Sano di Pietro, « Madonna col Bambino fra i santi Chiara, Giovanni Evangelista, Martino e Francesco »

Sano di Pietro (Sienne, v. 1410 – 1481)

Madonna col Bambino fra i santi Chiara, Giovanni Evangelista, Martino e Francesco (Vierge à l’Enfant entre les saints Claire, Jean l’Évangéliste, Martin et François), dernière période d’activité de l’artiste. [1]Cette information est communiquée dans Pietro Torriti, La Pinacoteca Nazionale di Siena. I dipinti dal XII al XV secolo. Genova, Sagep, 1977, p. 296. Torriti ajoute sévèrement que l’œuvre « est quasiment sans vie dans les grandiloquentes figures pareilles à des mannequins couverts de pesants habits conventionnels ».

Tempéra et or sur panneau, 235 x 262 cm.

Inscriptions :

  • (dans les pages du livre ouvert tenu par Martin) : « MARTINUS HABRE SIMILETUR ACCIPITUR MARTINUS HI PAUPER ET MODI EUM CELUM DIVES INGREDITUR YNNIS CELEST[IBUS] HONORAT[UR] O BEATUM PONTIFICEM QUI TOTIS VICERIBUS DILIGEBAT » [2]Cette inscription, qui évoque saint Martin en relation avec un bienheureux pape digne d’être monté aux cieux ne fait référence, semble-t-il, à aucun texte connu.

Provenance :

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Le panneau central nous montre la Vierge assise sur le coussin d’un large trône au dossier duquel est tendu un drap d’honneur d’une couleur rouge éclatant, orné de motifs d’or, et tombant en plis lourds le long des bras du meuble. L’Enfant-Jésus se tient droit sur le genou de sa mère, faisant probablement un geste de bénédiction. De part et d’autre, quatre saints sont figurés en pied : à gauche, Claire d’Assise et Jean l’Évangéliste, à droite, Martin de Tours et François d’Assise, ce dernier placé symétriquement à Claire qui lui fait donc écho au sein du polyptyque, d’une manière qui ne doit évidemment rien au hasard.

Longtemps oublié dans les réserves de la Pinacoteca Nazionale, et récemment restauré, le polyptyque de Sano di Pietro est dans un très grave état de dégradation, en particulier dans le panneau central où le visage du Christ, notamment, est presque entièrement perdu. Le jugement sévère porté par Torriti sur cette œuvre de la dernière période d’activité de Sano mériterait d’être revu à la lumière de sa surface picturale désormais débarrassée des oripeaux et des repeints qui la défiguraient depuis le XVIIe siècle. On reconnaît, en particulier, le chromatisme fondé sur des coloris acides des travaux datés des années 1440, en plus éteints. Et l’on notera l’intelligence et l’aisance avec lesquelles il passe outre la découpe, pourtant complexe, du format des deux supports qui supportaient les gâbles à l’origine, n’en retenant que les deux verticales et l’unique horizontale afin d’inscrire les figures de l’archange et de Marie de l’Annonciation à l’intérieur de deux « boîtes d’espace » d’un étonnant rouge vermillon, aptes cependant à créer efficacement une illusion spatiale. Alors que dans un XVe siècle finissant, les peintres de Florence rivalisent de virtuosité pour représenter la profondeur de l’espace du réel, la chose est suffisamment rare à Sienne pour mériter d’être soulignée.

Détail du livre ouvert de Saint Martin.

Notes

Notes
1 Cette information est communiquée dans Pietro Torriti, La Pinacoteca Nazionale di Siena. I dipinti dal XII al XV secolo. Genova, Sagep, 1977, p. 296. Torriti ajoute sévèrement que l’œuvre « est quasiment sans vie dans les grandiloquentes figures pareilles à des mannequins couverts de pesants habits conventionnels ».
2 Cette inscription, qui évoque saint Martin en relation avec un bienheureux pape digne d’être monté aux cieux ne fait référence, semble-t-il, à aucun texte connu.