Rogier van der Weyden, « Tryptyque des sept sacrements »

Rogier van der Weyden (Tournai, v. 1399/1400 — Bruxelles, 1464)

Triptyque des sept sacrements, 1445-1450.

Huile sur panneau, compartiment central : 200 x 97 cm ; volets : 119 x 63 cm.

Inscriptions :

  • (sur les banderoles dorées des anges, écrites en noir avec la première lettre en bleu, références textuelles écrites en rouge) :
    • Baptême : « O[mn]es in aqu[a] [et] pneu[m]ate baptizati / in morte chri[st]i v[er]e su[n]t renati / Ad ro[m]a[nos] vi. c[apitul]o » [1]« an ignoratis quia quicumque baptizati sumus in Christo Iesu in morte ipsius baptizati sumus » (Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ?). Paul, Épître aux Romains (6, 3).
    • Confirmation : « Per c[hr]isma quo a p[rae]sule inu[n]gu[n]tur) / vi passio[n]is chr[ist]i i[n] bono [con]firman[tur] / i[n]q[u]arto s[en]t[e]n[ti]a[rum] » [2]Per chrisma quo a praesule inunguntur vi passionis christi in bono confirmantur in quarto sententiarum.” Petrus Lombardus, Sententiae, 4, dist. 7.
    • Confession : « Sang[u]is chr[ist]i n[ost]ras [con]sc[ienti]as emu[n]dabit / Du[m] p[oeni]t[e]n[t]iale debitu[m] seip[s]o mitigavit. /Ad heb[raeos] ix. c[apitul]o » [3]Epître aux Hébreux, 9, 14.
    • Eucharistie : « Hic pa[n]is manu s[anc]ti sp[iritu]s for[m]at[us] i[n] vi[r]gi[n]e / Igne passio[n]is e[st] decoct[us] in cruce/ A[m]bro[sius] i[n] li[bro] sac[ra]me[n]t[is] » [4]Ambroise, De sacramentis, 4, 4, 14-17.
    • Ordination : « Du[m] su[m]m[us] po[n]tifex lesus i[n] s[anc]tca i[n]t[r]av[i]t/tu[n]c sac[ra]mentu[m] ordi[ni]s vere stauravit / Ad heb[raeos] ix. c[apitul]o » [5]Epître aux Hébreux, 9, 25.
    • Mariage : « Matrimonium a chr[ist]o commendatur /du[m] spo[n]sa sa[n]guinu[m] i[ln] c[a]r[n]e copulator / exodi Ill. c[apitul]o » [6]Exode 4, 25.
    • Extrême-onction : « Oleo s[anc]to in a|n]ima [et] corpor[e] infirmati / sanantur merito passio[n]is chr(ist]i / Jacobi ulti[m]o » [7]“Quelqu’un parmi vous est-il malade? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et que les anciens prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur.” Epître de Jacques, 5, 14.

Provenance : Probablement chapelle Chevrot de l’église Saint-Hippolyte à Poligny ; coll. Jean Perrault, gouverneur de Bourgogne (1604-1681, Paris) ; chapelle de l’Hôtel Perrault (1684, Paris) ; coll. Guillaume Perrault (mort en 1726, Paris) ; coll. François de Mucie (Paris) ; dépôt chez M. Micault (1728, Arsenal, Paris) ; coll. Jean Pérard-Floriet (Chalon) ; coll. Jean Pérard (né en 1753, Dijon) ; acquis en 1826 par le chevalier Florent van Ertborn (Anvers) qui l’a légué au Musée en 1941. [8]Pierre Quarré, « Le triptyque des Sept sacrements de Rogier Van der Weyden en Bourgogne », Publications du Centre Européen d’Etudes Bourguignonnes (2023), vol. 17, 1976, pp. 85-94.

Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten.

La configuration proprement extraordinaire du triptyque de van der Weyden décrit l’intérieur d’une église parfois identifiée comme celle de Sainte-Gudule, à Bruxelles. La nef centrale et les collatéraux de l’édifice sont vus dans une perspective qui fonde la cohérence d’un espace unique figuré dans les trois volets. Dans le panneau central, qui est probablement le seul de la main de Rogier van der Weyden, cet espace est dominé, au premier plan, par un Calvaire, représenté hors d’échelle. Plus loin en arrière, face à l’autel, un prêtre procède à l’élévation de l’Hostie lors de la célébration de l’Eucharistie.

Dans chacune des chapelles s’ouvrant sur les bas-côtés se déroule une saynète dans laquelle officie un prêtre (toujours vêtu de blanc, celui-ci est aisément identifié) : dans la première, un nouveau-né est tenu sur les fonts baptismaux ; dans la seconde, un prêtre donne la Confirmation ; plus loin, un troisième prêtre écoute la confession d’un jeune garçon ; dans le collatéral droit, un évêque ordonne un prêtre ; puis un mariage est célébré ; enfin, un moribond reçoit l’extrême onction. Les panneaux latéraux viennent confirmer le sujet de l’œuvre : le retable représente les sept sacrements de l’Église.

Les six anges qui survolent les différentes chapelles sont vêtus d’une couleur assortie au sacrement célébré au-dessous, allant du blanc pour le baptême au noir pour les derniers sacrements. Chacun d’eux porte un phylactère sur laquelle on peut lire un extrait de texte agissant comme la source essentiellement néo-testamentaire du sacrement représenté.

Dans les angles supérieurs de chacun des panneaux, deux écus [9]Armes de l’évêché de Tournai : « de gueules semé de fleurs de lys d’or chargé d’une tour d’argent » : armes de l’évêque Jean Chevrot : « d’or au chevron d’azur, chargé en cime d’une croisette ancrée d’or ». indiquent que le tableau fut commandé par Jean Chevrot [10]Jean Chevrot (Poligny v. 1395 – Lille, 1460 : évêque français, évêque de Tournai (1436-1460) et président du conseil de Bourgogne de Philippe le Bon et Isabelle de Portugal. Il fut un ministre polyvalent et fiable, bénéficiant de la confiance de Philippe le Bon. Il était l’un des proches collaborateurs du chancelier Nicolas … Poursuivre, évêque de Tournai. [11]Pierre Quarré, « Le triptyque des Sept sacrements de Rogier Van der Weyden en Bourgogne », Publications du Centre Européen d’Etudes Bourguignonnes (2023), vol. 17, 1976, pp. 85-94.

Notes

Notes
1 « an ignoratis quia quicumque baptizati sumus in Christo Iesu in morte ipsius baptizati sumus » (Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ?). Paul, Épître aux Romains (6, 3).
2 Per chrisma quo a praesule inunguntur vi passionis christi in bono confirmantur in quarto sententiarum.” Petrus Lombardus, Sententiae, 4, dist. 7.
3 Epître aux Hébreux, 9, 14.
4 Ambroise, De sacramentis, 4, 4, 14-17.
5 Epître aux Hébreux, 9, 25.
6 Exode 4, 25.
7 “Quelqu’un parmi vous est-il malade? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et que les anciens prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur.” Epître de Jacques, 5, 14.
8 Pierre Quarré, « Le triptyque des Sept sacrements de Rogier Van der Weyden en Bourgogne », Publications du Centre Européen d’Etudes Bourguignonnes (2023), vol. 17, 1976, pp. 85-94.
9 Armes de l’évêché de Tournai : « de gueules semé de fleurs de lys d’or chargé d’une tour d’argent » : armes de l’évêque Jean Chevrot : « d’or au chevron d’azur, chargé en cime d’une croisette ancrée d’or ».
10 Jean Chevrot (Poligny v. 1395 – Lille, 1460 : évêque français, évêque de Tournai (1436-1460) et président du conseil de Bourgogne de Philippe le Bon et Isabelle de Portugal. Il fut un ministre polyvalent et fiable, bénéficiant de la confiance de Philippe le Bon. Il était l’un des proches collaborateurs du chancelier Nicolas Rolin.
11 Pierre Quarré, « Le triptyque des Sept sacrements de Rogier Van der Weyden en Bourgogne », Publications du Centre Européen d’Etudes Bourguignonnes (2023), vol. 17, 1976, pp. 85-94.