Le miracle du champ de blé

La source de cet intermède miraculeux de la Fuite en Égypte se trouve, comme d’autres, dans le Dictionnaire des Apocryphes. L’abbé Migne y a publié une Enfance de Notre-Seigneur, où l’on peut lire les lignes suivantes :

« Dans le trajet de Marie et Joseph avec le Sauveur pour l’Egypte, on rapporte ce qui suit : […] Ainsi après que Notre-Dame cheminait, ils vont trouver un laboureur qui seminait du blé. L’enfant Jésus mit la main au sac et jeta son plein poing de blé en chemin ; incontinent le blé fut si grand et si meur que s’il eût demeuré un an à croitre, et quand les gendarmes de Hérodes, qui queraient l’enfant pour l’occire, vinrent à celui laboureur qui cueillait son blé, si lui vont demander s’il avait point vu passer une femme qui portait un enfant. « Oui, dit-il, quand je semais ce blé. » Lors les meurtriers se pensèrent qu’il ne savait ce qu’il faisait, car il avait près d’un an que celui blé avait été semé, si s’en retournèrent arrière » [1]Jacques-Paul Migne, Dictionnaire des apocryphes ou Collection de tous les livres apocryphes relatifs à l’Ancien et au Nouveau Testament…, Paris, 1856-1858, tome II (rééd. Paris, Hachette-BNF, 2016) ; tome XXIV de la troisième et dernière encyclopédie théologique, Paris, 1928, col. 382. :

Cette légende est absente des apocryphes médiévaux. Ces derniers proposent bien deux récits rapportant un miracle où Jésus enfant sème un grain de blé qui, à lui seul, produit dans un cas trois, et dans l’autre cent mesures de blé. L’un figure dans l’Évangile du pseudo-Matthieu, ch. XXXIV et l’autre dans l’Évangile de Thomas, ch. XII. [2]« […] aucun évangile apocryphe ne contient le miracle de la moisson. C’est en vain qu’on le chercherait dans les recueils.de Benjamin Harris Cowper (the Apocryphal Gospels and other documents relating to the history of Christ, London, 1867), de Tischendorf (Evangelia apocrypha, 2e éd. Leipzig. 1876), de Ch. Michels et P. Peeters (Evangiles apocryphes, 2 vol., Paris 1911-1914), … Poursuivre

Iconographie
Atelier de Jean Colombes, « Le champ de blé », Ludolphe de Saxe, Vita Christ, avant 1486. Paris, BnF, département des Manuscrits, Français 177, fol. 45. © Bibliothèque nationale de France

Notes

Notes
1 Jacques-Paul Migne, Dictionnaire des apocryphes ou Collection de tous les livres apocryphes relatifs à l’Ancien et au Nouveau Testament…, Paris, 1856-1858, tome II (rééd. Paris, Hachette-BNF, 2016) ; tome XXIV de la troisième et dernière encyclopédie théologique, Paris, 1928, col. 382.
2 « […] aucun évangile apocryphe ne contient le miracle de la moisson. C’est en vain qu’on le chercherait dans les recueils.de Benjamin Harris Cowper (the Apocryphal Gospels and other documents relating to the history of Christ, London, 1867), de Tischendorf (Evangelia apocrypha, 2e éd. Leipzig. 1876), de Ch. Michels et P. Peeters (Evangiles apocryphes, 2 vol., Paris 1911-1914), de R. James (the Apocryphal New Testament, Oxford, 1924) ou d’Edgar Henneke (Neutestamentliche Apokryphen, 2e éd., ‘Tübingen, 1924) ; ils n’en font aucune mention. Tout au plus y trouve-t-on un motif, le miracle du grain de blé, qui offre avec le miracle de la moisson une certaine ressemblance : il a pu même en donner idée ou du moins s’y être inséré pour former un épisode de la Fuite en Egypte. Au chapitre XXXIV de l’Évangile de la Nativité de Marie (Migne, Dict. des Apocr., I, col. 1083), dit aussi du Pseudo-Matthieu (Ch. Michel et P. Peeters, t. I, p. 144-145), il est raconté qu’un jour Jésus étant allé à la campagne prit un peu de blé au grenier de sa mère et le sema. Le blé grandit et se multiplia extrèmement, au point qu’il le moissonna lui-même et en recueillit trois mesures de grain, dont il lit de grandes largesses. D’autre part, dans l’Evangile de Thomas (Migne, op. cit, I, col. 1145 ; Michel et Peeters, I, p. 178-179 ; Henneke, p. 71), on raconte qu’à l’époque des semailles, l’enfant était sorti avec son père pour semer du blé dans leur champ. Pendant que le père semait, l’enfant Jésus prit un grain de blé et le mit en terre. Ce grain seul produisit cent mesures de blé. Ayant réuni tous les indigents du village, il leur distribua du blé et Joseph emporta ce qui restait. Le narrateur ajoute que Jésus avait huit ans quand il fit ce miracle. » (Joseph VENDRYES, « Le miracle de la moisson en Galles », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Année 1948,  92-1  p. 70).