! Le combat s’éparpilla ensuite dans tout le pays, et la forêt dévora encore plus d’hommes parmi le peuple que l’épée n’en avait dévoré ce jour-là. Absalom se retrouva par hasard en face des serviteurs de David. Il montait un mulet, et le mulet s’engagea sous la ramure d’un grand térébinthe. La tête d’Absalom se prit dans les branches, et il resta entre ciel et terre, tandis que le mulet qui était sous lui continuait d’avancer. Quelqu’un l’aperçut et avertit Joab : « Je viens de voir Absalom suspendu dans un térébinthe. » Joab dit à l’homme qui l’avait averti : « Tu l’as vu ! Pourquoi donc ne l’as-tu pas frappé et abattu sur place ? J’aurais dû alors te donner dix pièces d’argent et une ceinture. » L’homme répondit à Joab : « Même si je soupesais maintenant, dans la paume de mes mains, mille pièces d’argent, je ne porterais pas la main sur le fils du roi, car nous avons entendu de nos oreilles l’ordre que le roi vous a donné à toi, à Abishaï et à Ittaï : “Par égard pour moi, veillez sur le jeune Absalom !” Et si j’avais commis cette trahison au péril de ma vie, comme rien n’échappe au roi, tu te serais toi-même tenu à l’écart. » Joab lui dit : « Je ne vais pas perdre mon temps avec toi ! » Et il se saisit de trois épieux qu’il planta dans le cœur d’Absalom, encore vivant au milieu du térébinthe. Alors, dix jeunes écuyers au service de Joab entourèrent Absalom pour le frapper à mort. Joab sonna du cor. La troupe, faisant demi-tour, cessa de poursuivre Israël, car Joab l’en empêcha. On prit Absalom, on le jeta dans la grande fosse en pleine forêt, et l’on érigea par-dessus un monceau de pierres très imposant. Tout Israël s’était enfui, chacun à ses tentes. De son vivant, Absalom avait entrepris de se faire ériger une stèle, qui se trouve dans la vallée du Roi. Il se disait : « Je n’ai pas de fils pour faire mémoire de mon nom. » Il donna son nom à la stèle. Aujourd’hui encore, on l’appelle « Monument d’Absalom ».
Le tondo est peint par Cristoforo di Bindoccio et Meo di Pero avec une économie de moyens exemplaire, propre à caractériser l’instant fatal : l’abondante coiffure d’Absalon, rendue blonde pour être encore plus visible, s’est emmêlée dans les branches d’un chêne (il fallait que cet attribut capillaire qui avait fait sa fierté devienne la cause de sa mort) ; le mulet vient de se rendre compte de la chute de son cavalier et se retourne comme pour examiner la situation, tandis que Joab, chevauchant son destrier blanc fonce sur Absalon et s’apprête à le transpercer. Tout est dit, jusqu’au nombre précis des pieux (ici, des lances) plantés « dans le cœur d’Absalon ».
[1] “Absalon, fils du roi David ». L’insistance sur la qualité de fils du roi met l’accent sur le caractère odieux du personnage qui aspira de manière déloyale à la royauté.
[2] “Joab, nom de l’assassin d’Absalon. Comme nous pourrons le voir dans les scènes suivantes, le nom de l’assassin figurait toujours, à l’origine, sur la bordure de chaque médaillon. Certains sont aujourd’hui effacés.
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