Anges

Giovanni di Paolo, “Cinq anges dansant autour du soleil”. Chantilly, Musée Condé.

Le pseudo-Matthieu décrit l’ange comme « un jeune homme resplendissant de lumière […]. » [1]Évangile du pseudo Matthieu (XIII, 5).

Les anges sont ainsi appelés parce qu’ils sont envoyés du ciel pour annoncer des nouvelles aux hommes. Grégoire le Grand affirme ainsi : « Qu’il y ait des anges, beaucoup de pages de la Sainte Ecriture l’attestent. Mais il faut savoir que le mot ‘ange’ désigne leur fonction : messager. Et on appelle ‘archanges’ ceux qui annoncent les plus grands événements ». [2]Grégoire I, Homélies sur l’Evangile. Livre II, Homélies XXI-XL, Paris, 2008, 34, 8-9.

Robert Favreau se montre plus précis en matière de chiffres que Grégoire le Grand : « Les anges sont très présents dans l’Ancien et le Nouveau Testament : les concordances bibliques fournissent plus de trois cents références. À côté de cette dénomination générale on trouve mention de trois catégories particulières d’anges [3]Sur ce point, voir : « La hiérarchie angélique. » : les séraphins, mentionnés à deux reprises dans Isaïe, les chérubins, que la Bible cite cinquante-trois fois, les archanges qui sont les seuls pour lesquels les livres saints offrent trois noms, Michel, Gabriel, Raphaël. Le synode romain présidé par le pape Zacharie en 745 condamne le prêtre Adalbert qui avait composé une prière pour sept anges nommément désignés, et ne retient que Michel comme authentique’. Uriel – que nommait Esdras – est écarté et ne sont gardés que Michel, Gabriel et Raphaël, ce que confirmera un capitulaire de Charlemagne à Aix-la-Chapelle en 789. » [4]Robert FAVREAU, « L’apport des inscriptions à l’histoire des anges à l’époque romane », Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 1997, Les anges et les archanges dans l’art et la société à l’époque préromane et romane, 28, pp. 91-110.

[5]James BARRELET, « Un pont de l’Ancien au Nouveau Testament : les Apocryphes et les Pseudépigraphes », Revue de Théologie et de Philosophie et Compte-rendu des Principales Publications Scientifiques, Vol. 43 (1910), pp. 5-38.

Matteo di Pacino, Séraphins et Chérubins, Gemäldegalerie
Matteo di Giovanni, « Anges ». Berlin, Gemälderie. [6]Dans cette peinture de Matteo di Giovanni, indépendamment des anges du premier plan, avec leurs ailes chamarrées, on peut apercevoir à l’arrière trois rangées de Chérubins alternant avec des Séraphins.

Les anges sont les créatures célestes que l’humanité connaît le mieux. Et pour cause : ils sont les intermédiaires entre le monde céleste et le monde terrestre, d’où le fait que l’on accède à un certain nombre de témoignages de leurs manifestations dans les écrits bibliques.

Ils sont réputés être placés sous la direction de l’archange et recteur d’Ordres Gabriel.

Remarque : les anges ne se marient pas et ne meurent pas non plus. [7]Luc 20, 34-36.

I. Sources écrites

Voir lien ci-dessus.

II. Iconographie

Les anges ne sont pas systématiquement apparus aux hommes sous une forme humaine. C’est ainsi que l’on retrouve parfois, en Orient, des représentations symboliques d’anges sous la forme de roues. Cependant, l’art occidental n’a pas adopté ce type d’images et leur a toujours préféré les images des anges-hommes.

Alors même que les ailes des anges sont attestées dans les textes sacrés, ces attributs spécifiques n’apparaissent que tardivement dans l’iconographie angélique, au IVe siècle après J.C.). Les ailes sont définitivement ajoutées aux figures angéliques à partir du moment où le christianisme devient assez affirmé pour ne plus craindre une confusion avec les divinités païennes.

Du fait qu’assez peu de descriptions des créatures angéliques n’existe dans les textes, les artistes se sont chargés de les représenter selon un type iconographique qui se stabilise autour du Ve siècle et varie peu au cours du Moyen Âge. Parmi les les constantes, on note que les anges

  • sont d’une beauté angélique (!) ; pour se faire une idée de cette beauté particulière, voir, par exemple, les quatre Têtes d’anges de Bartolomeo Bulgarini
  • vêtus d’une aube blanche, parfois colorée, parfois encore, d’un pallium ou d’un vêtement magnifique
  • dotés d’une paire d’ailes empruntée aux images grecques des allégories de la victoire, généralement chamarrées de couleurs ; les ailes des anges peuvent également porter le signe du deuil : celles-ci sont alors bordées d’une couleur touchant au brun sombre
  • portent ou non :
    • un rouleau (en tant que médiateur de la Loi divine)
    • une auréole

Dès le XIVe, en Toscane, les anges peints par Simone Martini proposent un équilibre entre la grandeur du type byzantin et une délicatesse et une souplesse qui confèrent à leurs figures une élégance et un raffinement proprement aristocratique. Le type de l’ange raffiné aux traits, aux corps et aux positions plus humaines, connait une large diffusion au Quattrocento, jusqu’à la période baroque. Il arrive alors parfois que les anges en viennent à afficher des poses pouvant aller jusqu’à une forme de sensualité pouvant paraître peu adaptée à leur nature angélique. En réalité, c’est l’évolution du sentiment religieux qui, une fois encore, détermine les principales modifications de l’iconographie, celle des anges passant insensiblement, en plus d’un millénaire, d’une conception d’abord empreinte de solennité à une réalité vivante.

Notes

Notes
1 Évangile du pseudo Matthieu (XIII, 5).
2 Grégoire I, Homélies sur l’Evangile. Livre II, Homélies XXI-XL, Paris, 2008, 34, 8-9.
3 Sur ce point, voir : « La hiérarchie angélique. »
4 Robert FAVREAU, « L’apport des inscriptions à l’histoire des anges à l’époque romane », Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 1997, Les anges et les archanges dans l’art et la société à l’époque préromane et romane, 28, pp. 91-110.
5 James BARRELET, « Un pont de l’Ancien au Nouveau Testament : les Apocryphes et les Pseudépigraphes », Revue de Théologie et de Philosophie et Compte-rendu des Principales Publications Scientifiques, Vol. 43 (1910), pp. 5-38.
6 Dans cette peinture de Matteo di Giovanni, indépendamment des anges du premier plan, avec leurs ailes chamarrées, on peut apercevoir à l’arrière trois rangées de Chérubins alternant avec des Séraphins.
7 Luc 20, 34-36.