Giovanni Antonio Bazzi dit ‘il Mattaccio’ ou ‘il Sodoma’ (Vercelli, 1477 – Sienne, 1549) : peintre. Sa période d’apprentissage dans l’atelier piémontais de Gian Martino Spanzotti [1]Giovanni Martino Spanzotti, également appelé Gian Martino Spanzotti, (Casale Monferrato, v. 1455 – Chivasso, v. 1528) : peintre actif à la fin du XVe et au début du XVIe siècle en Lombardie et dans le Piémont. définit son style, inspiré du classicisme ombrien. Il est accueilli à Sienne grâce à des agents proches de la puissante famille Spannocchi et, après le décor du réfectoire du couvent de Sant’Anna in Camprena, réalise le célèbre cycle des Storie di Benedetto dans le cloître de l’abbaye olivetaine de Monte Oliveto Maggiore (1505-1508).
À Sienne, il entre en contact avec Benedetto Chigi pour le palais duquel il peint un décor extérieur sur le thème des Métamorphoses d’Ovide. Il est actif à Sienne entre 1510 et 1515, date de la réalisation de la Déposition et de la Flagellation de la Basilique de San Francesco (aujourd’hui à la Pinacoteca Nazionale). Il est de nouveau à Sienne entre 1525 et 1538, période à laquelle appartiennent ses œuvres les plus célèbres : les fresques de la Cappella di Santa Caterina dans l’église de San Domenico (1526), les saints Victor et Ansano (1529), ainsi que le Bienheureux Bernardo Tolomei (1533) pour le Palazzo Pubblico, la Nativité de la Vierge de la Porte Pispini (1531), l’Assunta pour la Cappella di Piazza, sur le Campo (1537), l’Adoration des Mages pour l’église de Sant’Agostino (1533). [2]D’après Gabriele FATTORINI, « Biografie degli artisti », in Siena nel Rinascimento. Arte per la città. Cinisello Balsamo, Silvana Editoriale, 2007, pag. 358.
‘Sodoma’ : à propos d’un surnom
Selon Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes de Giorgio Vasari, publiées en 1568, l’artiste était toujours entouré de jeunes gens dont il goûtait fort la compagnie, ce qui lui aurait valu son surnom de Sodoma. [3]« Il était un joyeux personnage licencieux, et amusait son entourage par sa manière peu honnête de vivre ; sans cesse environné d’enfants et d’adolescents imberbes, qu’il aimait outre mesure, il s’attira le surnom de Sodoma dont, loin d’en être triste ou furieux, il s’en faisait gloire en composant strophes et poèmes qu’il chantait en s’accompagnant très bien sur … Poursuivre Vasari ajoute, que loin d’en prendre ombrage, l’artiste en tirait gloire. Toujours selon la même source, après la victoire d’un des chevaux du Sodoma dans une course à Florence, son surnom aurait été scandé dans la ville, indisposant les citoyens.
Selon une autre sources, non moins crédible que la précédente, ce fameux surnom viendrait d’une formule dialectale (“Su’nduma”, pour “Su ! Andiamo !”, en français : “Allons-y !”) sans cesse répétée par l’artiste.
Œuvres visibles à Sienne et dans le pays siennois
- Cristo flagellato (de San Francesco). Sienne, Pinacoteca Nazionale.
- Deposizione dalla Croce. Sienne, Pinacoteca Nazionale.
- Natività (dall’eremo di Lecceto). Sienne, Pinacoteca Nazionale.
- Cataletto della Compagnia di San Giovanni Battista della Morte. Sienne, Museo dell’Opera del Duomo.
- Storie di santa Caterina. Sienne, basilique de San Domenico, chapelle de Santa Caterina.
- Grottesche. Sienne, basilique de San Domenico, chapelle de Santa Caterina.
- Madonna col Bambino ed i santi patroni di Siena. Sienne, Cappella di Piazza.
- Moltiplicazione dei pani e dei pesci. Pienza, monastère de Sant’Anna in Camprena.
- San Benedetto e gli olivetani. Pienza, monastère de Sant’Anna in Camprena.
- Storie di sant’Anna a monocromo. Pienza, monastère de Sant’Anna in Camprena.
- Pietà. Pienza, monastère de Sant’Anna in Camprena.
- Sant’Anna Metterza e due monaci olivetani. Pienza, monastère de Sant’Anna in Camprena.
- Fregio a grottesche e oculi con Santi. Pienza, monastère de Sant’Anna in Camprena.
- Sant’Ivo che amministra la giustizia. San Gimignano, Palazzo Pubblico.
- Storie di san Benedetto. Montoliveto Maggiore, cloître du monastère.
- Grottesche. Montoliveto Maggiore, cloître du monastère.
- Trionfo di Nettuno. Montoliveto Maggiore, cloître du monastère.
- Villa Chigi, Le Volte (Sienne).
Notes
1↑ | Giovanni Martino Spanzotti, également appelé Gian Martino Spanzotti, (Casale Monferrato, v. 1455 – Chivasso, v. 1528) : peintre actif à la fin du XVe et au début du XVIe siècle en Lombardie et dans le Piémont. |
---|---|
2↑ | D’après Gabriele FATTORINI, « Biografie degli artisti », in Siena nel Rinascimento. Arte per la città. Cinisello Balsamo, Silvana Editoriale, 2007, pag. 358. |
3↑ | « Il était un joyeux personnage licencieux, et amusait son entourage par sa manière peu honnête de vivre ; sans cesse environné d’enfants et d’adolescents imberbes, qu’il aimait outre mesure, il s’attira le surnom de Sodoma dont, loin d’en être triste ou furieux, il s’en faisait gloire en composant strophes et poèmes qu’il chantait en s’accompagnant très bien sur son luth. Il se plaisait à avoir chez lui toutes sortes d’animaux bizarres : des blaireaux, des écureuils, des singes, des magots, des ânes nains […]. Et si le Mattaccio, qui avait de très bons côtés et des dons remarquables, s’était appliqué aux études, comme tout autre aurait fait à sa place, il en aurait tiré de grands avantages. Mais il avait toujours l’esprit tourné vers les plaisanteries et ne travaillait que selon son caprice. Son souci principal était de s’habiller pompeusement, de porter des pourpoints de brocart, des capes bordées de tissus d’or, des bérets magnifiques, des colliers […]. » (« Era uomo allegro, licenzioso, e teneva altrui in piacere e spasso con vivere poco onestamente; nel che fare, però che aveva sempre attorno fanciulli e giovani sbarbati, i quali amava fuor di modo, si acquistò il sopranome di Soddoma, del quale, nonché si prendesse noia o sdegno, se ne gloriava, facendo sopra esso stanze e capitoli e cantandogli in sul liuto assai commodamente. Dilettossi, oltre ciò, d’aver per casa di più sorte stravaganti animali: tassi, scoiattoli, bertucce, gatti mammoni, asini nani […]. E se il Mattaccio, il quale aveva di bonissimi tratti et era molto aiutato dalla natura, avesse atteso in quella disdetta di fortuna, come averebbe datto ogni altro, agli studii, averebbe dato grandi frutti. Ma egli ebbe sempre l’animo alle baie e lavorò a capricci, di niuna cosa maggiormente curandosi che di vestire pomposamente, portando giuboni di brocato, cappe tutte fregiate di tela d’oro, cuffioni ricchissimi, collane. » Giorgio Vasari, « Vita di Giovanni Antonio da Vercelli, detto il Sodoma, Pittore », Vite… (André Chastel, dir., trad. fr., C. Lorgues), op. cit., pp. 231-232. |