EN COURS
« Le chapitre LV de la Règle de saint Benoît traite des vêtements des frères, signe de leur appartenance à l’état religieux : la coule, primitivement sorte de caban ou de capuchon qui défendait le corps contre le froid et le chaud, la tunique, vêtement de dessous, chemise en toile portée à même la peau, retenue par une ceinture, le scapulaire moins ample que la coule et revêtu pour le temps du travail et les fameux femoralia, fémoraux ou famulaires, culottes, caleçons, braies ou hauts de chausses prévus expressément pour le temps du voyage, afin de préserver la pudeur du moine, en cachant ce que les textes appellent les pudenda, pièce du vêtement à remettre lavée au vestiaire après le retour à l’abbaye [1]La Règle de saint Benoît, trad. et notes par A. de Vogue (Sources chrétiennes, 182), Paris, 1972, p. 619-622 ; dom P. Delattre, Commentaire sur la Règle de saint Benoît, nouv. éd., Paris, 1969, p. 394-407. Sur le port des fémoraux dans l’abbaye ou seulement en voyage, les avis étaient partagés. Cf. Orderic Vital, PL, t. 188, col. 637 ; Pierre le Vénérable, PL, t. 189, col. … Poursuivre. Ainsi le corps disparaît chez ces hommes spirituels voués essentiellement à la contemplation des réalités supérieures. Il apparaît qu’au cours des siècles – et les dictionnaires ont du mal à préciser des termes qui se recoupent – bien des modifications [2]Sur ces variantes, voir dom A. Calmet, Commentaire littéral, historique et moral sur la Règle de saint Benoît, Paris, 1734, t. II, p. 217… ; 261-262, 271-272. « On a peine à se figurer les sens divers qui, dans le cours des siècles monastiques, ont été donnés à ces termes, selon les temps et les pays. Ce que les uns nomment cuculle, les autres l’appellent froc, et ainsi de suite, … Poursuivre ont été apportées au vêtement de base, quant à la longueur, la couleur, la forme, les variantes en tout genre, évitant les extrêmes qu’étaient la grossièreté des ermites et l’élégance des mondains. » [3]André Moisan, « L’habit monastique. De la plaisanterie au texte littéraire », dans Le Nu et le Vêtu au Moyen Âge (XIIe-XIIIe siècles), Aix en Provence, Presses universitaires de Provence, 2014, p. 243. Mise en ligne sur https://books.openedition.org/pup/2512?lang=fr
Les nombreux ordres monastiques créés à mesure de la propagation du christianisme ont adopté des règles différentes, ont imposé à leurs membres une vie et des habits propres à leur règle. Parce que l’office (prières prescrites) prenait une part importante du temps monastique, les robes de chœur étaient presque aussi importantes que les vêtements de jour. Le surplis [4]vêtement liturgique blanc, souvent plissé, à manches amples et qui descend à mi-jambes porté par les ecclésiastiques, les chantres, et les enfants de chœur, par-dessus les vêtements ou la soutane) était porté dans le chœur avec une aumusse par-dessus ; ce dernier était une cape d’épaule doublée conçue pour aider le porteur à résister au froid des églises médiévales. Les … Poursuivre, qui ont choisi de porter un vêtement blanc, constituent une exception à cette règle (et les moines de cet ordre sont parfois appelés « bénédictins blancs » pour cette raison). Par ailleurs, l’ordre apparenté des cisterciens a opté pour une robe blanche, ce pourquoi ils sont parfois appelés les « moines blancs » (mais ils n’appartiennent pas canoniquement à l’ordre de saint Benoît, même s’ils en suivent la règle).
- Les Cisterciens, Bénédictins réformés, évitaient à l’origine tout matériau teint et s’habillaient plutôt de laine écrue (n’ayant subi ni lavage, ni blanchiment, ni teinture). Au fil du temps, la couleur est devenue le blanc, marquant un relâchement tacite de l’austérité antérieurement adoptée comme une protestation contre le luxe. Les moines cisterciens portent dorénavant une robe blanche à larges manches et capuchon (la coule), et le froc pour les travaux.
- Les Chartreux, ordre contemplatif fondé au 11ème siècle, portent également du blanc.
- Les Augustins (plusieurs ordres suivant la règle de Saint Augustin) sont appelés chanoines noirs en contradiction avec les Prémontrés
- Les Prémontrés ou chanoines blancs, ordre fondé par saint Norbert au 12ème siècle,
Ordres mendiants :
- Les Franciscains (frères mineurs, cordeliers) ont d’abord utilisé un habit gris qui, au XVe siècle a été échangé contre un habit brun ; en dépit de ce changement, ils ont continué à être connus comme les frères Gris. On les reconnaît à leur cotte à capuchon, serrée à la taille par une cordelière.
- Les Dominicains (frères prêcheurs) superposent depuis l’origine deux robes de laine blanche sous leur chape noire.
- Les frères de l’ordre du Carmel (Ordo Fratrum Discalceatorum Beatae Mariae Virginis de Monte Carmelo), fondé au XIIe siècle, portent un habit de couleur brune constitué d’une soutane resserrée à la taille par une ceinture, un scapulaire et une capuche ; lors d’occasions solennelles, ils portent un manteau et une capuche blancs au-dessus de l’habit, ce qui leur a valu le surnom de frères blancs.
Surplis (Vêtement liturgique blanc, souvent plissé, à manches amples et qui descend à mi-jambes porté par les ecclésiastiques, les chantres, et les enfants de chœur, par-dessus les vêtements ou la soutane), rochet (Sorte de surplis à manches étroites, que portent les évêques et divers autres ecclésiastiques), camail (Petit manteau couvrant les épaules jusqu’à la ceinture, que portent les dignitaires ecclésiastiques (évêques, etc.) dans les cérémonies ; pèlerine à capuchon que le clergé porte en hiver)
Notes
1↑ | La Règle de saint Benoît, trad. et notes par A. de Vogue (Sources chrétiennes, 182), Paris, 1972, p. 619-622 ; dom P. Delattre, Commentaire sur la Règle de saint Benoît, nouv. éd., Paris, 1969, p. 394-407. Sur le port des fémoraux dans l’abbaye ou seulement en voyage, les avis étaient partagés. Cf. Orderic Vital, PL, t. 188, col. 637 ; Pierre le Vénérable, PL, t. 189, col. 123 ; Dict. d’archéol. chrét. et de liturgie, t. V, col. 1354-5 ; F. Lecoy, « Le Chronicon Novaliciense et les légendes épiques », Romania, t. LXVII, 1642.3, p. 13-14. (Note de l’auteur). |
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2↑ | Sur ces variantes, voir dom A. Calmet, Commentaire littéral, historique et moral sur la Règle de saint Benoît, Paris, 1734, t. II, p. 217… ; 261-262, 271-272. « On a peine à se figurer les sens divers qui, dans le cours des siècles monastiques, ont été donnés à ces termes, selon les temps et les pays. Ce que les uns nomment cuculle, les autres l’appellent froc, et ainsi de suite, pendant que les vêtements eux-mêmes changent de forme et d’usage », lit-on dans l’Explication ascétique et historique de la règle de saint Benoît par un bénédictin, Paris, 1901, II, p. 178, n. 1. (Note de l’auteur). |
3↑ | André Moisan, « L’habit monastique. De la plaisanterie au texte littéraire », dans Le Nu et le Vêtu au Moyen Âge (XIIe-XIIIe siècles), Aix en Provence, Presses universitaires de Provence, 2014, p. 243. Mise en ligne sur https://books.openedition.org/pup/2512?lang=fr |
4↑ | vêtement liturgique blanc, souvent plissé, à manches amples et qui descend à mi-jambes porté par les ecclésiastiques, les chantres, et les enfants de chœur, par-dessus les vêtements ou la soutane) était porté dans le chœur avec une aumusse par-dessus ; ce dernier était une cape d’épaule doublée conçue pour aider le porteur à résister au froid des églises médiévales. Les costumes des religieuses étaient similaires à ceux des moines, la principale différence consistant dans le remplacement de la capuche par une guimpe et un voile de tête. Beaucoup de nonnes modernes ne sont plus tenues de porter un habit, en particulier celles qui sont actives plutôt que contemplatives.
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