« Cappella funeraria degli Albertini »

Chapelle funéraire des Albertini

Placée dès l’origine sous le titre de saint Nicolas, la chapelle a été construite sous le patronage du juriste et cavalier Bernardino Albertini, dit ’Il Porrina’, et de son frère Ranieri, évêque de Crémone. En 1576, elle avait déjà subi plusieurs modifications ainsi que le blanchiment à la chaux des fresques. Vers le milieu du XVIIe siècle, l’autel de San Nicolo était démoli. La chapelle finit par tomber dans un oubli complet après que l’ouverture de la porte depuis l’église attenante a été murée.

La présence des donateurs et l’aspect funéraire de la chapelle ont permis d’obtenir quelques éléments précieux de datation : Ranieri est évêque de Crémone depuis 1296, il meurt vraisemblablement en 1312, son frère Bernardino l’ayant précédé de quelque trois années, vers 1308-1309. D’après l’historien de l’art anglais Dillian Gordon, qui offre un résumé des hypothèses et des interprétations des différents critiques d’art ayant travaillé sur cet édifice [1]Dillian Gordon, « Master of Albertini (Master of the Casole Fresco) », dans Dillian Gordon, The Italian Painting before 1400, London, coll. « National Gallery Catalogues », 2011, p. 325., l’œuvre ne peut avoir été exécutée avant 1296, date de l’élection de Ranieri à l’évéche de Crémone ; l’année 1312 est considérée par les historiens tantôt « comme un terminus ante quem [2]Terminus ante quem : « date avant laquelle ». [3]A. Labriola, « Gli affreschi della cappella di San Niccolo nell’antico Palazzo dei Vescovi a Pistoia », dans Arte Christiana, t. LXXVI, 1988, p. 247-266., tantôt comme un terminus post quem [4]Terminus post quem : « date à partir de laquelle ». ». [5]Alessandro Bagnoli, « La cappella funebre del Porrina e del vescovo Ranieri e le sue figurazioni murali », op. cit, 2010, pp. 92-111 ; Maria Merlini, « Maestro degli Aringhieri », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, Duccio, Alle origini della pittura senese, Milano, Silvana Editoriale, 2003, p. 307. L’analyse des fresques sur une base stylistique a conduit Alessandro Bagnoli à dater l’œuvre autour de 1315. [6]Alessandro Bagnoli, « La cappella funebre del Porrina e del vescovo Ranieri e le sue figurazioni murali », op. cit,, 2010.

D’un avis général, la décoration à fresque de la chapelle funéraire des Albertini, à l’intérieur de la Collégiale de Casole d’Elsa, est l’ouvrage majeur du ‘Maître des Albertini[7]Dans le catalogue de l’exposition consacrée à Duccio en 2003, cet artiste porte encore le pseudonyme de ’Maestro degli Aringhieri’ (voir Maria Merlini, « Maestro degli Aringhieri », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, Duccio, Alle origini della pittura senese, Milano, Silvana Editoriale, 2003, p. 306-307).. L’ensemble comporte une Maestà, fresque détachée (elle provient de la chapelle-niche que l’on voit encore sur la paroi de droite), attribuée depuis longtemps à cet artiste proche de Duccio, mais aussi un Jugement Dernier avec le Christ trônant dans une mandorle, des anges tenant les instruments de la Passion, ainsi que les douze apôtres, découvert lors d’une restauration réalisée en 2003 [8]Alessandro Bagnoli, « I Pittori Ducceschi », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, op. cit., 2003, pp. 96-99, 238.., confirmant par ailleurs l’aspect funéraire de la chapelle [9]Alessandro Bagnoli, « I Restauri », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, op. cit., 2003, p. 517-519. La chapelle tient son nom des deux suppliants représentés agenouillés, et présentés à la Vierge en majesté : à la gauche de Marie se trouve Ranieri Albertini, décrit dans l’inscription [10]Alessandro Bagnoli, « La cappella funebre del Porrina e del vescovo Ranieri e le sue figurazioni murali », dans Marco Romano : e il contesto artistico senese fra la fine del Duecento e gli inizi del Trecento, Milano, Silvana Editoriale, 2010, pp. 96-99. comme évêque de Crémone et présenté par Saint-Nicolas (à qui la chapelle était consacrée) ; à sa droite, l’archange Michel (traditionnellement associé à la pesée des âmes) présente son frère Bernardino dit « Il Porrina ». [11]Au terme de leur expérience terrestre, Porrina (mort entre octobre 1308 et avril 1309) et l’évêque Tommaso Andrei (mort en 1303) ont obtenu le privilège d’être commémorés dans l’église paroissiale de Santa Maria Assunta : au cours de la même période, entre la mort de l’évêque Tommaso et l’enlèvement de Ranieri, neveu de Porrina (1313), les deux puissantes familles de Casole … Poursuivre

  • Maria Merlini, « Cat. 45 », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, Duccio, Alle origini della pittura senese, Milano, Silvana Editoriale, 2003, p. 310.

Notes

Notes
1 Dillian Gordon, « Master of Albertini (Master of the Casole Fresco) », dans Dillian Gordon, The Italian Painting before 1400, London, coll. « National Gallery Catalogues », 2011, p. 325.
2 Terminus ante quem : « date avant laquelle ».
3 A. Labriola, « Gli affreschi della cappella di San Niccolo nell’antico Palazzo dei Vescovi a Pistoia », dans Arte Christiana, t. LXXVI, 1988, p. 247-266.
4 Terminus post quem : « date à partir de laquelle ».
5 Alessandro Bagnoli, « La cappella funebre del Porrina e del vescovo Ranieri e le sue figurazioni murali », op. cit, 2010, pp. 92-111 ; Maria Merlini, « Maestro degli Aringhieri », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, Duccio, Alle origini della pittura senese, Milano, Silvana Editoriale, 2003, p. 307.
6 Alessandro Bagnoli, « La cappella funebre del Porrina e del vescovo Ranieri e le sue figurazioni murali », op. cit,, 2010.
7 Dans le catalogue de l’exposition consacrée à Duccio en 2003, cet artiste porte encore le pseudonyme de ’Maestro degli Aringhieri’ (voir Maria Merlini, « Maestro degli Aringhieri », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, Duccio, Alle origini della pittura senese, Milano, Silvana Editoriale, 2003, p. 306-307).
8 Alessandro Bagnoli, « I Pittori Ducceschi », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, op. cit., 2003, pp. 96-99, 238..
9 Alessandro Bagnoli, « I Restauri », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, op. cit., 2003, p. 517-519
10 Alessandro Bagnoli, « La cappella funebre del Porrina e del vescovo Ranieri e le sue figurazioni murali », dans Marco Romano : e il contesto artistico senese fra la fine del Duecento e gli inizi del Trecento, Milano, Silvana Editoriale, 2010, pp. 96-99.
11 Au terme de leur expérience terrestre, Porrina (mort entre octobre 1308 et avril 1309) et l’évêque Tommaso Andrei (mort en 1303) ont obtenu le privilège d’être commémorés dans l’église paroissiale de Santa Maria Assunta : au cours de la même période, entre la mort de l’évêque Tommaso et l’enlèvement de Ranieri, neveu de Porrina (1313), les deux puissantes familles de Casole ont respectivement sollicité Gano di Fazio, architecte déjà apprécié du monument funéraire de l’évêque de Volterra Ranieri II Ubertini (mort vers 1297-1300) dans l’église de San Domenico d’Arezzo, et de Marco Romano, l’homme nouveau de la sculpture italienne du début du XIVe siècle qui, au moment de la réalisation de la statue de Porrina, avait peut-être déjà à son actif les statues de la Vierge, de Sant’Imerio et Sant’Omobono pour la cathédrale de Crémone. Enfin, l’alignement « néo-gibelin » de la famille Andrei à l’occasion de la descente d’Henri VII (1312-1313) valut à Tommaso Andrei l’exil de Casole, sort similaire à celui qui fut destiné à Ranieri del Porrina, neveu de notre juriste et principal partisan du soulèvement du castello de Casole au passage de l’armée impériale. « Potere, cultura e committenza artistica. I Porrini di Casole d’Elsa (XIII-XIV secolo) », pp. 42-43.