Giovanni Pisano (Pise, env. 1245/1248 – Sienne, 1318 [ou un peu avant])
Crocifisso (Crucifix), v. 1270-1285. [1]Max Seidel, La scultura lignea di Giovanni Pisano, Firenze, Editrice Edam, 1971, pp. 18-22 (daté entre 1270 et 1280) ; Max Seidel, « ‘Sculpens in ligno splendida’. Sculture lignee di Giovanni Pisano », dans Sacre Passioni. Scultura lignea a Pisa dal XII al XV secolo, cat. exp., Burrosi M. (dir.), Milano, Federico Motta, 2000, pp. 79-95 (daté entre 1270 et 1280) ; Sabina … Poursuivre
Bois sculpté, peint et doré, h.
Inscriptions :
Provenance : Cathédrale de Santa Maria Assunta, Sienne.
Sienne, Museo dell’Opera del Duomo.
Nicola Pisano est l’inventeur, notamment, d’un type nouveau de Crucifix toscan en bois destiné à rencontrer un grand succès au cours du Trecento et qui, au moment où sa forme a été codifiée, n’avait aucun équivalent dans toute l’Italie.
Le crucifix processionnel du Museo dell’Opera est le seul des exemplaires sculptés par Giovanni Pisano, son fils, à conserver encore sa croix d’origine. Celle-ci prend la forme d’un epsilon [2]Nom de la lettre grecque « Y ». modelé sur le modèle d’un tronc d’arbre noueux (allusion au thème de l’Arbor vitae [3]Le christianisme a très tôt assimilé la croix du Christ avec l’Arbre de vie, car, comme celui-ci elle doit redonner la vie, éternelle cette fois-ci, à l’humanité déchue depuis le péché originel.), à la base duquel apparaît le crâne d’Adam [4]La présence de ce crâne fait référence à la mort du premier homme souillé par le péché.. On considère généralement qu’il appartient à l’activité de jeunesse du sculpteur. [5]Les propositions de datation vont de 1270 à 1285 et s’inscrit lui aussi dans la logique de la longue infortune critique qui a touché ce type particulier de sculpture sur bois que l’on n’a commencé à considérer avec intérêt qu’à partir du milieu du XXe siècle. Actuellement, un groupe d’au moins neuf Crucifix en bois [6]Les exemplaires de ce corpus formé en confrontation avec le Christ de marbre de l’ambon de Sant’Andrea de Pistoia, œuvre de Giovanni dont la critique a plusieurs fois confirmé le caractère autographe. Ce groupe, outre l’exemplaire de Sienne, est constitué des Crucifix de Pise (église de San Nicola), des deux de Pistoia (église de Sant’Andrea), de ceux de Prato (Duomo), de Massa … Poursuivre, regroupés chronologiquement selon deux époques différentes, sont référés à Giovanni. Une confrontation avec les Crucifix de marbre de Nicola, père de Giovanni, fait apparaître « les principes de dynamisation et de dramatisation comme les meilleures clés de lecture des bois sculptés » de ce dernier. Cela ressort d’autant plus de leur comparaison avec les crucifix en marbre de Nicola : à l’opposé de la vision sereine et héroïque de la mort sur la croix ; à l’opposé des masses musculaires fermes étudiées sur les paradigmes classiques ; à l’opposé des positions doucement relâchées ; au contraire de la restitution épidermique et idéalisée de la carrure forte et douce de ceux-ci, les figures pathétiques et décharnées de Giovanni, sont construites par les contrastes, les torsions et les écarts dynamiques entre les différentes parties du corps, rendues fidèlement à partir des os qui pressent sous la peau étirée, et par les muscles tendus du fait de la position forcée sur la croix en Y. » [7]Gianluca Ameri, « Corpo “doloroso” e corpo “vero”: riflessioni su committenza e figura dei Crocifissi lignei di Giovanni Pisano », dans Quintavalle, Arturo Carlo (dir.), Medioevo, natura e figura, atti del convegno internazionale di studi (Parme, 20 – 25 septembre 2011), Milan, 2015, pp. 561-574.
Ici, « Giovanni Pisano décide de conférer au corps du Christ un net détachement par rapport à la croix mais, plutôt que de le déformer ou de le défigurer comme cela se produisait alors dans les douloureux crucifix de la sphère d’influence germanique, il préfère atteindre à une tension dramatique à travers le mouvement fortement articulé du corps.
« Dans le Crucifix siennois qui constitue, par rapport à celui de Pise, une version légèrement plus évoluée, et donc doit être considéré comme datant de quelques années plus tard, le corps frêle et désarticulé du Christ se courbe et pend en avant, le torse se tourne vers la droite, tandis que les jambes se plient vers la gauche. Des détails tels que la mèche de cheveux tombant sur la poitrine ou la courbe savante du perizonium participent de même au mouvement du corps dont l’équilibre semble changer continuellement en fonction du point de vue. Fort heureusement, le repeint ancien ne nuit pas, dans le cas présent, au rendu très subtil du modelé. Il est ainsi possible de prendre la mesure du haut degré de finition atteint par le sculpteur dans la sculpture sur bois, à la différence des formes abrégées qu’il privilégie dans le marbre. » [8]Roberto Bartalini, Sabina Spannocchi, « Ritratto d’artista in breve », dans Roberto Bartalini (dir.), Omaggio a Giovanni Pisano (journal d’exp. Pistoia, Palazzo Fabroni, 18 juin – 20 août 2017.), Pistoia, Bandecchi & Vivaldi, 2017.
Notes
1↑ | Max Seidel, La scultura lignea di Giovanni Pisano, Firenze, Editrice Edam, 1971, pp. 18-22 (daté entre 1270 et 1280) ; Max Seidel, « ‘Sculpens in ligno splendida’. Sculture lignee di Giovanni Pisano », dans Sacre Passioni. Scultura lignea a Pisa dal XII al XV secolo, cat. exp., Burrosi M. (dir.), Milano, Federico Motta, 2000, pp. 79-95 (daté entre 1270 et 1280) ; Sabina Spannocchi, Giovanni Pisano, seguaci e oppositori, Firenze, Il Sole 24 Ore Libri, 2008, pp. 126-129 (daté v. 1285). |
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2↑ | Nom de la lettre grecque « Y ». |
3↑ | Le christianisme a très tôt assimilé la croix du Christ avec l’Arbre de vie, car, comme celui-ci elle doit redonner la vie, éternelle cette fois-ci, à l’humanité déchue depuis le péché originel. |
4↑ | La présence de ce crâne fait référence à la mort du premier homme souillé par le péché. |
5↑ | Les propositions de datation vont de 1270 à 1285 |
6↑ | Les exemplaires de ce corpus formé en confrontation avec le Christ de marbre de l’ambon de Sant’Andrea de Pistoia, œuvre de Giovanni dont la critique a plusieurs fois confirmé le caractère autographe. Ce groupe, outre l’exemplaire de Sienne, est constitué des Crucifix de Pise (église de San Nicola), des deux de Pistoia (église de Sant’Andrea), de ceux de Prato (Duomo), de Massa Marittima (Duomo) et de Berlin (Staatlische Museen). |
7↑ | Gianluca Ameri, « Corpo “doloroso” e corpo “vero”: riflessioni su committenza e figura dei Crocifissi lignei di Giovanni Pisano », dans Quintavalle, Arturo Carlo (dir.), Medioevo, natura e figura, atti del convegno internazionale di studi (Parme, 20 – 25 septembre 2011), Milan, 2015, pp. 561-574. |
8↑ | Roberto Bartalini, Sabina Spannocchi, « Ritratto d’artista in breve », dans Roberto Bartalini (dir.), Omaggio a Giovanni Pisano (journal d’exp. Pistoia, Palazzo Fabroni, 18 juin – 20 août 2017.), Pistoia, Bandecchi & Vivaldi, 2017. |
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