Gentile da Fabriano, « Madonna in trono col Bambino e angeli »

Gentile da Fabriano  (Fabriano, v. 1370 – Rome, 1427)

Madonna in trono col Bambino e angeli (La Madone assise sur un trône avec l’Enfant, et des anges), v. 1405.

Tempéra or et argent et sur panneau, 115 x 64 cm.

Inscriptions :

  • (dans l’auréole de la Vierge) : « AVE MARIA GRATIA PLENA DOMINVS TECVM » [1]Interprétation de la salutation angélique de l’Annonciation : « et ingressus angelus ad eam dixit have gratia plena Dominus tecum benedicta tu in mulieribus » (« L’ange entra chez elle, et dit : Je te salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre les femmes. »[Lc 1, 28]).
  • (dans l’auréole de l’Enfant) : « IHS / XPS » [2]« Ihesus Christus (Jésus-Christ).
  • (sur le rouleau de musique déroulé par des anges) : « […]are alleluia Resurrexit sicut dixit alle[…] » [3]« Regina caeli, laetare, alleluya ; / Quia quem meruisti portare, alleluya ; / Resurrexit, sicut dixit, alleluya ; / Ora pro nobis Deum, alleluya. » (Réjouis-toi, Reine du ciel, alléluia, car celui que tu as mérité de porter, alléluia, est ressuscité comme il l’avait annoncé, alléluia ; prie Dieu pour nous, alléluia). L’auteur de l’antienne Regina Caeli, dont le titre, … Poursuivre

Provenance :

Pérouse, Galleria Nazionale dell’Umbria.

Vers 1405, Gentile da Fabriano peint un polyptyque pour l’église de San Domenico, à Pérouse. Il ne demeure de celui-ci que le compartiment central. La Madone en majesté est assise avec l’Enfant sur un trône, entourée d’anges. En observant le détail de ce trône, on distingue les différents éléments dont il est constitué. Le siège est fait d’arbustes aux frondaisons verdoyantes, de fleurs et de petits arcs gothiques, éléments architecturaux à l’allure vénitienne, très semblables à ceux qui ornent le Palais des Doges. Même si la partie inférieure du panneau est très abîmée, on peut distinguer aux pieds de la Vierge une série d’anges musiciens chantant un hymne dont la musique est notée sur le rouleau qu’ils maintiennent en formant une ronde. Des fleurs et des lettres gothiques émergent du manteau comme une invocation à Marie. Sur le fond d’or, on distingue à peine six anges gravés dans le précieux matériau avec lequel ils se confondent. L’Enfant Jésus tient une grenade, symbole de fertilité, préfiguration de la Passion (les grains du fruit ont la forme ronde et la couleur rouge des gouttes de sang) et allégorie de l’unité de l’Église. Dans un style typique du gothique tardif, l’œuvre déploie en quantité l’or ouvragé avec un raffinement qui contribue à embellir encore l’image d’où émane un sens de la sacralité poussé à l’extrême.

Quinze ans plus tard, Taddeo di Bartolo, témoignant ainsi de l’influence de Gentile sur les peintres siennois de sa génération [4]Taddeo a lui-même séjourné à Pérouse où il a évidemment pu voir l’œuvre de Gentile., représente le même sujet, et reproduit le motif quasiment à l’identique dans une Vierge à l’Enfant aujourd’hui aux États Unis. [5]Taddeo di Bartolo, Virgin and Child with angels. Cambridge (MA), Fogg Art Museum). Il s’agit du panneau central du Polyptyque de Gubbio.

Notes

Notes
1 Interprétation de la salutation angélique de l’Annonciation : « et ingressus angelus ad eam dixit have gratia plena Dominus tecum benedicta tu in mulieribus » (« L’ange entra chez elle, et dit : Je te salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre les femmes. »[Lc 1, 28]).
2 « Ihesus Christus (Jésus-Christ).
3 « Regina caeli, laetare, alleluya ; / Quia quem meruisti portare, alleluya ; / Resurrexit, sicut dixit, alleluya ; / Ora pro nobis Deum, alleluya. » (Réjouis-toi, Reine du ciel, alléluia, car celui que tu as mérité de porter, alléluia, est ressuscité comme il l’avait annoncé, alléluia ; prie Dieu pour nous, alléluia). L’auteur de l’antienne Regina Caeli, dont le titre, comme dans nombre de prières, est constitué des premiers mots du texte, demeure inconnu. La légende considère que Grégoire le Grand en est l’auteur. Le saint pape, d’après cette légende, aurait entendu trois anges chanter les trois premiers versets dans la basilique romaine de Santa Maria in Aracoeli, et aurait ensuite composé lui-même le quatrième. L’histoire est rapportée par Guillaume Durand, dans le Rationale diuinorum officiorum, Lyon, 1565, p. 376 : « Beatus Gregorius […] aidotæ dicuntur tres voces angeloru canentiu : Regina cæli lætare, allelu Ia : quia quem meruisti portare, allelu Ia : resurrexit sicut dixit allelu Ia : statimque beatus Greg. adiunxit : Ora pro nobis Deum allelu Ia. » (Ia est le diminutif de Yahvé).
4 Taddeo a lui-même séjourné à Pérouse où il a évidemment pu voir l’œuvre de Gentile.
5 Taddeo di Bartolo, Virgin and Child with angels. Cambridge (MA), Fogg Art Museum). Il s’agit du panneau central du Polyptyque de Gubbio.