Guido da Siena e Dietisalvi di Speme, « Trittico di Santa Chiara »

Guido da Siena (actif à Sienne entre 1260 et 1280) et Dietisalvi di Speme (Sienne, actif de 1259 à 1291)

Trittico di Santa Chiara (Triptyque de sainte Claire), v. 1265-1270.

Tempéra sur panneaux,  123 x 72 cm (l’ensemble).

Inscriptions : /

Provenance : monastère de Santa Petronilla, Sienne (?) [1]Le tableau provient probablement du monastère de Sainte Pétronille, siège siennois des Clarisses, ce que suggère la présence des deux saints franciscains, François en personne, et Claire, son alter ego féminin.

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Jusqu’au début du mois de décembre 2023. le mode d’accrochage des deux panneaux peints par Dietisalvi di Speme (fig. 1) pouvait donner à penser qu’il s’agissait de présenter deux portes d’une armoire-reliquaire, ce que, d’une certaine manière, confirmait le cartel faisant état d’un diptyque. Il n’en est rien. Les deux panneaux, dont le revers n’est pas historié, sont ornés de quatre scènes peintes de manière à créer deux à deux une sorte de symétrie visuelle une fois les deux volets du triptyque [2]Voir ci-dessous : Reconstitution du triptyque. ouverts. Les formes, mais aussi les surfaces et la composition de chacune des scènes se font écho jusqu’à aboutir à un équilibre parfait en dépit de la diversité des histoires qui y sont peintes.

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Le processus de recomposition est né d’une intuition de l’historien de l’art Miklos Boskovits qui eut l’idée de comparer la Vierge à l’Enfant de Florence avec les deux volets aux histoires de saints de la Pinacothèque Nationale de Sienne.
La partie centrale représentant la Madone à l’Enfant, attribuée à Guido da Siena, est représenté selon l’iconographie byzantine de l’hodigitria, la Vierge assise sur un trône à la structure somptueuse, désignant son fils, tandis que dans les panneaux latéraux, faisant référence à Dietisalvi di Speme, les scènes relatant deux épisodes de la vie des saints François et Claire sont mises en parallèle avec les martyrs des saints Barthélemy et Catherine d’Alexandrie, reliant ainsi les saints contemporains à ceux issus des premiers siècles du christianisme.

Reconstitution du triptyque de Santa Chiara

Le volet de gauche contient deux scènes :

Le volet de droite contient également deux scènes :

Le Trittico di Santa Chiara, attribué à Guido da Siena et Dietisalvi di Speme, est dorénavant reconstitué et exposé à la Pinacothèque de Sienne, grâce à une intelligente collaboration entre le musée siennois et la Galleria dell’Accademia de Florence.

La Vierge à l’Enfant en majesté, panneau datant d’environ 1265-1270, attribué à Guido da Siena et conservé depuis 1945 à la Galleria dell’Accademia de Florence, a quitté le musée florentin pour être mis en dépôt de longue durée à la Pinacoteca Nazionale nationale de Sienne afin de recomposer le triptyque démembré de Santa Chiara. Le panneau conservé à Florence, qui constituait la partie centrale du triptyque dans sa forme originelle, est désormais réuni aux deux volets latéraux représentant les Stigmates de Saint François, Sainte Claire rejette les Sarrasins avec la custode [3]Voir : Pyxide., le Martyre de Saint-Barthélemy et le Martyre de Sainte Catherine d’Alessandrie que possédait de longue date la Pinacothèque de Sienne et exposé avec une attribution à Dietisalvi di Speme. L’opération, qualifiée d’« exemplaire », est née de la collaboration entre la Galerie et la Galerie d’Art au sein du projet du système muséal national Mic.
« La Galleria dell’Accademia de Florence – dit la directrice Cecilie Hollberg – a offert à la Pinacothèque de Sienne d’abriter la Vierge à l’Enfant attribuée à Guido da Siena pour un dépôt à long terme. Cette initiative permettra de recomposer les différentes parties séparées et permettra de débuter une étude plus approfondie du triptyque lui-même. Ce sera aussi l’occasion de montrer une œuvre qui, étant jusqu’à présent dans les bureaux de la Galerie, n’était pas visible du public. Elle se trouvait en réalité dans mes bureaux et j’avoue que cela me manquera beaucoup mais cette action commune est très importante pour la reconstruction de cet ensemble pictural en vue de valoriser notre patrimoine culturel ».
Le panneau est arrivé aux anciennes galeries florentines en 1889 en provenance de la collection Charles Murray, à la suite des suppressions du XIXe siècle ; on suppose qu’il a pu être créé pour le monastère de Santa Petronilla à Sienne. L’excellent état de conservation – il a été récemment restauré en 2018 – a permis de le manipuler et de le transporter en toute sécurité.
Les artistes Guido da Siena et Dietisalvi di Speme sont considérés parmi les protagonistes de l’école picturale siennoise de la seconde moitié du XIIIe siècle. Guido da Siena fut longtemps considéré comme le fondateur de l’école de peinture siennoise, précurseur de Cimabue.

Les artistes Guido da Siena et Dietisalvi di Speme sont considérés parmi les protagonistes de l’école picturale siennoise de la seconde moitié du XIIIe siècle. Guido da Siena fut longtemps considéré comme le fondateur de l’école de peinture siennoise, précurseur de Cimabue. Son activité s’est déroulée entièrement dans la seconde moitié du XIIIe siècle et son style, en fait lié à la tradition culturelle byzantine, a été influencé par le florentin Coppo di Marcovaldo, qui à Sienne avait créé, en 1261, la grande Maestà de la basilique de Santa Maria dei Servi.

Notes

Notes
1 Le tableau provient probablement du monastère de Sainte Pétronille, siège siennois des Clarisses, ce que suggère la présence des deux saints franciscains, François en personne, et Claire, son alter ego féminin.
2 Voir ci-dessous : Reconstitution du triptyque.
3 Voir : Pyxide.

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