Les péchés capitaux et leur iconographie

La pensée monastique a longtemps associé vice et péché : l’homme corrompu par le péché originel a une tendance innée au mal. La lutte contre le péché est associée à la lutte contre la chair (contemption du monde, ascétisme). Abélard contredit cette conception monastique du péché. Pour lui, ce dernier se distingue du vice. Il réside dans l’intention, dans l’assentissement de la volonté (et pas seulement dans la violation effective d’une norme). Le péché n’est donc pas une fatalité : il résulte d’une conscience libre. Après Abélard, cette notion d’intentionalité perdure, avec des nuances, dans la définition du péché.

Dans les Livres des Sentences (1139), ouvrage de référence jusqu’à la fin du Moyen Âge, Pierre Lombard fixe définitivement à sept le nombre des vices. Dans cette liste, l’orgueil et la vaine-gloire sont réunis. Vers 1270, l’ordre de l’énumération des vices est déterminé en établissant une hiérarchie : orgueil, avarice, luxure, colère, gourmandise, envie et acédie. Plus tard, l’acédie est remplacée par la paresse. L’expression de « péchés capitaux » sert à désigner les sept vices dès la fin du XIIIe siècle. 

« On appelle péchés capitaux, ceux dont les fins ont la vertu première et principale de mouvoir l’appétit, et comme ces vertus sont au nombre de sept, on distingue aussi sept vices capitaux qui sont : l’orgueil, l’avarice, la luxure, l’envie, la gourmandise, la colère et la paresse [1]Thomas d’Aquin, Summa theologica. Première publication en France : Summa theologiae Sancti Thomæ Aquinatis. Lugduni (Lyon), Sumptibus Antonii Pillehotte, 1624 – 1623, en 6 tomes ; La Somme Théologique de Saint Thomas latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et philologiques, traduction de l’abbé Claude-Joseph Drioux, en ligne : … Poursuivre ».

  • L’orgueil (lat. : superbia) : attribution à ses propres mérites de qualités ou de comportements réputés être des dons divins (intelligence, vertus, etc.).
  • L’avarice (lat. : avaritia) : s’entend au sens dominant de cupidité, accumulation des richesses recherchées pour elles-mêmes.
  • La luxure (lat. : luxuria) : plaisir sexuel recherché pour lui-même.
  • L’envie (lat. : invidia) : c’est à la fois le sentiment de tristesse ressenti face à la possession par autrui d’un bien, et la volonté de se l’approprier par tout moyen et à tout prix (à ne pas confondre avec la jalousie).
  • La gourmandise (lat. : gula) : ce n’est pas tant la gourmandise au sens moderne, peu ou pas du tout péjoratif, qui est blâmée que la gloutonnerie, cette dernière impliquant davantage l’idée de démesure et d’aveuglement que le mot gourmandise. On constate d’ailleurs que dans d’autres langues, ce péché est désigné par un mot signifiant plutôt gloutonnerie que gourmandise (gluttony en anglais).
  • La colère (lat. : ira) : c’est le produit des excès en paroles ou en actes : insultes, violences, meurtre.
  • La paresse (lat. : acedia). Le Catéchisme de l’Église catholique définit l’acédie, terme disparu du langage courant, comme « une forme de dépression due au relâchement de l’ascèse ». Il s’agit avant tout de paresse morale. L’acédie, est un mal de l’âme qui s’exprimerait par l’ennui, l’éloignement de la prière, de la pénitence et de la lecture spirituelle.

Voir aussi : Les vertus et leur iconographie

Notes

Notes
1 Thomas d’Aquin, Summa theologica. Première publication en France : Summa theologiae Sancti Thomæ Aquinatis. Lugduni (Lyon), Sumptibus Antonii Pillehotte, 1624 – 1623, en 6 tomes ; La Somme Théologique de Saint Thomas latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et philologiques, traduction de l’abbé Claude-Joseph Drioux, en ligne : http://jesusmarie.free.fr/1a2ae_q084.htm, consulté le 13.01.2021.

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