François d’Assise, né sous le nom de Giovanni di Pietro Bernardone (Assise, 1181 ou 1182 – 1226)
« En 1209, François d’Assise, jeune homme issu d’une riche famille marchande, regroupe autour de lui, à la Portioncule, dans les environs d’Assise, onze frères laïcs. Il leur donne une règle, très simple, qui met l’accent sur l’humilité et sur la pauvreté la plus intransigeante. En 1210, le pape Innocent III (1160-1216) approuve verbalement cette nouvelle communauté. François choisit alors de donner à son regroupement le nom d’Ordo Fratrum Minorum, en référence aux « plus petits » dont parle saint Matthieu (Mt. 25 : 40-45). Le nouvel ordre s’accroît et se structure rapidement. Dès 1212, François est rejoint par Claire (v. 1194-1253), jeune fille issue de la noblesse, qui fonde le deuxième ordre franciscain, l’ordre des Clarisses. Puis, en 1217, une première organisation administrative prend forme avec un découpage de la péninsule italienne en provinces dirigées par des ministres. Enfin, en 1220, François écrit une règle de vie commune, la Regula prima. Jugée trop sévère par la Curie romaine, cette règle n’est pas appliquée et le Saint-Siège oblige le fondateur à en rédiger une deuxième, moins stricte, qui est confirmée le 20 novembre 1223 par Honorius III (?-1227) : c’est la Regula bullata [1]Avec l’augmentation rapide du nombre des membres de l’Ordre, « pour éviter des conflits de personnes et tenir compte des exigences canoniques de l’Église, François se résout à leur donner une règle de vie promulguée en 1221, lors de la Pentecôte. Mais cette règle, […] aujourd’hui appelée Regula prima, ne peut être approuvée par Rome car elle n’est pas assez … Poursuivre. La nouvelle règle trouve ses fondements dans l’enseignement légué par le Christ. Elle suit donc la morale évangélique à la lettre et fait de la Pauvreté, de l’Obéissance et de la Chasteté les trois principes fondateurs de la vie des frères. » [2]Bertrand COSNET, Sous le regard des vertus, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2015, p. 83. Mise en ligne : https://books.openedition.org/pufr/8282?lang=fr
Si François d’Assise est le premier des stigmatisés, l’existence de ces stigmates, demeurée tue jusqu’à sa mort, est alors révélée par le frère Elie de Cortone, vicaire général de l’Ordre. L’Église demeure longtemps sceptique : en 1228, la bulle de canonisation de Grégoire IX ne fait aucune allusion à la stigmatisation. Malgré l’existence d’un témoin, l’épisode, qui aurait eu lieu en 1224, connait plusieurs variantes. Lorsque Tommaso da Celano rédige la biographie officielle du Saint, il est contraint de les concilier.
Iconographie
Au XIIIe s., François est représenté avec un visage oblong et émacié (Cimabue), le cheveu rare, souvent tonsuré, et une courte barbe ; par la suite, le type de représentation se stabilise et François est généralement vu comme un homme d’allure jeune, sans barbe,
- portant
- les stigmates qu’il a reçu lors d’une apparition du Christ sous la forme d’un séraphin à six ailes
- la bure sombre, grise ou brune, de l’Ordre des franciscains,
- nouée à la taille par une cordelière sur laquelle on peut voir trois nœuds, symboles des trois vœux
- de pauvreté
- de chasteté
- d’obéissance
- nouée à la taille par une cordelière sur laquelle on peut voir trois nœuds, symboles des trois vœux
- une croix
- une rose
- en présence
- d’un Christ en croix ayant l’apparence d’un séraphin à six ailes rouge émergeant des cieux
- dont les cinq plaies envoient des rayons qui marquent le corps du Saint de cinq plaies identiques
- d’une figure, parfois miniature, évoquant son mariage mystique avec dame Pauvreté
- d’un Christ en croix ayant l’apparence d’un séraphin à six ailes rouge émergeant des cieux
- représenté vêtu du costume de diacre
Celui des stigmates correspondant à la blessure due au coup de lance reçu au flanc droit par le Christ sur la croix étant nécessairement caché par la bure que porte François, celui-ci s’efforce toujours de la rendre visible dans les représentations picturales, soit grâce au mouvement des plis du vêtement qui occasionnent un écartement des bords de la déchirure visible sur son habit à l’endroit opportun, soit en en écartant lui-même les bords.
Scènes de la vie du saint :
Les nombre des événements ayant jalonné la vie de François est tel que nous nous contenterons de mentionner uniquement les principaux :
- Le crucifix de San Damiano [3]Le Crucifix de San Damiano (fig. 1) est la croix peinte et chantournée provenant de la chapelle Saint-Damien d’Assise devant laquelle François d’Assise fut appelé par le Christ qui lui demanda de « rebâtir sa maison en ruines ». Œuvre d’un artiste ombrien inconnu du XIIe siècle, ce crucifix existe encore ; tenu en grande … Poursuivre parle à François et lui dit : « François, va, répare mon église qui, comme tu le vois, est en ruine » [4]Tomaso da Celano, Vita secunda S. Francisci (1246/1247), chap. VI, 593..
- François renonce à tous ses biens terrestres et les rend tous à son père, y compris ses vêtements dont il se dépouille ; l’évêque d’Assise couvre chastement sa nudité à l’aide de sa cape [5]« À la grande colère de son père, le jeune homme enlève ses chausses et sa chemise devant l’évêque d’Assise Guido qui le recouvre de sa chape pour voiler sa nudité et le prendre symboliquement sous sa protection. » (REAU 1958, III, 1, p. 522)..
- François épouse Dame Pauvreté [6]« Dame Pauvreté est personnifiée par une femme hâve et décharnée, vêtue de haillons. Un gamin lui lance une pierre ; les chiens aboient contre elle. On l’appelait ironiquement au Moyen Âge le Mal de saint François. Saint François passe lui-même l’anneau au doigt de sa misérable fiancée ; parfois, c’est le Christ qui les unit. Elle est accompagnée de ses sœurs … Poursuivre.
- Le pape Innocent III a, pendant son sommeil, la vision de François supportant la façade du Latran pour éviter qu’elle ne s’écroule [7]« La basilique du Latran symbolise l’Église catholique étayée par la fondation d’un nouvel Ordre religieux. Les Dominicains revendiquent eux aussi ce miracle pour leur fondateur. » (REAU 1958, III, 1, p. 523)..
- Le pape Innocent III approuve la règle de l’Ordre que François lui a présentée [8]« Éclairé par sa vision, le pape approuve la Règle du nouvel Ordre monastique. » (REAU 1958, III, 1, p. 523)..
- Il apparaît aux Frères de Rivotorto dans un char de feu [9]Devant les frères, François est enlevé au ciel par un char de feu. Le « thème [est] emprunté à la légende du prophète Elie. Le char est attelé de deux chevaux blancs. » (REAU 1958, III, 1, p. 525)..
- Frère Monaldus voit François apparaître à Arles pendant une prédication de saint Antoine [10]François « apparaît à des moines franciscains d’Arles réunis dans la salle capitulaire pour entendre un sermon de saint Antoine de Padoue et leur dit : ‘Pax vobis’ [Que la paix soit avec vous]. » (REAU 1958, III, 1, p. 525)..
- Vision des trônes célestes : le plus glorieux lui est destiné [11]Le frère Léon voit le trône réservé au ciel à saint François. « C’est le trône d’un ange déchu : perdu par l’orgueil, il est gagné par l’humilité de saint François. » (REAU 1958, III, 1, p. 525)..
- Il propose l’Ordalie du feu pour convaincre le sultan Malek-al-Kamel de la véracité des Textes [12]« Pour convertir le sultan à la foi chrétienne, […] François défie les imams musulmans de passer avec lui à travers les flammes d’un bûcher. Les mécréants préfèrent ne pas s’exposer à cette ordalie du feu et se dérobent. » (REAU 1958, III, 1, p. 525)..
- Institution de la crèche de Greccio [13]D’après la tradition hagiographique, François, s’étant rendu en Terre Sainte, visita Bethléem, et en revint avec le souvenir de la ville où le Christ était né. Il aurait alors reproduit l’image de la Nativité, à Greccio, à l’occasion d’une nuit de Noël, donnant lieu, dit-on, à la création de la première crèche vivante..
- Traité de paix avec le loup de Gubbio [14]« L’histoire du loup qui terrorisait la ville de Gubbio et qui vient se frotter comme un chien contre saint François en promettant de s’amender est la transposition légendaire de la paix conclue par l’entremise du saint entre la République de Gubbio et un brigand qui rançonnait ses habitants. » Chez Sassetta, « frère loup » tend sa patte au saint qui … Poursuivre.
- Le sermon aux oiseaux [15]« Une volée d’oiseaux vient se poser autour de lui près de Spolète : il fait à ces paroissiens zélés un petit sermon édifiant sur la bonté de Dieu qui a conservé leur semence (sic) dans l’arche de Noé, qui les a habillés de plumes et leur permet de vivre sans semer ni moissonner. » (REAU 1958, III, I, p. 525). Dans la même scène peinte par Giotto (Retable de … Poursuivre.
- Il reçoit les stigmates [16]L’apparition qui aurait eu lieu le 17 septembre 1224, près d’un ermitage concédé au saint dans la solitude du mont Alverne (La Verna), est ainsi racontée par son biographe Thomas de Celano : Il vit, se tenant au-dessus de lui, un homme ayant six ailes comme un séraphin, les bras étendus et les pieds joints, attaché à une croix. Deux de ses ailes s’élevaient au-dessus … Poursuivre.
- Sa mort (et la vérification des stigmates) [17]« Le saint est étendu dans sa robe de bure au milieu des moines franciscains qui baisent avec ferveur les stigmates de ses mains et de ses pieds. Son âme est enlevée au ciel par des anges. Un seigneur incrédule du nom de Jérôme (Hieronymus), qui doutait de la réalité des stigmates, entr’ouvre le froc du saint pour toucher, nouveau saint Thomas de ce nouveau Christ, la plaie … Poursuivre.
- Son âme est emportée au ciel.

Notes
1↑ | Avec l’augmentation rapide du nombre des membres de l’Ordre, « pour éviter des conflits de personnes et tenir compte des exigences canoniques de l’Église, François se résout à leur donner une règle de vie promulguée en 1221, lors de la Pentecôte. Mais cette règle, […] aujourd’hui appelée Regula prima, ne peut être approuvée par Rome car elle n’est pas assez juridique. En 1223, François se retire donc à Fonte Colombo, sur le conseil du cardinal Hugolin, protecteur de l’ordre et futur pape Grégoire IX, pour reprendre la rédaction. La règle est approuvée par la bulle Solet annuere du pape Honorius III (1216-1227). Elle est en conséquence nommée Regula bullata. Ce texte du Moyen Âge est toujours en vigueur, après avoir connu plusieurs actualisations. » Jacques TYROL, « Les règles religieuses (4/4) », La Croix (18.11.2017). |
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2↑ | Bertrand COSNET, Sous le regard des vertus, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2015, p. 83. Mise en ligne : https://books.openedition.org/pufr/8282?lang=fr |
3↑ | Le Crucifix de San Damiano (fig. 1) est la croix peinte et chantournée provenant de la chapelle Saint-Damien d’Assise devant laquelle François d’Assise fut appelé par le Christ qui lui demanda de « rebâtir sa maison en ruines ». Œuvre d’un artiste ombrien inconnu du XIIe siècle, ce crucifix existe encore ; tenu en grande vénération par les sœurs clarisses qui le protègent depuis sept siècle, il a longtemps figuré dans une chapelle attenante à la basilique Sainte-Claire d’Assise où il est aujourd’hui remplacé par une copie. Actuellement, il se trouve dans la basilique inférieure de San Francesco, suspendu au-dessus du tombeau du saint. Dans le tabellone central sont figurés sept personnages, tous identifiable du fait de l’inscription de leur nom ou en lien avec la tradition iconographique : de gauche à droite, la Vierge Marie, l’apôtre Jean, Marie Madeleine, Marie Salomé (mère de Jacques le Mineur), le centurion dont le nom est tu par Marc, l’Évangéliste, lorsqu’il lui prête la formule : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! ». À une plus petite échelle, au pieds des précédents, figurent Longin, à gauche), muni de sa lance, et Stephaton, à droite, tenant l’éponge pleine de vinaigre. |
4↑ | Tomaso da Celano, Vita secunda S. Francisci (1246/1247), chap. VI, 593. |
5↑ | « À la grande colère de son père, le jeune homme enlève ses chausses et sa chemise devant l’évêque d’Assise Guido qui le recouvre de sa chape pour voiler sa nudité et le prendre symboliquement sous sa protection. » (REAU 1958, III, 1, p. 522). |
6↑ | « Dame Pauvreté est personnifiée par une femme hâve et décharnée, vêtue de haillons. Un gamin lui lance une pierre ; les chiens aboient contre elle. On l’appelait ironiquement au Moyen Âge le Mal de saint François. Saint François passe lui-même l’anneau au doigt de sa misérable fiancée ; parfois, c’est le Christ qui les unit. Elle est accompagnée de ses sœurs Chasteté et Obéissance. La Chasteté est […] en robe blanche ; l’Obéissance porte un joug sur ses épaules. » (REAU, 1958, III, 1, pp. 522-523). On notera que la description des trois sœurs n’est pas respectée à la lettre dans la peinture siennoise. Voir, par exemple, le Mariage de saint François avec Dame Pauvreté de Sassetta (Chantilly, Musée Condé). |
7↑ | « La basilique du Latran symbolise l’Église catholique étayée par la fondation d’un nouvel Ordre religieux. Les Dominicains revendiquent eux aussi ce miracle pour leur fondateur. » (REAU 1958, III, 1, p. 523). |
8↑ | « Éclairé par sa vision, le pape approuve la Règle du nouvel Ordre monastique. » (REAU 1958, III, 1, p. 523). |
9↑ | Devant les frères, François est enlevé au ciel par un char de feu. Le « thème [est] emprunté à la légende du prophète Elie. Le char est attelé de deux chevaux blancs. » (REAU 1958, III, 1, p. 525). |
10↑ | François « apparaît à des moines franciscains d’Arles réunis dans la salle capitulaire pour entendre un sermon de saint Antoine de Padoue et leur dit : ‘Pax vobis’ [Que la paix soit avec vous]. » (REAU 1958, III, 1, p. 525). |
11↑ | Le frère Léon voit le trône réservé au ciel à saint François. « C’est le trône d’un ange déchu : perdu par l’orgueil, il est gagné par l’humilité de saint François. » (REAU 1958, III, 1, p. 525). |
12↑ | « Pour convertir le sultan à la foi chrétienne, […] François défie les imams musulmans de passer avec lui à travers les flammes d’un bûcher. Les mécréants préfèrent ne pas s’exposer à cette ordalie du feu et se dérobent. » (REAU 1958, III, 1, p. 525). |
13↑ | D’après la tradition hagiographique, François, s’étant rendu en Terre Sainte, visita Bethléem, et en revint avec le souvenir de la ville où le Christ était né. Il aurait alors reproduit l’image de la Nativité, à Greccio, à l’occasion d’une nuit de Noël, donnant lieu, dit-on, à la création de la première crèche vivante. |
14↑ | « L’histoire du loup qui terrorisait la ville de Gubbio et qui vient se frotter comme un chien contre saint François en promettant de s’amender est la transposition légendaire de la paix conclue par l’entremise du saint entre la République de Gubbio et un brigand qui rançonnait ses habitants. » Chez Sassetta, « frère loup » tend sa patte au saint qui dicte à un scribe assis le texte du pacte d’amitié. » REAU 1958, III, 1, p. 524. |
15↑ | « Une volée d’oiseaux vient se poser autour de lui près de Spolète : il fait à ces paroissiens zélés un petit sermon édifiant sur la bonté de Dieu qui a conservé leur semence (sic) dans l’arche de Noé, qui les a habillés de plumes et leur permet de vivre sans semer ni moissonner. » (REAU 1958, III, I, p. 525). Dans la même scène peinte par Giotto (Retable de saint François, Musée du Louvre), les oiseaux figurent deux à deux, par couples, pour mieux signifier la manière dont la parole du saint va pouvoir se répandre dans le monde en se multipliant. |
16↑ | L’apparition qui aurait eu lieu le 17 septembre 1224, près d’un ermitage concédé au saint dans la solitude du mont Alverne (La Verna), est ainsi racontée par son biographe Thomas de Celano : Il vit, se tenant au-dessus de lui, un homme ayant six ailes comme un séraphin, les bras étendus et les pieds joints, attaché à une croix. Deux de ses ailes s’élevaient au-dessus de la tête, deux autres se déployaient pour voler, les deux dernières lui voilaient tout le corps … Son cœur était tout plein de de cette apparition quand, sur ses mains et sur ses pieds commencèrent à apparaître les marques des clous telles qu’il venait de les voir dans l’homme crucifié au-dessus de lui. On notera qu’aucune mention n’est faite de la blessure occasionnée par la lance de Longin au flanc droit du Crucifié. |
17↑ | « Le saint est étendu dans sa robe de bure au milieu des moines franciscains qui baisent avec ferveur les stigmates de ses mains et de ses pieds. Son âme est enlevée au ciel par des anges. Un seigneur incrédule du nom de Jérôme (Hieronymus), qui doutait de la réalité des stigmates, entr’ouvre le froc du saint pour toucher, nouveau saint Thomas de ce nouveau Christ, la plaie imprimée sur son flanc. » REAU 1958, III, 1, p. 528. |
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