Girolamo di Domenico (documenté de 1479 à 1513)
La Madonna col Bambino e i Santi Girolamo, Giovanni Battista, Paolo e Antonio Abate (Vierge à l’Enfant avec les saints Jérôme, Jean Baptiste, Paul et Antoine Abbé),
Tempéra sur panneaux, 89,5 x 62,5 cm. (cadre peint original compris).
Inscriptions : /
Provenance : ?
Sienne, Pinacoteca Nazionale.
Le compartiment principal représente la scène, rarissime à Sienne, du Christ enfant porté debout par sa Mère sur un parapet. Celui-ci se trouve dans une attitude étrange. Tout son corps est déséquilibré. Il tomberait s’il ne bénéficiait de l’aide de sa Mère qui le soutient délicatement ; le geste est si délicat qu’il semble également que Marie indique de l’index la preuve de la masculinité de l’Enfant que vient de révéler la chute du voile qui ceignait ses hanches. L’Enfant fait un geste de bénédiction. Serait-ce à l’endroit de Jérôme, à moins que ce ne soit en direction d’un personnage ou d’un autre groupe situé hors champ (?). Sur le parapet, un objet posé là attire l’attention : il s’agit d’une clochette.
A l’arrière plan, outre Jérôme que nous venons de rencontrer, on reconnaît Jean Baptiste et Paul, tous deux semblant attirés par un spectacle invisible de nous, et tout-à-fait à droite, Antoine Abbé (c’est sans aucun doute lui qui a déposé la clochette, qui est l’un de ses attributs iconographiques, sur le bord du parapet) se contorsionne pour tenter de mieux voir la scène qui se déroule sur sa droite.
Le cadre est divisé en douze compartiments, eux-mêmes peints, qui représentent (en commençant en bas à gauche et en suivant dans l’ordre des aiguilles d’une montre :
- Une amphore
- Bernardin
- François
- Saint Louis de Toulouse ?
- Deux angelots portant le monogramme du Christ
- Deux angelots portant le monogramme du Christ
- Sébastien
- Antoine de Padoue
- Catherine de Sienne
- Une amphore
- Deux angelots adorant la Croix ornée de la couronne du rosaire
- Deux angelots adorant la Croix ornée de la couronne du rosaire
Cette œuvre étrange, au dessin raffiné, porte la marque de nombreuses influences. Alors même que le merveilleux visage de la Vierge conserve le souvenir bien présent du lyrisme tout siennois d’artiste tels Neroccio et Francesco di Giorgio, l’œuvre mêle en les interprétant de manière personnelle des influences ombriennes (Signorelli, Pintoricchio), ou plus septentrionales (Liberale da Verona), sinon franchement nordiques (Jan Gossaert). Longtemps privée d’attribution certaine, elle est actuellement exposée à la Pinacothèque sous le nom de Girolamo di Domenico. On se détache difficilement de cette œuvre fortement dramatique, de cet Enfant vraiment étrange, à l’invraisemblable allure contournée, et au regard dédaigneux et amer, si amer et dédaigneux qu’il a parfois été perçu comme “presque maléfique.”