Paul de Thèbes ou Paul ermite (Basse Thébaïde (Égypte), v. 227 – Désert de Thèbes, v. 340) : moine anachorète [1]Anachorète : qui vit isolé dans des lieux déserts. Bien que le phénomène ne soit pas propre au christianisme, dans l’usage le plus courant, le nom fait principalement référence aux « solitaires » ou « pères du désert », qui vivaient en Égypte au IIIe siècle, et plus encore, au IVe siècle. égyptien. Lors de la persécution de Decius (249-251), après avoir été informé du projet, conçu par un proche, de le dénoncer comme chrétien afin de capter son héritage, il se retire dans le désert à vingt-deux ans et y vit en ermite jusqu’à l’âge de cent treize ans. Les traits connus de sa personnalité dérivent exclusivement de la Vita Pauli primi eremitae (v. 376) écrite par saint Jérôme, premier exemple, dans la littérature latine chrétienne, de biographie romancée d’un saint. Saint Paul ermite est considéré par saint Jérôme, dans le sillage d’Élie et Jean-Baptiste, comme le véritable fondateur de la vie érémitique [2]« La parenté – voire l’identité – entre Élie et Jean-Baptiste fait l’objet de plusieurs commentaires dans le Nouveau Testament. Saint Paul ermite, nourri comme Élie par un corbeau au désert et enlevé au ciel sous les yeux d’Antoine, comme Élie sous ceux d’Élisée, est pour saint Jérôme l’héritier de ces deux figures saintes, lié à elles par le désert, … Poursuivre.
Iconographie
Paul est représenté âgé, barbu, vêtu du costume des saints moines illustres constitué d’« une tunique, d’un analabos [3]Voir note 4., d’un manteau et quelquefois d’un capuchon. » [4]Svetlana Tomekovic, Les saints ermites et moines dans la peinture murale byzantine, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2011, consultable sur le site https://books.openedition.org/psorbonne/2306?lang=fr. L’auteur précise que « l’analabos du petit habit [celui porté par les novices] se présente comme une étoffe carrée portée sur la poitrine et rattachée dans le dos par des … Poursuivre Ce qui le distingue des autres Pères du désert est essentiellement lié au contexte de la scène dans laquelle il est représenté.
Scènes de la vie du saint [5]Paul de Thèbes ayant passé quatre-vingt-onze ans de sa longue existence en prière dans la solitude du désert, il n’est pas surprenant que l’essentiel des épisodes représentés en art soient liés à la visite d’Antoine Abbé et à sa mort. :
- Paul est nourri, comme Élie, par un corbeau au désert.
- Antoine Abbé rend visite à Paul alors que celui-ci est âgé de 113 ans.
- Les deux saints s’entretiennent pendant un jour et une nuit.
- Chacun d’eux invite l’autre à bénir et à rompre le pain, en signe d’honneur.
- Il est enlevé au ciel sous les yeux d’Antoine.
- Paul meurt en prière. [6]« L’épisode de la mort de Paul n’est pas le moins singulier de la légende du saint qui, comme celles des autres Pères du désert, fait la part belle au miraculeux. Pressentant que sa mort approche et souhaitant, d’après le récit de saint Jérôme, épargner à son compagnon le chagrin d’assister à son décès, Paul commande à Antoine d’aller chercher au monastère, pour son … Poursuivre
- Antoine enterre Paul avec l’aide de deux lions venus creuser la tombe avec lui.
Notes
1↑ | Anachorète : qui vit isolé dans des lieux déserts. Bien que le phénomène ne soit pas propre au christianisme, dans l’usage le plus courant, le nom fait principalement référence aux « solitaires » ou « pères du désert », qui vivaient en Égypte au IIIe siècle, et plus encore, au IVe siècle. |
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2↑ | « La parenté – voire l’identité – entre Élie et Jean-Baptiste fait l’objet de plusieurs commentaires dans le Nouveau Testament. Saint Paul ermite, nourri comme Élie par un corbeau au désert et enlevé au ciel sous les yeux d’Antoine, comme Élie sous ceux d’Élisée, est pour saint Jérôme l’héritier de ces deux figures saintes, lié à elles par le désert, l’ascétisme, la prière et la retraite. De même qu’Elisée reçoit en héritage la moitié du manteau d’Élie, Antoine s’empare du manteau de palmes tressées de Paul après sa mort pour s’en revêtir en de saintes occasions. » Sophie Dutheillet de Lamothe, « Réécritures et représentations de la mort de saint Paul ermite en Italie (XIIIe-XVe siècles) : un cadavre en prière ? », Arzanà. Cahiers de littérature médiévale italienne, 18, 2016, consultable sur le site https://journals.openedition.org/arzana/947#ftn15.. |
3↑ | Voir note 4. |
4↑ | Svetlana Tomekovic, Les saints ermites et moines dans la peinture murale byzantine, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2011, consultable sur le site https://books.openedition.org/psorbonne/2306?lang=fr. L’auteur précise que « l’analabos du petit habit [celui porté par les novices] se présente comme une étoffe carrée portée sur la poitrine et rattachée dans le dos par des cordons entrecroisés, alors que celui du grand habit dépasse la ceinture, devant et derrière. » |
5↑ | Paul de Thèbes ayant passé quatre-vingt-onze ans de sa longue existence en prière dans la solitude du désert, il n’est pas surprenant que l’essentiel des épisodes représentés en art soient liés à la visite d’Antoine Abbé et à sa mort. |
6↑ | « L’épisode de la mort de Paul n’est pas le moins singulier de la légende du saint qui, comme celles des autres Pères du désert, fait la part belle au miraculeux. Pressentant que sa mort approche et souhaitant, d’après le récit de saint Jérôme, épargner à son compagnon le chagrin d’assister à son décès, Paul commande à Antoine d’aller chercher au monastère, pour son ensevelissement, le manteau offert à ce dernier par l’évêque Athanase. Antoine s’exécute et, revenant à la hâte vers saint Paul qu’il espère trouver encore en vie, voilà qu’il l’aperçoit montant au ciel escorté d’un chœur d’anges et de prophètes : « il voit parmi des cohortes angéliques, parmi les chœurs des prophètes et des apôtres, Paul tout éclatant d’une blancheur de neige s’élever dans les hauteurs. » Jérôme, Trois vies de moines (Paul, Malchus, Hilarion), texte critique par Edgardo M. Morales, traduction par Pierre Leclerc, Paris, Les éditions du Cerf, 2007, p. 174-175.» Saint Jérôme ne précise pas s’il s’agit d’une ascension de la personne, corps et âme, comme celle d’Élie, ou de l’âme seule quittant l’enveloppe charnelle au moment de la mort. La suite du récit exclut toutefois la première hypothèse, puisqu’Antoine, redoublant d’efforts pour arriver au plus tôt auprès de Paul, retrouve le cadavre du saint figé en position de prière, à genoux, mains étendues vers le ciel et tête levée. » Sophie Dutheillet de Lamothe, « Réécritures et représentations de la mort de saint Paul ermite en Italie (XIIIe-XVe siècles) : un cadavre en prière ? », op. cit., consultable sur le site https://journals.openedition.org/arzana/947#ftn15. |