L’anecdote légendaire raconte que, pour réaliser la figure d’une déesse, Zeuxis, peintre grec, sans doute originaire d’Héraclée de Lucanie en Grande-Grèce, aurait invité dans son atelier plusieurs belles jeunes filles de la ville. Après les avoir toutes dessinées, il aurait sélectionné les plus belles parties de chacune d’elles (la tête, le buste, les mains, les jambes et les pieds) qu’il aurait rassemblées afin de composer la beauté idéale de la figure de sa déesse, dont le modèle ne s’était pas trouvé dans la nature. C’est sur ce récit fameux que Vasari fonde sa théorie de la Bella Maniera. Dans sa préface de la troisième partie des Vies parue en 1568, il conclut sur ces mots : « L’embellissement de la nature, voilà l’ambition suprême de la Belle Manière. »
La légende de Zeuxis et des cinq filles de Crotone « pose une question qui hantera longtemps la réflexion sur la création artistique en Occident : comment le sculpteur ou le peintre, par les techniques de la mimèsis, pourront-ils représenter la parfaite beauté, puisque le modèle n’en existe pas dans la nature ? La solution de la pluralité des modèles, dont l’artiste retient à chaque fois un trait particulier pour les assembler en un ensemble nouveau est évoquée pour la première fois par Xénophon, dans une conversation entre Socrate et Parrhasios, sans que le peintre d’Héraclée soit mentionné. À leur tour, Cicéron, Denys d’Halicarnasse et Pline évoquent l’anecdote, le dernier la situant à Agrigente sans préciser si le tableau destiné au temple d’Héra était un portrait d’Hélène. » [1]Gérard SIEBERT, « L’impossible portrait. De l’Hélène de Zeuxis aux Είκόνες de Lucien », Ktèma, Civilisations de l’Orient, de la Grèce et de Rome antiques, Année 2009, 34, p. 322.
Notes
1↑ | Gérard SIEBERT, « L’impossible portrait. De l’Hélène de Zeuxis aux Είκόνες de Lucien », Ktèma, Civilisations de l’Orient, de la Grèce et de Rome antiques, Année 2009, 34, p. 322. |
---|