Giovanni di Paolo (actif à Sienne vers 1400 – 1482)
Madonna dell’Umiltà (Madone de l’Humilité), vers 1440/45 (?)
Tempéra sur panneau, 62 x 47,5 cm. (avec le cadre, celui-ci en partie original)
Inscriptions : /
Provenance : ?
Sienne, Pinacoteca Nazionale.
Panofsky, s’exprimant sur ce thème pictural, a souligné que l’étymologie du terme « humilité » venait du latin humus, le terreau, la terre, ce qui est en bas. [1] C’est par l’appellation « Vierge de l’Humilité » que l’on qualifie un type de représentation dans lequel la Vierge, y compris, parfois, dans le contexte d’une Annonciation, est vue assise à même le sol, parfois sur un coussin posé au sol, loin, en tous cas, de l’apparat qui est le sien lorsqu’elle est, au contraire, figurée en Majesté, assise sur un trône et régnant parmi les cieux.
La Madonne de l’Humilité de Giovanni di Paolo est l’une de ses œuvres les plus admirables. Pietro Torriti a décrit le « paysage composé sur un horizon circulaire vu d’en haut (comme toujours dans le paysage siennois de Duccio à Ambrogio Lorenzetti) afin de mieux rythmer les détails qui parviennent ainsi à être tous parfaitement visualisés dans une lumière qui anime, et cristallise subitement les couleurs ténues. C’est un espace qui, bien qu’évoqué à l’aide de la perspective, demeure, au fond, un espace poétique tout-à-fait irréel, comme l’est l’auréole très vive qui ceint le visage de l’humble figure de la Madone [2]». Est-il besoin de souligner la grâce avec laquelle le manteau de la Vierge, en s’entrouvrant sur la somptueuse robe de brocard d’or qu’elle porte au-dessous, dessinant en même temps les contours du ventre maternel, avant d’aller se perdre en longues sinuosités sur l’herbe, semble encore dessiner avec mélancolie les sentiments, cette fois-ci, de celle qui porte son Enfant dans les bras.
[1] PANOFSKY, Erwin, Early Netherlandish Painting, 1953 (édition française, Les Primitifs flamands, Paris, Hazan, 1992, p. 248). Panofsky note que ce type de représentation s’est notamment développé en Italie et dans les Pays-Bas et précise qu’il est quasiment absent dans l’art français où il aurait « semblé offenser le sens français des convenances »
[2] TORRITI 1977, p. 312.
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