Benvenuto di Giovanni, “Le finanze del Comune in tempo di pace e in tempo di guerra”

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Office de la Gabella

Benvenuto di Giovanni (Sienne, 1436 – entre 1509 et 1518) 

Le finanze del Comune in tempo di pace e in tempo di guerra (Les finances de la Commune en temps de paix et en temps de guerre), 1468.

53 x 38,8 cm.

Archivio di Stato di Siena, n° 35

Inscriptions :

  • « HI PRAEFU[E]RUNT AERARIO KALENTIS IANUARII MCCCCLXVII: ANDREAS DOMINI CHRISTOPHORI CAPACIUS CAMERARIUS, NICOLAUS BAPTIASTAE VENTURINUS, THOMMAS URBANI IOANNELUS, DINUS BERTOCCII MARTIUS, ALOISIUS OLDOBRANDI CERETANUS, MATTHEUS PINOCII SCRIPTOR, SER ANTONIUS IOANNIS BALNEARIUS TABELLIO. HI VERO KALENTIS IULII MCCCCLXVIII: ANDREAS CAPACIUS, MANNUS BARTHOLOMAEIVITELLONUS, SER IACOBUS PETRI HUMIDUS, KATHERINUS NANNIS NERII, NICOLAUS PICCOLOMINI PICCOLOMINEUS, MATTHEUS PINOCII SCRIPTOR, SER ARDUINUS LEONARDI ARDUINUS TABELLIO »
  • Au-dessus de la figure de la Paix : « PAX CIVES DITAT »
  • Au-dessus de la figure de la Guerre : « HOC EXTEROS

Provenance : Accademia di Belle Arti, Sienne.

Sienne, Palazzo Piccolomini, Archivio di Stato, Museo delle Biccherne.

Comme on peut le constater, cette tablette n’est plus la couverture d’un registre de comptes mais bien un tableautin autonome doté de son cadre doré, destiné à être accroché à un mur. A partir de la seconde moitié du XVe siècle, les officiers des magistratures civiles ont eu tendance à prédérer ce type de dispositif, beaucoup plus visible que la couverture d’un registre. Comme nous l’avons vu, la plus ancienne occurrence de cette nouvelle façon de réaliser ce type de tableautins date de 1460 avec la biccherna consacrée au Couronnement du pape Pie II (Archivio di Stato di Siena, n° 32).

La scène est une allégorie de la « Pace paolina » (25 avril 1468) voulue par le pape Paul II et signée entre Bartolomeo Colleoni et Piero dei Medici afin de mettre un terme aux vues expansionistes du condottiero [1] vénitien sur le territoire de la Toscane. [2]

La Paix et la Guerre sont représentées par deux figures féminines surplombant deux groupes distincts de personnages constituant la scène située au-dessous. A gauche, la Paix, dont le visage est souriant et dont les cheveux sont rassemblés pour former une coiffure soignée, tient un rameau d’olivier. Elle est accompagnée des paroles : « Pax cives ditat … », « La paix profite aux citoyens … » ; à droite, précédée de langues de feu, la Guerre échevelée, à l’épée dégainée et tenant une langue de feu, est accompagnée de l’inscription « … Hoc exteros », « … Elle (la guerre) [profite] aux étrangers. » Au-dessous, les effets de l’une (la Guerre) et de l’autre (la Paix) sur la l’économie et sur la vie citadine se passent de commentaires … ou plutôt, nécessitent un commentaire car ces effets sont racontés avec une grande précision. La Paix rend les siennois prospères, ce qui les met en mesure de payer leurs impôts (ici, la gabelle) au camarlingo que l’on voit derrière son comptoir, précisément en train de compter les pièces de monnaie et de les ranger dans une bourse de cuir avant de placer celle-ci dans le coffre ouvert situé en arrière plan. Contrairement à la Paix qui, en enrichissant le trésor public contribue à la prospérité de la ville, la Guerre appauvrit l’Etat en l’obligeant à rémunérer des capitaines d’aventure représentés ici portant de courts et précieux manteaux, armés et accompagnés de leurs écuyers, à qui le camarlingo verse des émoluments ruineux pour le trésor, et source de pauvreté pour l’Etat comme pour les citoyens.

La scène est composée de manière à jouer fortement sur une symétrie spatiale [3] qui invite efficacement à une comparaison entre le contenu de l’une et l’autre des deux saynètes (effets de la Paix – effets de la Guerre).

Bien qu’aucune source écrite ne soit venue la confirmer jusqu’ici [4], la critique, depuis Berenson, s’accorde unaniment à attribuer cette tablette à Benvenuto di Giovanni [5].

Les huit blasons sont ceux des familles des officiers en fonction en l’année 1468 : Capacci, Venturini, Giovannelli, Marzi, Cerretani, Vitaleoni, Umidi, Del Garga.

Quatre autres écus encadrent l’inscription habituelle et évoquent les familles : Piccolomini, Pinocci, da Bagnaia, Arduini.

[1] Les condottières (it. condottieri au pluriel ou condottiero au singulier, de condotta : « contrat de louage ») sont des chefs d’armées composées de mercenaires apparues en Italie au Moyen Âge. La célèbre statue du condottiero vénitien Bartolomeo Colleoni par Andrea Verrocchio est toujours située sur le Campo SS. Giovanni e Paolo à Venise.

[2] L’accord entre Bartolomeo Colleoni et Piero dei Medici, fut favorisé par le pape Paul II, d’où le vocable de « Pace paolina ».

[3] Les deux registres horizontaux sont disposés d’une manière symétrique soulignée par la présence des deux comptoirs qui ne se distingent que par leurs jeux de lumière.

[4] Le registre des recettes et des dépenses manque pour l’année 1468.

[5] Benvenuto di Giovanni ou Benvenuto di Giovanni di Meo del Guasta (Sienne, 1436 – Sienne 1509, 1517 ou 1518) ; probablement élève de Vecchietta. Voir annexe « Principaux artistes ».

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