Jacques de Voragine, « La Légende dorée »

Compilation de Vies de saints et de légendes hagiographiques présentées dans l’ordre du calendrier, réécritures fréquentes et augmentées de textes plus anciens, la Légende dorée a été rédigée à partir de 1260 environ jusqu’à l’année de sa mort, par l’archevêque de Gênes Jacques de Voragine. L’ouvrage fut le plus lu et le plus diffusé au Moyen Âge, juste après la Bible [1]On connaît mille exemplaires manuscrits de la Légende dorée encore conservés, contre cent-cinquante exemplaires seulement pour le fameux Livre du Graal.. Il doit d’ailleurs son titre actuel à son succès, les tranches dorées étant précisément réservées aux livres les plus importants de l’époque.

« Découpée en cent-soixante-dix-huit chapitres, cette ‘légende des saints’ (son titre originel) constitue en fait une encyclopédie de la vie chrétienne – le terme « légende » devant être compris comme « ce qui doit être lu » (par les prédicateurs, dans les écoles ou pendant les repas dans les monastères). Néanmoins, le merveilleux s’y fait très présent, selon la tradition des apocryphes chrétiens, friands de fantastique et de miraculeux. » [2]Jacques de VORAGINE, La Légende dorée, (trad. fr.), A. Boureau – M. Goulet (eds.), Paris, Gallimard, 2004, pp. LVII – CXI.

L’ouvrage a joué un rôle considérable dans la prédication et dans l’iconographie chrétienne du Moyen Âge finissant. Dès 1333 ou environ, la Légende dorée a été traduite en français par Jean de Vignay [3]Jean de Vignay, Jehan de Vignay, ou Jehan du Vingnai (Bayeux, v. 1283 – ?, ap. 1340 ?) : traducteur français de la première moitié du XIVe siècle, connu pour son énorme production de traductions du latin au français., religieux de Saint-Jacques-du-Haut-Pas de Paris, à la demande de la reine Jeanne de Bourgogne, épouse de Philipe VI de Valois [4]Jean de Vignay est l’auteur de nombreuses autres traductions, dont celles du Speculum Historiale de Vincent de Beauvais (le Miroir Historial), du Liber super ludum Scaccorum (Les Echecs moralisés, de Jacques de Cessoles), les Otia imperialia de Gervais de Tilbury.. Seize manuscrits de cette première traduction survivent, dont beaucoup sont enluminés [5]H. MADDOCKS, Illumination in Jean de Vignay’s Légende dorée, dans Legenda Aurea : sept siècles de diffusion, Actes du colloque international sur la Legenda aurea, texte latin et branches vernaculaires, Université du Québec à Montréal (11-12 mai 1983), B. Dunn-Lardeau (ed.), Paris-Montréal, J. Vrin, 1986, pp. 155-170. … Poursuivre. Le duc de Bourgogne Philippe le Hardi possédait l’une de ces copies. Peu après 1400, la traduction de Jean de Vignay fut augmentée de quarante-six ‘Fêtes nouvelles’ – vies de saints ou additions relatives à des fêtes de l’église – dans l’ordre approximatif du calendrier, à partir de la fête de saint Eloi (1 décembre), suivie entre autres de celles de sainte Geneviève de Paris, saint Germain de Paris, saint Supplice de Bourges ou saint Médard de Noyon, qui tous étaient vénérés dans les églises parisiennes. Le but de ces ajouts est clair : pourvoir la traduction française de la Légende dorée de Vies de saints français, voire parisiens, ayant, pour certains d’entre eux, vécu récemment, ayant également illustré la dynastie capétienne et Paris, tels saint Louis (mort en 1270) ou saint Thomas d’Aquin (mort en 1274). » [6]Jean-Claude SCHMITT, « La cité et son image : Lucques et le Volto Santo », dans Paola Ventrone, Laura Gaffuri (dir.), Images, cultes, liturgies. Les connotations politiques du message religieux, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2014, pp. 125-144. 

Notes

Notes
1 On connaît mille exemplaires manuscrits de la Légende dorée encore conservés, contre cent-cinquante exemplaires seulement pour le fameux Livre du Graal.
2 Jacques de VORAGINE, La Légende dorée, (trad. fr.), A. Boureau – M. Goulet (eds.), Paris, Gallimard, 2004, pp. LVII – CXI.
3 Jean de Vignay, Jehan de Vignay, ou Jehan du Vingnai (Bayeux, v. 1283 – ?, ap. 1340 ?) : traducteur français de la première moitié du XIVe siècle, connu pour son énorme production de traductions du latin au français.
4 Jean de Vignay est l’auteur de nombreuses autres traductions, dont celles du Speculum Historiale de Vincent de Beauvais (le Miroir Historial), du Liber super ludum Scaccorum (Les Echecs moralisés, de Jacques de Cessoles), les Otia imperialia de Gervais de Tilbury.
5 H. MADDOCKS, Illumination in Jean de Vignay’s Légende dorée, dans Legenda Aurea : sept siècles de diffusion, Actes du colloque international sur la Legenda aurea, texte latin et branches vernaculaires, Université du Québec à Montréal (11-12 mai 1983), B. Dunn-Lardeau (ed.), Paris-Montréal, J. Vrin, 1986, pp. 155-170. D. Donadieu-Rigaut, La Légende dorée et ses images. Quelques jalons pour une histoire des Légendes dorées illustrées (XIIIe – XXe siècle), dans Jacques de Voragine, La Légende dorée, pp. LVII – CXI.
6 Jean-Claude SCHMITT, « La cité et son image : Lucques et le Volto Santo », dans Paola Ventrone, Laura Gaffuri (dir.), Images, cultes, liturgies. Les connotations politiques du message religieux, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2014, pp. 125-144.

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