Lippo Vanni, « Lo Sposalizio della Vergine »

Lippo Vanni (Sienne, actif entre 1340 et 1375)

Lo Sposalizio della Vergine (Le Mariage de la Vierge), v. 1360-1370.

Fresque.

Inscriptions : /

Provenance : In situ.

Santa Colomba (Monteriggioni), Eremo di San Leonardo al Lago.

Comme dans la Présentation de Marie au Temple, c’est à nouveau l’architecture qui détermine la composition centrée de la scène du Mariage de la Vierge. Comme dans la Présentation de Marie au Temple, cette architecture totalement imaginaire présente pourtant un caractère suffisamment réaliste pour permettre au spectateur de se plonger dans l’histoire. La structure du lieu où se déroule la cérémonie ressemble à une arche étrangement surbaissée, au-delà de laquelle on devine d’autres espaces venus prolonger celui qui l’on voit au premier plan, sous laquelle ont pris place les différents protagonistes. Au-dessus de cette arche semble courir une passerelle dont on aimerait connaître la fonction (que relie-t-elle ?), bordée d’une balustrade d’un style parfaitement gothique. Au delà, ont entrevoit des constructions elles aussi typiquement médiévales, coiffées de rangés de créneaux guelfes, dans lesquelles on est tenté de reconnaître des édifices effectivement vus à Sienne.

La scène qui se déroule sous nos yeux n’est elle-même n’est pas exempte d’éléments surnaturels, tels qu’ils abondent dans les textes apocryphes qui en sont la source. Le groupe d’hommes qui occupe le tiers gauche de la scène est celui des candidats éconduits que l’on voit se bagarrer, manifestant ainsi leur dépit. L’un d’eux, détail fréquent dans cette scène, brise rageusement la baguette avec laquelle il s’est rendu au Temple sur ordre du grand-prêtre : celle-ci n’a produit aucune « fleur […] au sommet de laquelle l’esprit du Seigneur [pourrait se reposer] sous la forme d’une colombe [1]Évangile de la jeunesse de Marie. Chapitre VII., la main de Marie lui a donc échappé. L’heureux élu est Joseph : faisant face à la Vierge, la colombe voletant à proximité de la fleur qui, en éclosant, l’a désigné comme celui auquel il devenait « manifeste pour tous que la Vierge devait […] être donnée en mariage [2]Évangile de la jeunesse de Marie. Chapitre VIII. », il s’apprête à mettre l’anneau au doigt que lui tend timidement la Vierge. Le reste de la composition adopte un schéma expérimenté de longue date, organisé autour du prêtre qui en marque l’axe exact de symétrie, et des participants réunis de part et d’autre. Tout le reste de la composition ? Ce serait ne pas avoir observé de quelle manière, aux hérauts – qui embouchent de longues trompettes dont il ne reste que la silhouette, probablement ajoutée a secco, et délitée avec le temps – font écho les tambours des anges ainsi que leurs chants qui résonnent dans la voûte, et même, dépassant du cadre de l’image, un hautbois – il appartient à l’un d’eux – sonnant en direction de la scène où se déroule, en contrebas, la cérémonie.

Notes

Notes
1 Évangile de la jeunesse de Marie. Chapitre VII.
2 Évangile de la jeunesse de Marie. Chapitre VIII.