Antonio Abate

Antoine Abbé, Antoine le Grand, Antoine ermite ou parfois Antoine de Vienne : moine, ermite né en 251 (?) et mort en 359 (?).

Il a été le maître de saint Athanase, son biographe. Considéré comme le père du monachisme, il a créé des monastères en Égypte. L’ordre qui porte son nom a été institué par le pape Urbain II. Le premier monastère créé par Antoine en Europe est celui de Vienne, en Dauphiné.

1. ‘Maître de l’Observance’, « Saint Antoine Abbé ». Tempéra et or sur panneau, 73 x 59,3 cm. Paris, Musée du Louvre.
Iconographie

Antoine est représenté

  • sous l’apparence d’un vieux moine à la barbe longue, blanche et bifide (fig. 1)
  • portant
    • un « tau », bâton ou sorte de béquille en forme de T (« tau » est le nom grec de cette lettre)
    • une cape et une capuche de couleurs différentes (gris, brun ou noir)
    • une clochette (celle-ci peut également être accrochée à sa ceinture ou à son bâton, ou encore, visible à proximité) [1]La  clochette était l’attribut des ermites qui étaient réputés s’en servir pour repousser les attaques des démons, effrayés par leur bruit comme par la lumière des cierges. Émile Mâle signale que cette tradition date de la fin du XIVe siècle, et précise que le cochon n’a rien à voir avec la vie du saint mais avec l’ordre religieux des Antonins fondé … Poursuivre
    • le livre des Saintes Écritures, d’une couleur rouge évoquant la Passion
    • un circulum precatorium ou un chapelet
  • accompagné d’un ou plusieurs petits cochons noirs [2]Le petit cochon qui accompagne presque toujours Antoine dans les représentations qui sont faites de lui a suscité de nombreuses interrogations. La raison de cette présence étrange aux côté du saint est peut-être (?) l’une de celles que livre Louis Réau dans le récit que voici : « Le roi de Catalogne le supplie de venir exorciser sa femme et ses enfants possédés par des démons. … Poursuivre
  • parfois trônant en gloire

Scènes de la vie du saint :

  • Jeune homme, entendant les Evangiles à l’église, il décide de consacrer sa vie à Dieu. (fig. 3)
  • Il distribue sa fortune sous forme d’aumônes. (fig. 4)
  • Après avoir quitté le monde, il se réfugie dans le voisinage d’un vénérable moine ; il y est frappé presque à mort par des diables qui démolissent sa demeure.
  • Le Christ lui apparaît et le réconforte ; les ruines de sa maison sont miraculeusement restaurées.
  • Il reçoit la bénédiction du vieux moine avant de partir pour le désert. (fig. 5)
  • Le diable tente de le pervertir en plaçant de l’or sur sa route. (fig. 7)
  • Le diable cherche à le tenter sous l’apparence d’une belle femme. (fig. 6)
  • Il exorcise une femme possédée par le démon.
  • Il est frappé par des diables. (fig. 8)
  • Il enseigne à ses disciples comment éviter les pièges du démon.
  • Sur sa route à la rencontre de saint Paul ermite (dont un ange lui a parlé lors d’une apparition), il rencontre un centaure (fig. 9) et un satyre (fig. 11) qui lui indiquent le chemin à suivre.
  • Parvenu sur le lieu de la retraite de Paul, il embrasse celui-ci sur le seuil de sa caverne. (fig. 9 et fig. 11)
  • Les deux saints prient ensemble.
  • Ils partagent un pain entier que leur a apporté dans son bec un corbeau. (fig. 11)
  • Paul meurt en prière. [3]« L’épisode de la mort de Paul n’est pas le moins singulier de la légende du saint qui, comme celles des autres Pères du désert, fait la part belle au miraculeux. Pressentant que sa mort approche et souhaitant, d’après le récit de saint Jérôme, épargner à son compagnon le chagrin d’assister à son décès, Paul commande à Antoine d’aller chercher au monastère, … Poursuivre. (fig. 12.)
  • Deux lions aident Antoine à creuser la tombe de Paul. (fig. 12)
  • Antoine enterre Paul après l’avoir enveloppé, à la demande de ce dernier, dans la cape de saint Athanase que celui-ci lui a préalablement donnée. (fig. 12)
  • Antoine rend l’âme après sa dernière admonition.
  • Il gît sur son lit de mort (fig. 10) ; des anges transportent son âme au ciel.
  • Ses funérailles.

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2. Reconstitution de la « Pala di Sant’Antonio Abate » (d’après Miklòs Boskowits).

La Pala di Sant’Antonio abate (1436) peinte par le Maître de l’Observance, dont les compartiments sont aujourd’hui dispersés, présentait plusieurs scènes de la vie du saint probablement réparties autour de la figure centrale de celui-ci (fig.1). Ce retable, dont la proposition de reconstitution ci-dessus (fig. 2) est due à Miklòs Boskowits [4]Miklòs Boskowits, Italian paintings of the fifteenth century: the collections of the National Gallery of Art ; systematic catalogue. New York (NY), Oxford University Press, 2003., répondait, pour son époque, à une typologie archaïsante dite de la Vita-Icon [5]La Vita-Icon est littéralement l’image d’une vie. Sa structure habituelle consiste en un portrait central d’un saint personnage entouré des épisodes de sa légende ou de son hagiographie, qui ont fait de lui un saint. Dans ces vignettes latérales de petites dimensions, le saint apparaît en action, accomplissant des miracles, en prière, parfois en étant martyrisé., dont l’origine orthodoxe remonte au XIIIe siècle, période où elle connut un succès immense. La figure en pied du saint, placée au centre, était entourée des huit représentations [6]Neuf, si l’on inclut une scène manquante. de la vie du même saint.

3. ‘Maître de l’Observance’, « Saint Antoine écoute la messe ». Tempéra et or sur panneau, 76 x 59,3 cm. Berlin, Gemäldegalerie, Staatliche Museen zu Berlin, Preußischer Kulturbesitz.
4. ‘Maître de l’Observance’, « Saint Anthony Distributing His Wealth to the Poors » (« Saint Antoine distribue sa fortune aux pauvres »). Tempéra et or sur panneau, 46,4 x 33,6 cm. Washington, National Gallery.
5. ‘Maître de l’Observance’, « Saint Anthony Leaving His Monastery is blessed by an Old ermit » (« Saint Antoine quittant monastère est béni par un vieil ermite »). Tempéra et or sur panneau, 4§ x 34 cm. Washington, National Gallery.
6. ‘Maître de l’Observance’, « Saint Anthony Tempted by the Devil in the Guise of a Woman » (« Saint Antoine tenté par le démon travesti en femme »). Tempéra et or sur panneau, 46,4 x 33,6 cm. New Haven, Yale University Art Gallery.
7. ‘Maître de l’Observance’, « Saint Anthony Tempted by a Heap of gold » (« Saint Antoine tenté par l’or »). Tempéra et or sur panneau, 46,8 x 33,6 cm. New-York, Metropolitan Museum. [7]Le sujet de l’œuvre est devenu illisible depuis que le tas d’or qui se trouvait sur la route d’Antoine a été effacé par grattage. On en devine encore la trace entre le saint et le lapin placé à gauche (
8. ‘Maître de l’Observance’, « Saint Anthony Beaten by Devils » (« Saint Antoine battu par des diables »). Tempéra et or sur panneau, 46,5 x 33,2 cm. New Haven, Yale University Art Gallery.
9. ‘Maître de l’Observance’, « The Meeting of Saint Anthony and Saint Paul » (« Rencontre de Saint Antoine et de saint Paul ermite »). Tempéra et or sur panneau, 46,5 x 33,4 cm. Washington, National Gallery.
10. ‘Maître de l’Observance’, « The Death of Saint Anthony » (« Mort de Saint Antoine »). Tempéra et or sur panneau, 36,2 x 38,1 cm. Washington, National Gallery

Deux panneaux provenant probablement d’un prédelle peinte par Bartolo di Fredi représentent six épisodes qui caractérisent la rencontre entre les deux ermites Antoine et Paul de Thèbes, tels qu’ils sont racontés par Jérôme de Stridon dans la Vie de Paul Ermite. [8]

11. Bartolo di Fredi, « Sechs Szenen aus dem Leben der Heilige Einsiedler Antonius und Paulus » (« Six scènes de la vie des saints ermites Antoine et Paul »), 1380-1390. Tempéra et or sur panneau, Berlin, Gemäldegalerie, Staatliche Museen zu Berlin, Preußischer Kulturbesitz. 
12. Bartolo di Fredi, « Sechs Szenen aus dem Leben der Heilige Einsiedler Antonius und Paulus » (« Six scènes de la vie des saints ermites Antoine et Paul »), 1380-1390. Tempéra et or sur panneau, Berlin, Gemäldegalerie, Staatliche Museen zu Berlin, Preußischer Kulturbesitz. 

Notes

Notes
1 La  clochette était l’attribut des ermites qui étaient réputés s’en servir pour repousser les attaques des démons, effrayés par leur bruit comme par la lumière des cierges. Émile Mâle signale que cette tradition date de la fin du XIVe siècle, et précise que le cochon n’a rien à voir avec la vie du saint mais avec l’ordre religieux des Antonins fondé en Dauphiné en 1095 : les porcs n’avaient pas le droit d’errer librement dans les rues, à l’exception de ceux des Antonins, reconnaissables à leur clochette (Émile Mâle, L’Art religieux du XIIIe siècle en France. Étude sur l’iconographie du Moyen Âge et sur ses sources d’inspiration, Paris, Armand Colin, 1898). Louis Réau ajoute que les cochons de saint Antoine, « avaient droit de libre pâture et […] faisaient dans les villages, comme jadis les chiens à Constantinople, le service de la voirie et l’enlèvement des ordures ménagères. » (REAU 1958, III, 1, p. 105).
2 Le petit cochon qui accompagne presque toujours Antoine dans les représentations qui sont faites de lui a suscité de nombreuses interrogations. La raison de cette présence étrange aux côté du saint est peut-être (?) l’une de celles que livre Louis Réau dans le récit que voici : « Le roi de Catalogne le supplie de venir exorciser sa femme et ses enfants possédés par des démons. Voyageant sur un nuage comme les apôtres avertis de la mort prochaine de la Vierge, le saint quitte la Thébaïde et débarque à Barcelone. Il se rend dans la maison du prévôt André. Mais au moment où il franchit le seuil, une truie lui apporte dans sa gueule un porcelet monstrueux, né sans yeux ni pattes. André veut chasser l’intruse mais saint Antoine l’en empêche en lui disant qu’après tout, la pauvre bête veut, comme le roi, implorer la guérison de sa progéniture. « Il prend la main d’André et, pour lui transmettre son pouvoir d’exorcisme, il fait avec elle un signe de croix sur le porcelet qui acquiert miraculeusement la vue et les membres qui lui manquaient à sa naissance. Après quoi, André exorcise de la même façon la reine de Catalogne agenouillée à ses pieds. » (REAU 1958, III, 1, p. 101). Il existe une autre explication à la présence du petit cochon noir symbolique visible aux côtés de saint Antoine dans les images peintes. Plusieurs siècles après sa mort, les reliques du saint furent rapportées de Constantinople jusqu’en Isère, sur le lieu qui devint par la suite l’abbaye de Saint-Antoine. Les reliques occasionnèrent, dit-on, des guérisons miraculeuses, notamment du fameux « mal des ardents », également appelé « feu de Saint-Antoine ». Au début du XIIe siècle, deux seigneurs guérirent à leur tour de ce mal. Convaincus du rôle des reliques en cette circonstance, ils fondirent alors un petit hôpital auprès de l’abbaye ; l’hôpital grandit devant l’afflux de malades et devint la maison mère de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Antoine. Pour nourrir tout ce monde, les Antonins élevèrent des porcs. Ces animaux étaient alors privés de la liberté de se déplacer dans les rues depuis que l’un d’eux avait été à l’origine de la mort du roi de France Philippe, fils du roi Louis VI le Gros, dont il provoqua la chute en 1131. Seuls les porcs des Antonins, munis de clochettes, purent depuis lors, errer dans les rues qu’ils nettoyaient fort opportunément de leurs immondices.
3 « L’épisode de la mort de Paul n’est pas le moins singulier de la légende du saint qui, comme celles des autres Pères du désert, fait la part belle au miraculeux. Pressentant que sa mort approche et souhaitant, d’après le récit de saint Jérôme, épargner à son compagnon le chagrin d’assister à son décès, Paul commande à Antoine d’aller chercher au monastère, pour son ensevelissement, le manteau offert à ce dernier par l’évêque Athanase. Antoine s’exécute et, revenant à la hâte vers saint Paul qu’il espère trouver encore en vie, voilà qu’il l’aperçoit montant au ciel escorté d’un chœur d’anges et de prophètes : « il voit parmi des cohortes angéliques, parmi les chœurs des prophètes et des apôtres, Paul tout éclatant d’une blancheur de neige s’élever dans les hauteurs. » Jérôme, Trois vies de moines (Paul, Malchus, Hilarion), texte critique par Edgardo M. Morales, traduction par Pierre Leclerc, Paris, Les éditions du Cerf, 2007, p. 174-175.» Saint Jérôme ne précise pas s’il s’agit d’une ascension de la personne, corps et âme, comme celle d’Élie, ou de l’âme seule quittant l’enveloppe charnelle au moment de la mort. La suite du récit exclut toutefois la première hypothèse, puisqu’Antoine, redoublant d’efforts pour arriver au plus tôt auprès de Paul, retrouve le cadavre du saint figé en position de prière, à genoux, mains étendues vers le ciel et tête levée. » Sophie Dutheillet de Lamothe, « Réécritures et représentations de la mort de saint Paul ermite en Italie (XIIIe-XVe siècles) : un cadavre en prière ? », Arzanà, Cahiers de littérature médiévale italienne, 18, 2016, consultable sur le site https://journals.openedition.org/arzana/947#ftn15.
4 Miklòs Boskowits, Italian paintings of the fifteenth century: the collections of the National Gallery of Art ; systematic catalogue. New York (NY), Oxford University Press, 2003.
5 La Vita-Icon est littéralement l’image d’une vie. Sa structure habituelle consiste en un portrait central d’un saint personnage entouré des épisodes de sa légende ou de son hagiographie, qui ont fait de lui un saint. Dans ces vignettes latérales de petites dimensions, le saint apparaît en action, accomplissant des miracles, en prière, parfois en étant martyrisé.
6 Neuf, si l’on inclut une scène manquante.
7 Le sujet de l’œuvre est devenu illisible depuis que le tas d’or qui se trouvait sur la route d’Antoine a été effacé par grattage. On en devine encore la trace entre le saint et le lapin placé à gauche (

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