Bien que présentée le plus souvent en lien exclusif avec l’art de la calligraphie, la chrysographie, précise Stavros Lazaris, « est un procédé qui s’applique aussi bien aux dessins qu’à l’écriture en or. Il ne faut pas oublier que la langue grecque, aussi bien dans l’Antiquité qu’au Moyen Âge, pour dire « décrire, écrire, tracer, graver, peindre », utilise un seul et même verbe […]. Dans ce sens, on peut affirmer que la chrysographie est attestée depuis l’Antiquité. Virgile dans son Énéide parle d’habits brodés en or (« Picturatas auri subtemine vestes », III, 483) et Ovide dans ses Métamorphoses évoque des vêtements peints et tissés d’or (« Pictis intextum vestibus aurum », III, 556). Dans l’Histoire Auguste [1]Histoire Auguste (lat. : Historia Augusta) : recueil anonyme de biographies parfois fantaisistes d’empereurs et d’usurpateurs romains écrit à la fin du IVe siècle., parmi les objets donnés en cadeau à Claude le Gothique par l’empereur Valérien, figurent deux boucliers chrysografata. [2]« Scuta chrysografata duo », Historia Augusta, Vita Claudii, XIV, 5 (éd. Paschoud 2011). Note de l’auteur.. Chez bien d’autres auteurs, tant de langue grecque que latine, nous trouvons également des références à cette pratique, qui s’appliquait sur toute sorte de support. Ainsi, on utilisait ce matériau précieux aussi bien pour tracer des dessins que pour écrire. [3]Stavros Lazaris, « Sur le statut et l’utilisation de l’or à Byzance : le cas des manuscrits chrysographiés ». KTÈMA. Civilisations de l’Orient, de la Grèce et de Rome antiques, Université de Strasbourg, 2018, Luxe et richesse dans l’Antiquité et à Byzance, 43, pp.93-104. halshs-01960215. »
Dans la peinture siennoise des XIIIe et XIVe siècles, ce procédé de dessin est fréquemment utilisé, rendant le drapé des personnages sacrés à l’aide de lignes d’or. C’est ainsi que Duccio di Buoninsegna, dans les épisodes de la Vie du Christ peints au revers de la Maestà, dessine à l’or, au risque d’un archaïsme, les plis du manteau porté par le Christ après la Résurrection, comme pour mieux signifier son nouveau statut divin.
Notes
1↑ | Histoire Auguste (lat. : Historia Augusta) : recueil anonyme de biographies parfois fantaisistes d’empereurs et d’usurpateurs romains écrit à la fin du IVe siècle. |
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2↑ | « Scuta chrysografata duo », Historia Augusta, Vita Claudii, XIV, 5 (éd. Paschoud 2011). Note de l’auteur. |
3↑ | Stavros Lazaris, « Sur le statut et l’utilisation de l’or à Byzance : le cas des manuscrits chrysographiés ». KTÈMA. Civilisations de l’Orient, de la Grèce et de Rome antiques, Université de Strasbourg, 2018, Luxe et richesse dans l’Antiquité et à Byzance, 43, pp.93-104. halshs-01960215. |
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