‘Maestro di Tressa’, « Sant’Elena interroga i Giudei »

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‘Maestro di Tressa’ (actif à Sienne entre 1215 et 1240) 

Interrogation des Juifs par sainte Hélène

Compartiment latéral du Paliotto del Salvatore benedicente (Le Sauveur bénissant), tempéra et or sur panneau.

Provenance : Église de San Salvatore e Alessandro, Fontebuona della Badia Bardenga (Castelnovo), près de Sienne.

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Le récit de la découverte de la Croix et des Clous de la Passion s’articule autours de deux personnages : Hélène, impératrice, et son fils Constantin, lui-même à la tête de l’Empire romain. Il existe plusieurs textes relatifs à cette légende : sept sources [1]Parmi ces sources, on compte notamment Ambroise de Milan (De Obitu Theodosii, 395), et Paulin de Nole, Père de l’Église, contemporain de saint Augustin, à qui le liait une vive amitié (Lettre 31 à Sulpice Sévère, 403) et Sulpice Sévère lui-même, qui copie cette lettre dans sa Chronique (403). Voir : Bertrand Lanson, Tiphaine Moreau, Constantin, un auguste chrétien. Paris, 2012, p. sont en notre possession et racontent la découverte des reliques par sainte Hélène. Mais tous les témoignages qui nous sont parvenus ne sont pas conformes. A ceux-ci, s’ajoute celui de Jean Chrysostome (Homélies, 398) qui évoque la découverte mais ne donne pas le nom d’Hélène.

Les auteurs antiques racontent comment, vers la fin de sa vie, en 326, la pieuse impératrice s’est trouvée, à l’occasion d’un pèlerinage, sur le lieu de la Passion du Christ. Inspirée, peut-être, mais plus probablement guidée par des Juifs sur le lieu même de la Crucifixion, elle aurait ordonné des fouilles afin de retrouver le bois de la Croix. Les païens avaient établi à cet endroit un temple et une statue d’Aphrodite qui furent immédiatement détruits au profit de la recherche. Trois croix furent découvertes dans le sol du Golgotha : l’une d’elles fut considérée comme celle du Christ, les deux autres comme celles des bon et mauvais larrons crucifiés en même temps que lui. Certains textes évoquent le présence du titulus ayant permis de distinguer les trois croix et d’identifier celle ayant porté le corps du Christ. Tous, en revanche, assurent que cette dernière put être identifiée grâce à la guérison miraculeuse d’une femme atteinte d’une maladie mortelle après qu’elle ait été touchée avec le bois.

L’instant représenté est celui au cours duquel l’impératrice interroge les Juifs afin de connaître l’emplacement où a été caché le bois de la Croix. « Or, précise Jacques de Voragine [2]Jacques de Voragine, La Légende dorée (« L’Invention de la Sainte Croix »)., les Juifs remplis de crainte se disaient les uns aux autres : ‘Pour quel motif pensez-vous que la Reine nous ait convoqués auprès d’elle ?’ L’un d’eux nommé Judas, dit : ‘Je sais, moi, qu’elle veut apprendre de nous l’endroit où se trouve le bois de la croix sur lequel le Christ a été crucifié. Gardez-vous bien d’être assez présomptueux pour le lui découvrir. Sinon, tenez pour très certain que notre loi sera détruite et que toutes les traditions de nos pères seront totalement abolies […]. Lors donc qu’ils furent en présence de la Reine, et qu’elle leur eut demandé le lieu où le Seigneur avait été crucifié, pas un d’eux ne consentit à le lui indiquer ; alors elle les condamna tous à être brûlés. Ils furent saisis d’effroi et signalèrent Judas en disant : ‘Princesse, voici le fils d’un juste et d’un prophète qui a connu parfaitement la loi ; demandez-lui ce que vous voulez, il vous l’indiquera.’ Alors elle les congédia tous à l’exception de Judas qu’elle retint […]. »

S’ensuit la scène de l’interrogatoire de Judas, son refus de répondre, sa condamnation à être descendu au fond d’un puits et d’y mourir de faim, puis, après sept jours, son acceptation de conduire Hélène sur le lieu de la Crucifixion où furent mises au jour les trois croix enterrées. On connaît la suite …

Notes

Notes
1 Parmi ces sources, on compte notamment Ambroise de Milan (De Obitu Theodosii, 395), et Paulin de Nole, Père de l’Église, contemporain de saint Augustin, à qui le liait une vive amitié (Lettre 31 à Sulpice Sévère, 403) et Sulpice Sévère lui-même, qui copie cette lettre dans sa Chronique (403). Voir : Bertrand Lanson, Tiphaine Moreau, Constantin, un auguste chrétien. Paris, 2012, p.
2 Jacques de Voragine, La Légende dorée (« L’Invention de la Sainte Croix »).

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