Cappella di Santa Caterina

La Chapelle de Sainte Catherine vue de la nef.
Chapelle de Sainte Catherine (Sienne, église de San Domenico)

Sur le flanc droit de la nef de San Domenico, une grande ouverture en plein cintre donne accès à la chapelle de Santa Caterina dans laquelle Giovanni Antonio Bazzi dit le Sodoma a peint les fresques autour de 1526. Commandée par Niccolò di Buonsignore Benzi [1]Niccolò di Buonsignore Benzi, la chapelle, qui conserve la relique de la tête de la sainte [2]C’est la raison pour laquelle cette chapelle, l’un des lieux sacrés les plus prestigieux de la ville, est également connue sous le nom de « Cappella della Testa », ou Chapelle de la Tête., encore visible aujourd’hui à travers la grille du tabernacle, a été construite en 1466, à l’emplacement de la chapelle funéraire familiale réalisée peu auparavant en empiétant sur la moitié de la surface initiale de la sacristie [3]L’actuelle sacristie, diminuée de moitié, se trouve toujours derrière la paroi de gauche. « La moitié antérieure de l’ancienne sacristie avait […] été achetée par le siennois Buonsignore Benzi, marchand de Bologne, pour en faire la chapelle funéraire familiale. Il mourut à Bologne en 1437 et en 1444 son corps fut transféré à Sienne et enterré dans le sol de la … Poursuivre.

Après la mort de Caterina Benincasa, survenue à Rome en 1380, son corps fut inhumé dans l’église dominicaine romaine de Santa Maria sopra Minerva. Quelques années plus tard, en 1384, Raymond de Capoue envoya sa tête [4]Avec l’autorisation accordée par le pape, la tête de la sainte avait été séparée de son corps par Raymond de Capoue au lendemain de la mort de cette dernière. aux frères prêcheurs de Sienne [5]Raymond de CAPOUE, Legenda maior sanctae Catharinae Senensis [1477] ; trad. en angl., The life of Sainte Catherine of Siena, LAMB, G. (éd.), Londres, 1960, pp. 273-274.. La relique prit alors place dans la sacristie jusqu’au moment où Niccolò di Buonsignore Benzi décida, entre 1466-1475, de fonder une chapelle pour y être enterré, lui et sa famille [6]RIEDL, 1985, II-II, p. 562.. Entre 1466 et 1470, Giovanni di Stefano fut sollicité pour réaliser le tabernacle. Un reliquaire d’argent fut aussi commandité à Giovanni et exécuté par Francesco d’Antonio [7]D’après les documents d’archives, une entrée monumentale devait également être réalisée en marbre. RIELDL, 1985, 2, S. 565.. Selon Xavier Salomon. le financement a été pris en charge coniointement par la commune, les frères dominicains et la famille Benzi [8]SALOMON, 2007, p. 286.. Le 14 février 1525, Ventura di Giovanni Turamini, un riche marchand qui avait des intérêts à Rome, était désigné comme intendant pour la réalisation des fresques de la chapelle Sainte Catherine. Il ne demeure de l’aménagement du décor que trois dessins préparatoires des peintures de Sodoma (Florence, Galeries des Offices, Cabinet des Dessins et des Estampes). De facture extrêmement soignée, ils correspondent à l’étape finale de la mise en place de la composition [9]SALOMON 2007, p. 286 et p. 290-293.. Des tensions très fortes étant rapidement apparues lors des discussions sur la commission que devait toucher l’artiste pour la réalisation du décor, Ventura fait appel à Bartolomeo di David pour venir évaluer le travail de Sodoma ; de son côté, Antonio Bazzi demande à Bartolomeo Neroni de faire la même estimation. Un document du 3 janvier 1536 démontre que l’affaire n’est encore pas réglée à cette date puisque les officiers de la Mercanzia font appel au peintre Giovanni di Paolo d’Ambrogio pour faire un nouveau devis. Après avoir peint trois ou quatre scènes, Sodoma décida d’arrêter les travaux, peut-être à cause d’un incendie qui ravagea l’église dominicaine en 1531, sans doute parce qu’il était en désaccord avec Ventura Turamini. Il est aujourd’hui impossible de connaître la teneur des trois ou quatre panneaux encore prévus. Au-dessus du tabernacle devaient se trouver deux scènes, sur la gauche l’Évanouissement de la sainte, c’est-à-dire le moment qui suit la stigmatisation, et à droite la Vision de la sainte Communion rapportée par Tommaso d’Antonio Nacci [10]Tommaso d’Antonio Nacci (Sienne, v. 1350 – Venise, v. 1434) : dominicain, professeur de théologie dans divers couvents et vicaire général de toutes les mantellate d’Italie (1401), il fut chargé chargé des négociations pour la canonisation de Catherine de Sienne, dont il avait été le confident et dont il recueillit les témoignages dans la Legenda minor et le Libellus de … Poursuivre dans le Libellus de suplemento prolixe virginis beate Catherine de Senis [11]CARLI, 1979, p. 52. dans lequel il raconte que la sainte reçut la communion d’un ange descendu du ciel. Sur les murs latéraux se trouvent deux scènes importantes. À gauche l’Exécution de Niccolo di Tuldo, dont l’histoire est décrite par Catherine dans une lettre de 1375 [12]Suzanne NOFFKE, The letters of Catherine of Siena, I, Binghammon, 1988-2000, p. 89.. Niccolo était un jeune homme de Pérouse condamné à mort pour avoir accusé un sénateur au temps du régime des Riformatori. Catherine lui rendit visite en prison pour le réconforter et l’accompagner jusqu’à la mort. Sodoma illustre le moment ou Niccolo est décapité ; son âme est alors enlevée par un ange au moment où Catherine prie pour lui. En face, se trouve le Miracle de la femme possédée ; peinture sans doute réalisée en 1593 par Francesco Vanni [13]SALOMON, 2007, p. 290.. Xavier Solomon a envisagé d’ajouter à cet ensemble un cinquième panneau qui représentait peut-être la Stigmatisation de sainte Catherine plus en adéquation, selon lui, avec la teneur du programme [14]SALOMON, 2007, p. 290.. Les deux peintures de part et d’autre de l’autel sont en concordance avec celui-ci : l’officiant qui recevait l’Eucharistie pouvait contempler les effets du Sacrement sur la sainte ; le frère faisait l’élévation de l’hostie devant le tabernacle et devant la relique ; ainsi, la sainte recevait la Communion tous les jours [15]Interprétation de SALOMON, 2007, p. 289. Notons que l’Eucharistie ne deviendra un dogme qu’après le Concile de Trente (Décret de l’Eucharistie de 1551). VAUCHEZ, 1997, I, p. 554-555.

Programme iconographique et ornemental de la chapelle
1. Les fresques des parois

Gioachino Chiarini a montré combien l’hermétisme suscitées par les écrits de Marsile Ficin a joué un rôle dans la conception des ornements de la chapelle presque tous créés entre les dernières décennies du XVe siècle et le début du XVIe, c’est-à-dire dans une période de floraison artistique maximale, à Sienne plus qu’à Florence même.

’Il Sodoma’, Pilastro decorato a grottesche

Francesco Vanni est l’auteur de la peinture murale de l’arche de la chapelle représentant Raymond de Capoue et Antonio Nacci (dit ‘Il Caffarini’), auteurs respectifs de la Legenda major et de la Legenda minor de la sainte.
Au sommet de l’intrados, figurent les saints Luca et Girolamo, œuvres du Sodoma.

  • Il Sodoma’, San Luca
  • Il Sodoma’, San Girolamo
2. La marqueterie de marbre du sol

Une vérité substantielle relie la marqueterie de marbres du sol aux fresques et à la fois à la vie et à la pensée de la Sainte qui regarde perpétuellement depuis l’autel : l’incrustation avec des références précises aux dernières pages du Dialogue de la Divine Providence, chef-d’œuvre de la mystique médiévale, les fresques de Sodoma dans l’exaltation de certains moments cruciaux de la vie de Catherine de Sienne rapportés dans les biographies de la Sainte.

Une tradition bien ancrée veut que le dallage de marqueterie en marbre du XVème siècle représente Orphée et les animaux ; il a été exécuté sur le dessin d’un artiste proche de la manière de Francesco di Giorgio Martini.

Notes

Notes
1 Niccolò di Buonsignore Benzi
2 C’est la raison pour laquelle cette chapelle, l’un des lieux sacrés les plus prestigieux de la ville, est également connue sous le nom de « Cappella della Testa », ou Chapelle de la Tête.
3 L’actuelle sacristie, diminuée de moitié, se trouve toujours derrière la paroi de gauche. « La moitié antérieure de l’ancienne sacristie avait […] été achetée par le siennois Buonsignore Benzi, marchand de Bologne, pour en faire la chapelle funéraire familiale. Il mourut à Bologne en 1437 et en 1444 son corps fut transféré à Sienne et enterré dans le sol de la ‘Cappella Nova’. Quelques années plus tard, ses deux filles, Laura et Gentile, ainsi que sa femme Cristofora de’ Celsi, victimes de la peste, y furent également enterrées.
Dans les années qui suivirent la canonisation de Catherine de Sienne (qui eut lieu le 29 juin 1461), parmi les initiatives en l’honneur de la Sainte, qui conduisirent notamment à la création progressive de l’Oratorio Cateriniano dans ses différentes composantes, on note l’entrée en scène (à partir de 1466) du secrétaire apostolique Niccolò Benzi, fils de Buonsignore : c’est lui qui finance la transformation de ces espaces familiaux en une véritable chapelle dédiée à la Sainte. » Gioachino CHIARINI, « L’enigma dell’ Orfeo. Immagini e simboli cateriniani nel pavimento della ‘Cappella della Testa’ in San Domenico di Siena », Progressus, 1 (2015).
4 Avec l’autorisation accordée par le pape, la tête de la sainte avait été séparée de son corps par Raymond de Capoue au lendemain de la mort de cette dernière.
5 Raymond de CAPOUE, Legenda maior sanctae Catharinae Senensis [1477] ; trad. en angl., The life of Sainte Catherine of Siena, LAMB, G. (éd.), Londres, 1960, pp. 273-274.
6 RIEDL, 1985, II-II, p. 562.
7 D’après les documents d’archives, une entrée monumentale devait également être réalisée en marbre. RIELDL, 1985, 2, S. 565.
8 SALOMON, 2007, p. 286.
9 SALOMON 2007, p. 286 et p. 290-293.
10 Tommaso d’Antonio Nacci (Sienne, v. 1350 – Venise, v. 1434) : dominicain, professeur de théologie dans divers couvents et vicaire général de toutes les mantellate d’Italie (1401), il fut chargé chargé des négociations pour la canonisation de Catherine de Sienne, dont il avait été le confident et dont il recueillit les témoignages dans la Legenda minor et le Libellus de Supplemento.
11 CARLI, 1979, p. 52.
12 Suzanne NOFFKE, The letters of Catherine of Siena, I, Binghammon, 1988-2000, p. 89.
13 SALOMON, 2007, p. 290.
14 SALOMON, 2007, p. 290.
15 Interprétation de SALOMON, 2007, p. 289. Notons que l’Eucharistie ne deviendra un dogme qu’après le Concile de Trente (Décret de l’Eucharistie de 1551). VAUCHEZ, 1997, I, p. 554-555.